En Corse, un important réseau international d’immigration irrégulière a été démantelé en début de semaine. Une affaire aux airs de synthèse impliquant des trafiquants et des clandestins sénégalais, des faussaires turcs et des professionnels corses de l’hôtellerie-restauration ayant parfois embauché ces migrants en ayant connaissance de leur situation illégale…
Un réseau d’immigration illégale démantelé en Corse
Malgré son insularité, la Corse est tout autant frappée par l’immigration clandestine d’origine extra-européenne que le reste de l’Hexagone. Comme en témoigne cette nouvelle affaire révélée par le quotidien régional Corse Matin le 7 février 2023 suite à une annonce de la police aux frontières (PAF) faite le même jour.
Cette dernière a ainsi indiqué qu’un réseau d’immigration irrégulière avait été démantelé dans le sud de l’île de Beauté par la brigade mobile de recherches (BMR) d’Ajaccio et ce, en « étroite coopération internationale avec les autorités sénégalaises, italiennes, espagnoles, portugaises et belges ».
L’arrestation, la mise en examen et l’incarcération de « trois hommes et une femme » en ce début de semaine à Ajaccio et Borgo (Haute-Corse) fait suite à « plusieurs vagues successives d’interpellations en Corse en septembre, octobre et décembre 2022 ». Les quatre individus en question sont suspectés de faits d’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France en bande organisée mais aussi d’emploi d’étrangers sans titres, de travail dissimulé, de blanchiment ou encore de faux et usage de faux documents d’identités.
En parallèle de ces interpellations, les enquêteurs de la PAF ont mis la main sur 20 000 € en liquide et saisi par ailleurs 18 000 € sur différents comptes bancaires.
La « communauté sénégalaise » de Corse impliquée
Le démantèlement de ce réseau d’immigration clandestine, présenté comme étant « très structuré » par les policiers et ayant débuté « a minima depuis 2020 », est le fruit d’un an d’enquête. Quant au chef de file de ce trafic, il s’agit d’un homme de nationalité sénégalaise épaulé par sa sœur, les deux étant « domiciliés à Porto-Vecchio », en Corse-du-Sud selon la presse locale. À noter que tous deux disposaient « d’une carte d’identité française et d’un passeport français », obtenus « indûment une dizaine d’années auparavant » alors qu’ils résidaient encore sur le Continent, selon le communiqué de la PAF.
Au total, ils auraient participé à l’émission d’une trentaine de faux documents. Quant aux bénéficiaires de ces documents d’identité contrefaits (qui étaient parfois aussi des passeports authentiques volés dans des pays de l’Espace Schengen puis falsifiés), il s’agirait surtout de « la communauté sénégalaise implantée en Corse-du-Sud ». Des Africains « venant spécialement travailler pour la saison estivale dans les restaurants et hôtels de la région ».
Selon la police aux frontières, ce serait le Sénégalais de Porto-Vecchio qui, fort de son carnet d’adresses bien fourni en professionnels de la région, aurait joué le rôle d’intermédiaire pour ses compatriotes en quête d’un emploi en Corse-du-Sud.
Pour obtenir les faux documents d’identité, l’Africain et sa sœur dirigeaient « à distance un vaste trafic […] par le biais de complices agissant directement depuis la Turquie pour des prix allant de 250 à 1 000 euros, prix variant selon le type de document et selon la qualité de contrefaçon », a indiqué la BMR d’Ajaccio suite à l’opération. Dans un second temps, la « tête pensante du réseau » se faisait ensuite livrer les documents émis directement à son domicile via différentes sociétés de transport rapide. C’est grâce à la coopération de ces sociétés que les enquêteurs sont parvenus à « intercepter des colis confirmant la livraison des faux papiers ».
Professionnels de l’hôtellerie et OQTF feraient-ils bon ménage en Corse ?
Loin d’avoir enquêté seule, la BMR d’Ajaccio de la police aux frontières a travaillé en co-saisine avec le GIR de Corse, et avec le soutien de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et l’emploi d’étrangers sans titre. Par ailleurs, signe de la complexité de ce type de trafic s’étendant sur plusieurs pays, les autorités sénégalaises, italiennes, espagnoles, portugaises et belges ont également apporté leur concours aux enquêteurs afin de faciliter l’identification des bénéficiaires de ces faux papiers.
En ce qui concerne les professionnels de Corse-du-Sud ayant embauché ces travailleurs clandestins, l’enquête a révélé que certains l’avaient fait « à leur insu » tandis que d’autres ont employé « avec leur assentiment » des migrants en situation irrégulière venus chercher un emploi en Corse.
Enfin, suite à plusieurs contrôles, plusieurs de ces travailleurs clandestins se sont finalement vus adresser des OQTF (obligations de quitter le territoire français) par la Préfecture de Corse-du-Sud.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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3 réponses à “Corse. Un réseau international d’immigration irrégulière démantelé : la « communauté sénégalaise » de l’île impliquée”
Et de combien ils vont écoper, 6 mois 1 an et de sursis. Tant qu’on ne les punira pas davantage rien ne changera
Même la Corse !… Pour la faire courte, donc en résumé, ce qui est profondement regretable, et même intolerable, c’est l’abstinence des Pouvoirs Publics (Des Hommes et des Femmes payés sur nos deniers) à agir, à faire le travail, à mériter leur salaire. Et au contraire, on baisse les bras par lassitude, sinon par impunité, par manque de responsabilité, par j’m’en-foutisme.
En ce qui concerne les professionnels de Corse-du-Sud ayant embauché ces travailleurs clandestins, l’enquête a révélé que certains l’avaient fait « à leur insu » tandis que d’autres ont employé « avec leur assentiment » des migrants en situation irrégulière venus chercher un emploi en Corse.
le senegal, mon pays de coeur