Environnement. Un « Appel de la Haie » en faveur d’un grand plan national pour sauver le bocage [Vidéo]

En Bretagne, le remembrement associé au développement de l’agriculture intensive a fortement modifié les paysages ruraux, mettant à mal le bocage. Est-il désormais possible de corriger ces erreurs du passé ? Un « Appel de la Haie » vient d’être lancé dans cette optique.

L’Appel de la Haie, initiative pour enrayer le déclin du bocage

Les haies de nos paysages sont aujourd’hui en danger, et la Bretagne est d’ailleurs particulièrement concernée. Mais certaines initiatives visent à endiguer le phénomène. C’est le cas de « l’Appel de la Haie » lancé le 13 février 2023 par l’Afac-Agroforesteries. Le réseau Afac (Association Française Arbres Champêtres) est aujourd’hui composé d’une association nationale tête de réseau, de cinq Afac régionales et de plus de 260 organisations membres engagées pour « promouvoir, accompagner et mettre en œuvre des politiques globales de développement de l’arbre hors-forêt sur tous les territoires », indique le site Internet de l’association.

Avec cette nouvelle campagne de mobilisation nationale de « l’Appel de la Haie », l’Afac-Agroforesteries a pour objectif de promouvoir la haie comme levier incontournable de la planification écologique auprès de l’ensemble des élus à travers le territoire français.

Après avoir constaté que « 30 années d’action publique en faveur des haies » n’ont pas permis d’enrayer leur déclin continu, l’Afac-Agroforesteries, désormais reconnue ONVAR (Organisme National à Vocation Agricole et Rurale) pour la programmation 2022-2027 par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, appelle ainsi à « repenser de fond en comble » les politiques de la haie et à fixer leur ambition à hauteur des enjeux environnementaux avec l’élaboration d’un grand plan national chiffré à horizon 2030 construit autour de trois priorités indissociables :

Valoriser les haies pour les agriculteurs et les territoires, protéger en visant le « Zéro disparition de haies » et reconstituer en doublant le linéaire de haies à l’horizon 2050. Trois priorités qui ont été détaillées à travers neuf mesures concrètes à mettre en oeuvre pour stopper la disparition des haies et reconstituer un maillage de haies en bon état écologique, apte à rendre tous les services attendus.

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Une haie en bon état écologique. Source : afac-agroforesteries.fr

La nécessité d’une planification écologique

Mais pour sauver les haies de l’Hexagone, il est nécessaire d’établir une planification écologique selon l’Afac-Agroforesteries. Cette dernière estime qu’une telle planification « doit permettre d’initier dès aujourd’hui les transformations structurelles de notre économie et nos modes de vie » tandis que les haies doivent occuper « une place centrale » dans ce programme.

Par ailleurs, les haies plantées aujourd’hui seront en mesure de rendre tous les services attendus (agronomiques, productifs, environnementaux) dans 10 à 30 ans. Aussi, l’Afac-Agroforesteries considère qu’il faut dès à présent déterminer le cap que se donnera la France d’ici 2050 pour les haies et « en déduire une trajectoire et une feuille de route à 2030 avec des objectifs chiffrés et évaluables ».

Sur le plan politique, l’Organisme National à Vocation Agricole et Rurale est optimiste pour le développement de la haie avec l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC 2023 et considère que plusieurs opportunités pourraient se présenter.

Il cite par exemple le lancement prochain d’un nouveau Plan de développement de l’agroforesterie 2023-2028, la mission sur les haies, commandée le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire au CGAAER le 15 novembre 2022 qui aboutira à des recommandations importantes, la fin de la mesure Plantons des haies du Plan de relance ou encore le projet de pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA).

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Une haie en mauvais état. Source : afac-agroforesteries.fr

Comment définir une haie en bon état écologique ?

Selon l’Afac-Agroforesteries, une haie en bon état écologique est une haie :

  • avec une embase large, une bande enherbée à son pied, une bonne largeur de canopée, une densité et une continuité dans les étages de végétation ;
  • avec un étalement des âges des arbres assurant la présence des jeunes brins d’avenir et de cépées rajeunies ;
  • avec une diversité d’essences et un maintien des micro-habitats ;
  • insérée dans un maillage dense de haies, bien placées et connectées entre elles et à d’autres infrastructures écologiques.

Ce bon état global de la haie est dépendant d’un ensemble de pratiques de gestion de la haie qui se cumulent. La gestion est durable si elle :

  • correspond aux exigences physiologiques et naturelles de l’arbre et de la haie ;
  • se différencie en fonction des types morphologiques des arbres et arbustes composant la haie ;
  • n’est pas orientée vers un seul service rendu par la haie ;
  • concerne les différentes échelles d’actions de gestion ;
  • s’inscrit dans la durée et respecte la temporalité naturelle de la pousse de la haie en fonction de son contexte pédoclimatique ;
  • s’applique à toutes les haies dont le gestionnaire a la responsabilité de gestion.

Une pétition lancée pour sauver les haies

Enfin, en Bretagne, l’association Eau et Rivières de Bretagne s’est elle aussi mobilisée aux côtés de l’AFAC-Agroforesteries pour relayer son Appel de la Haie. À juste titre, l’association rappelle par ailleurs que le bocage joue un rôle primordial pour la qualité de l’eau en formant une barrière au ruissellement et à l’érosion tout en favorisant l’infiltration.

D’autre part, si le réseau de haies breton contribue à diversifier les milieux agricoles, il assure également le rôle de corridor, indispensable aux déplacements de nombreuses espèces et à la biodiversité.

Mais, comme le rappelle Eau et Rivières de Bretagne, 11 500 km de haies disparaissent chaque année de nos espaces agricoles par vieillissement, mauvais entretien, arrachage ou pillage malgré les opérations de plantation.

En dernier lieu, il faut également noter qu’il est possible de signer la pétition en ligne initiée par l’AFAC-Agroforesteries afin d’afficher son soutien à la mise en place d’un grand plan national pour les haies.

Crédit photo : afac-agroforesteries.fr (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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3 réponses à “Environnement. Un « Appel de la Haie » en faveur d’un grand plan national pour sauver le bocage [Vidéo]”

  1. JP VARESE dit :

    Mes parents retraités ont loué leurs terres (près de Landivisiau) à un voisin qui en a profité pour raser, sans leur accord, une haie de plus de deux cents mètres. Comment revenir en arrière? Bonne question.

  2. Marsaudon dit :

    Expliquez donc cela aux agriculteurs concernés, mais ils n’en veulent pas, de peur de perdre quelques mètres carrés…

  3. Jean Bidel dit :

    Par chez moi , ce sont plutôt des haies en mauvais état que l’on remarque .
    Pourtant il y a eu une  » restructuration foncière  » ( on ne dit plus remembrement ) il y a bientôt 20 ans , avec plantation de haies : trop souvent  » à plat  » – ça n’empêche pas le ruissellement – et avec des essences inconnues dans le bocage , juste pour faire du vert qui pousse vite ; j’appelle ça des haies de lotissements .
    Nos espèces locales sur nos talus étaient traditionnellement , des chênes , des châtaigniers , des hêtres , des frênes , du noisetier ….. mais au grand jamais de l’érable sycomore qui à l’automne projette ses élytres avec le vent et colonise les alentours . L’intention était bonne mais bien mal transcrite sur le terrain par des  » techniciens  » normalement qualifiés .
    Les arbres ont poussé mais aujourd’hui sont massacrés au lamier : invention diabolique qui met tout le monde au garde-à-vous en laissant un alignement ruiné . Un élagage intelligent serait plus indiqué ; de plus aucune bande enherbée n’est supportée au ras de ces haies : il faut que le tracteur vienne au plus près , le chauffeur ne supportant pas qu’une branche vienne caresser le pare-brise de son engin ( fait pour les vastes plaines du Middle-west ) .
    L’idée est là , il conviendrait de convertir les jeunes générations dans les écoles d’agriculture : les  » vieux  » sont difficilement amendables .

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