Entre 1975 et 2019, l’emploi progresse plus rapidement en Bretagne administrative qu’en France métropolitaine. En l’espace de 45 ans, sous l’effet de la hausse démographique de la région, l’emploi augmente fortement dans la sphère présentielle, tournée vers la satisfaction des besoins des personnes présentes localement, résidents ou touristes. Dans le même temps, l’emploi recule dans la sphère productive, qui regroupe les activités de production de biens et services majoritairement exportés vers d’autres territoires. En 2019, deux emplois bretons sur trois relèvent de la sphère présentielle comme l’indique l’Insee dans une enquête parue cette semaine.
Pour rappel, la sphère présentielle regroupe les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes. La sphère productive est déterminée par différence. Il s’agit des activités qui produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées principalement vers les entreprises correspondantes.
En 45 ans, une progression de l’emploi nettement supérieure à la moyenne nationale
Entre 1975 et 2019, l’emploi progresse de 36,3 % en Bretagne administrative, soit 354 400 emplois supplémentaires. Porté en partie par le dynamisme démographique (+29,3 % d’augmentation de la population bretonne sur cette période, contre +24,6 % en France métropolitaine), l’emploi régional augmente davantage qu’au niveau national (+25,3 %). La Bretagne administrative se situe au 5 e rang des régions métropolitaines en termes de croissance de l’emploi, derrière la Corse, l’Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et les Pays de la Loire.
L’emploi progresse pratiquement dans toute la région, mais plus fortement à l’est (zones d’emploi de Rennes et de Vitré) et sur une partie du littoral (zones d’emploi de Vannes, Auray, SaintMalo et Brest)
La sphère présentielle se développe sur l’ensemble du territoire breton
La sphère présentielle correspond aux activités de services rendus à la population présente (télécommunications, services aux personnes âgées, activités immobilières, hébergement touristique…). En lien avec une demande locale et correspondant à des activités nécessitant une proximité forte avec la population, elle comprend notamment le commerce de détail, la santé et l’action sociale, l’éducation, les services aux particuliers, l’administration et la construction. La sphère productive, qui comprend des activités potentiellement exportatrices de biens et services, recouvre notamment l’agriculture, l’industrie, le commerce de gros et les services aux entreprises. Depuis 1975, l’emploi présentiel progresse davantage en Bretagne (+75,9 %) qu’en France métropolitaine (+57,0 %) et l’emploi productif recule plus faiblement (-3,5 %) qu’au niveau national (-9,0 %). Dans la région, les 371 500 emplois supplémentaires de la sphère présentielle se répartissent sur l’ensemble des zones d’emploi bretonnes, mais de façon plus prononcée là où la population croît le plus fortement. La sphère productive diminue globalement, perdant 17 100 emplois en Bretagne. Néanmoins, les emplois productifs progressent dans les zones d’emploi de Rennes, de Vannes et de Vitré, et se maintiennent dans les zones d’emploi de Lamballe-Armor, de Ploërmel et de Saint-Malo.
Les zones d’emploi de Rennes et de Vannes sont les plus dynamiques de la région depuis 1975 Dans les zones où il croît le plus entre 1975 et 2019, l’emploi progresse simultanément dans les deux sphères d’activité. Avec une augmentation de 89 % de l’emploi sur cette période, ce sont les zones d’emploi de Rennes et de Vannes qui sont de loin les plus dynamiques. Les emplois de la sphère présentielle ont plus que doublé dans ces deux zones au fort dynamisme démographique. Dans la zone de Vannes, l’attractivité touristique renforce l’essor des activités présentielles. Dans le même temps, la croissance de l’emploi productif est élevée à Rennes comme à Vannes (respectivement 57 % et 37 %). Dans la zone d’emploi de Vitré, à forte orientation productive du fait notamment des industries agroalimentaires implantées sur ce territoire [Bovi, Le Strat, 2020], l’emploi total a augmenté de moitié sur la période (+50 %), avec une croissance soutenue de l’emploi productif (30 %). La progression de l’emploi dans les zones d’emploi de Saint-Malo, d’Auray et de Brest est également supérieure à la moyenne régionale, malgré une stagnation voire un léger repli de l’emploi dans la sphère productive. Les zones d’emploi de Saint-Brieuc, Lamballe-Armor, Ploërmel, Lorient et Pontivy-Loudéac ont une croissance de l’emploi total comprise entre 22 % et 33 % sur la période, un peu inférieure à la moyenne régionale. Pour ces territoires, la croissance modérée est portée par la sphère présentielle et le maintien global des emplois dans la sphère productive. L’emploi total recule légèrement dans les zones d’emploi de Guingamp (-7 %) et de Fougères (-9 %), et plus nettement dans celle de Carhaix-Plouguer (-23 %). La croissance de la sphère présentielle ne permet pas de compenser le net repli de l’emploi productif sur ces trois territoires.
En 2019, deux tiers des emplois bretons relèvent de la sphère présentielle
Dans la Bretagne administrative de 1975, les emplois se répartissaient à parts égales entre sphères productive et présentielle, comme en France métropolitaine. En 2019, l’emploi présentiel représente 65 % de l’emploi total dans la région, de même qu’au niveau national. La sphère présentielle compte ainsi 861 100 emplois en Bretagne en 2019. La santé et l’action sociale (24,2 %), l’administration publique (14,8 %), le commerce de détail (13,6 %), l’enseignement (11,8 %) et la construction (10,4 %) occupent une place prépondérante dans cette sphère, en particulier dans les territoires en forte croissance démographique. La sphère productive compte 469 000 emplois. Ils se répartissent principalement dans l’industrie (32,6 %), avec une forte présence de l’agroalimentaire (4 emplois industriels sur 10), puis dans les activités de services administratifs et de soutien (15,4 %), les activités spécialisées, scientifiques et techniques (12,8 %), l’agriculture (12,5 %) et le commerce de gros (11,1 %)
Une étude de Carole Helleux et Bruno Rul (Insee) à consulter ici
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