Encourager la régularisation massive de clandestins puis être accusé d’exploiter des enfants migrants dans des conditions de travail illégales aux États-Unis : le géant des crèmes glacées Ben & Jerry’s est contraint à un numéro d’équilibriste.
Des enfants migrants embauchés par des industriels américains
Ce n’est pas une surprise, la communication de certaines grandes entreprises faisant la part belle aux bons sentiments masque parfois une réalité bien plus cynique. Le cas de la société américaine Ben & Jerry’s est à ce titre éloquent.
Le quotidien New York Times a publié au début de ce mois de mars une enquête sur l’emploi illégal d’enfants migrants dans des usines, des abattoirs, des exploitations agricoles ou encore sur des chantiers aux États-Unis. Parmi ces jeunes travailleurs, certains sont âgés d’à peine 12 ans.
Quant à l’origine de ces migrants, la grande majorité provient d’Amérique centrale. L’article du journal new-yorkais, ayant compilé depuis le printemps 2022 les témoignages d’une centaine d’enfants migrants travaillant aux USA, évoque notamment le cas d’une usine située dans le Michigan, au cœur du Midwest industriel. Mais le phénomène n’est pas concentré dans cette seule région, l’enquête s’étant déroulée à travers sept États des États-Unis tandis qu’au moins une vingtaine d’États pourrait être concernés.
Par ailleurs, il est à noter, comme le rappelle le New York Times, qu’au cours des deux dernières années, plus de 250 000 enfants sont entrés aux États-Unis par leurs propres moyens, souvent en provenance d’Amérique centrale. Sur ce nombre, plusieurs milliers de ces clandestins mineurs se seraient ainsi retrouvés dans des emplois pénibles et bafouant les lois sur le travail des enfants.
The US is seeing an unprecedented wave of migrant child labor right now.
Thousands of kids are working overnight in dangerous factories for brands like Cheerios, Fruit of the Loom and Ford. They’re here alone and they’re being failed in the most basic way.https://t.co/5IlCNTjGdh
— Hannah Dreier (@hannahdreier) February 25, 2023
Faux papiers d’identité et absence de contrôles
D’autre part, l’enquête révèle un détail d’importance : aux États-Unis, lorsque des mineurs franchissent seuls la frontière, le gouvernement est censé les confier à des adultes dignes de confiance. Il y a dix ans, la plupart des enfants était confié à un parent vivant déjà dans le pays. Aujourd’hui, la majorité d’entre eux sont confiés à des parents plus éloignés, à des connaissances, voire à des étrangers, parce que leurs parents ne sont pas aux États-Unis. Des individus qui ont donc beaucoup moins de scrupules à envoyer ces enfants à l’usine… Quand il ne s’agit tout simplement pas pour ces jeunes immigrés de travailler pour rembourser de l’argent aux mafias de passeurs leur ayant permis de traverser la frontière mexicaine.
Ainsi, de nombreux migrants mineurs non accompagnés se retrouvent plus ou moins pris au piège et sont contraints de travailler dans des conditions parfois très difficiles et ce, malgré la violation totale des lois sur le travail des enfants aux États-Unis. Pour se faire embaucher, ces clandestins disposent de faux papiers d’identité. Dans ces conditions, très rares sont ceux qui dénoncent ensuite les divers abus auprès de l’inspection du travail…
Enfin, l’enquête révèle que ces enfants sont parfois employés par des entreprises appartenant ou travaillant pour le compte de marques très connues. C’est ainsi que la célèbre enseigne Ben & Jerry’s, spécialisée dans la commercialisation de crèmes glacées et de sorbets, se retrouve mêlée à cette affaire, aux côtés d’autres grands noms comme Walmart, Target, Fruit of the Loom, Ford ou encore General Motors.
Les contorsions peu convaincantes de Ben & Jerry’s
En réponse à un article du New York Times, Ben & Jerry’s a publié un communiqué affirmant que l’entreprise américaine prendrait des « mesures appropriées » lorsqu’elle apprendrait que des enfants travaillent dans des exploitations laitières qui fournissent du lait pour ses produits.
En effet, l’enquête précédemment évoquée a fait référence à des enfants travaillant dans des fermes laitières du Vermont, lesquels fournissent du lait à l’entreprise de crèmes glacées.
Tentant de préserver son image, Ben & Jerry’s s’est déclarée « profondément préoccupée par les affirmations contenues dans cet article et ne tolère aucun fournisseur qui ne respecte pas la loi ». Aux États-Unis, la législation du travail autorise les personnes âgées de moins de 18 ans à travailler, mais sous certaines conditions. Dans les exploitations agricoles, il s’agit notamment d’interdire à toute personne de moins de 16 ans d’effectuer des travaux dangereux.
Ben & Jerry’s, devenue filiale du groupe Unilever depuis l’an 2000, mais dont le siège se trouve toujours dans le Vermont, a également déclaré qu’elle s’opposait fermement au travail des enfants.
Faisant feu de tout bois, la société américaine a également souligné qu’elle avait rejoint le programme « Milk With Dignity » en 2017, destiné à faire respecter les normes en matière de travail et de logement aux exploitations agricoles. Un programme notamment mis au point par « Migrant Justice », une ONG de défense des travailleurs agricoles immigrés elle aussi basée dans le Vermont.
Une série de déclarations qui ne permettent pas toutefois de faire oublier certaines prises de position passées de Ben & Jerry’s. Comme ce tweet de la filiale française de l’entreprise en avril 2020 qui appelait alors la régularisation de tous les clandestins dans l’Hexagone :
Et on pourrait en profiter pour régulariser tout le monde pendant l’épidémie pour s’assurer que chacun ait accès au système de santé facilement ? Le Portugal l’a fait… https://t.co/q2S0K5kNjF
— Ben & Jerry’s (@benjerryfr) April 1, 2020
Toujours en 2020, Ben & Jerry’s avait suscité une autre polémique en critiquant la volonté du gouvernement britannique de renforcer la lutte contre l’immigration illégale par voie maritime via la Manche.
Deux ans plus tôt, en 2018, la marque avait déjà fait parler d’elle en produisant des millions de pots de glace portant le slogan « refugees welcome ».
Crédit photo : Capture YouTube (photo d’illustration)
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3 réponses à “États-Unis. Ben & Jerry’s : quand l’immigration n’enrichit que les patrons…”
L’eternel problème des immigrants, devenus migrants sous des plumes conciliantes, sinon même « Une chance pour le pays ». OUI ! On aura tout vu, et encore plus subit, mais que faire ? Tant que l’on se refusera de comprendre où réside l’intérêt primordial de la Nation et de ses habitants, on aura droit à ces communiqués, ces articles, ces débats, qui ne mènent strictement à rien, sinon à la décadence et la déchéance de tout un pays.
Ils se disent « proud jews and supporters of israel ». Donc ils ont une immunité parlementaire.
en france ils utilisent des adultes en les payant au lance pierre! le gouvernement le sait, ne fait rien, au contraire darmanin veut les régulariser avec sa prétendue métiers sous tension. on n’entends pas les syndicats sur ce sujet