Raconté de l’intérieur par des Maliens et des Français, cet état des lieux de neuf ans d’une guerre perdue contre le djihadisme éclaire les raisons et les enjeux de la rupture survenue entre Bamako et Paris.
Le 17 février dernier, la France a confirmé le retrait programmé de ses troupes stationnées au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, sur fond de crise diplomatique ouverte avec le gouvernement putschiste à Bamako. Accueillie en libératrice en janvier 2013, quand le président François Hollande lançait l’opération Serval pour libérer le nord du pays des groupes armés djihadistes qui en avaient pris le contrôle, l’armée française, engagée depuis maintenant neuf ans aux côtés des soldats maliens puis des 11 000 Casques bleus déployés par l’ONU, n’aura pu empêcher de larges portions du territoire de retomber sous l’emprise des combattants islamistes. Pour dérouler sur plus de deux décennies le drame en trois actes qui a précédé cette défaite, Jean Crépu (« Coup de poker sur l’essence ») donne la parole à de très nombreux acteurs, observateurs et citoyens maliens, et, en contrepoint, à des militaires, diplomates et analystes français.
De la capitale aux confins septentrionaux du pays, du haut au bas de l’échelle sociale, il donne ainsi à voir et à entendre comment les Maliens ont vécu, et surtout subi, les événements.
https://www.youtube.com/watch?v=zXlXmOX3R6k
Fuite en avant
Au début des années 2000, des guerriers islamistes algériens qui refusent de négocier avec le gouvernement franchissent la frontière poreuse de 1 300 kilomètres qui sépare leur pays du Mali. Trafic de drogue et prises d’otages aidant, les groupes djihadistes prospèrent dans l’indifférence de l’État malien. En 2011, après l’intervention occidentale en Libye et la chute de Kadhafi, quelques milliers de soldats touareg ayant servi le régime de Tripoli regagnent le Mali avec leurs armes. Les djihadistes, au sein desquels vont émerger les chefs maliens Iyad Ag Ghali puis Amadou Koufa, s’allient alors (provisoirement) aux indépendantistes touareg pour conquérir les villes de Ménaka, Tombouctou, Gao, Kidal… L’État malien s’effondre, la France intervient, puis, aveuglée par sa victoire facile, s’enlise avec ses partenaires internationaux dans une fuite en avant onéreuse. Tandis que la corruption s’envole avec les millions de l’aide au développement et que la prétendue démocratie malienne abandonne à leur sort le nord et le centre, les djihadistes, en l’absence de tout remède politique et économique, regagnent le terrain perdu et étendent leur empire… Un « engrenage » qui a précipité la rupture entre les deux pays, et dont ce documentaire retrace de l’intérieur les multiples facettes. Du niveau local à la géopolitique régionale et mondiale, il restitue les principales étapes et les enjeux de cette guerre perdue, qui clôt un épisode entamé à la fin du XIXe siècle avec la colonisation du Mali.
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2 réponses à “Guerre au Mali, coulisses d’un engrenage”
tant mieux s’ils préfèrent se défendre tous seuls! on n’a rien à faire au sahel, la vie de nos soldats est trop reécieuse
Le Mali a été créé lors de la décolonisation bâclée par le Général De Gaulle dans les frontières coloniales. Or ces frontières absurdes (regardez sur un atlas la forme de ce pays en papillon) associent deux entités le NORD peuplé de musulmans essentiellement nomades et commerçants, de race blanche et le SUD peuplé de Noirs sédentaires . Ce bipôle aurait peut-être tenu si la Constitution de cet Etat organisait le pays en Confédération avec des pouvoirs bien séparés pour les différentes entités (un peu comme les USA ou la Suisse). Au contraire tout le pouvoir est constitutionnellement centralisé à Bamako, ce que le NORD n’accepte pas. Il n’y a que deux solutions pour résoudre la guerre : démembrer le Mali en deux états indépendants ou organiser le Mali en deux entités largement autonomes.