Certains se demandent comment se fit-il que tant d’intellectuels et de petits artisans — voire de paysans acheteurs de La Terre — aient pu se fourvoyer dans l’abomination de la désolation du bolcho-communisme. Morasse qui s’intéresse à tout, du passé dont on a fait « table rase » comme des mutations du « devoir de mémoire », explique ci-contre les dernières années du PCF à la fin du XXe siècle. Il réclame un peu d’indulgence à des gens venus d’un autre horizon qui ne se sont pas mouchés avant de paraître en des lieux où ils n’ont rien à faire…
En ce temps-là, en France où les manières du monde étaient assez minoritaires, il y avait deux partis communistes en un et cela rappelait le *mystère de la Sainte Trinité, sauf qu’il y avait deux éléments au lieu de trois. Au fond, c’était pareil et tout aussi mystérieux, tout aussi indéchiffrable pour un esprit non-byzantin et même « pascalien ». Jugé progressiste par une partie des prolétaires et par des bobos en nombre plus restreint, les « cocos » d’appellation, en leur entier, obtenaient à l’étiage 23 % des voix aux élections législatives. Il leur arrivait de passer les 25 %, les très bonnes années — c’est-à-dire qu’un Français sur quatre les admettait. En fait, il s’agissait d’un aveuglement collectif qui s’autodétruisit au fil des décennies plus que sous l’action d’une soi-disant perfidie de Mitterrand.
Deux partis communistes
Au milieu des années soixante, on découvrait donc qu’il y avait deux partis communistes : celui du secrétaire général, Waldeck Rochet, et celui des soviétophiles. Cette dernière fraction du parti avait à sa tête les « enclumes » : des nostalgiques du temps où Staline et Béria vivaient encore. Ils restaient rivés, comme des anatifes, à l’époque (dix ans plus tôt) où la « déstalinisation » passait pour un déni de réalité, une manipulation de l’adversaire impérialo-capitaliste. Jusqu’en 1975, année de sa mort, le plus dur à cuire fut le gouverneur de la province gauloise, le satrape Jacques Duclos, qui faisait la pluie et la mort dans la soviétophilie assidue. À la toute fin des années quarante, à l’époque du « Zéro et l’infini », ce Duclos faisait acheter, en roulant les « R », par des brocanteurs amis, la totalité du tirage des livres qui déplaisaient à ses maîtres du Kremlin : après il les pilonnait. Il était allé jusqu’à menacer l’éditeur de Koestler, chez Calmann-Lévy.
L’Humanité, l’indépassable journal de la base, était dirigé par Etienne Fajon, un ancien instituteur de l’Hérault pour qui « l’union (était) un combat ». Tout autour vivotait un peuple de « permanents », extraits des affres de l’industrie et du petit commerce, qui fainéantaient en attendant l’inéluctable Révolution et aboyaient de concert. Waldeck Rochet, paysan bourguignon, marchait à petits pas vers un aggiornamento comparable à celui que son collègue, le marquis Berlinguer, conduisait en Italie. Même si cela s’acheva à son désavantage, il voyait juste.
Un lent déclin
Aujourd’hui, que le parti du secrétaire général a disparu, tout cela paraît invraisemblable, inutile et vain. La clique soviétophile qui dirigeait les officines obscures, rongeait la corde. Cette bande existe encore, quoique très très réduite. La clique finit d’ailleurs par obtenir la totalité de la parole qui se fit boutiquière. Cela se traduisit par un lent déclin dû à l’énergie profonde du nouveau secrétaire général : Georges Marchais, qui était revenu d’Augsbourg et de l’usine Messerschmitt. La nouvelle ère commença début 1972, durant le triomphe de Brejnev. Cela s’acheva à 15% en 1981 puis descendit jusqu’à 1,93 % avec Marie-Georges Buffet, en 2007.
Waldeck Rochet avait été lobotomisé, en 1968, lors d’un séjour à Moscou, dans la foulée de l’invasion de la Tchécoslovaquie. Le « Tout-Paris » du parti le savait. La seule journaliste qui osa l’écrire fut Macciochi, la « maoïste » correspondante de l’Unita. Rien que pour ça, il lui sera beaucoup pardonné. Peu avant cette « opération » destinée à « soigner une maladie neuro-végétative », Aragon, en grand connaisseur des moeurs du Kremlin, lui avait « bien dit (à W.R.) de ne pas aller à Moscou. Je l’avais prévenu, je savais qu’il n’en reviendrait pas vivant ».
W.R. mourut en 1983, quinze ans plus tard. Le communisme, comme la guerre, s’éloignait vers l’orient. Vus de l’extérieur, les deux partis se confondaient, se brouillaient, déformés par de petits sacripants ultras, suceurs amoureux de Louis Althusser, qui avaient l’avantage d’être à la mode, une mode nouvelle qui s’amplifia. C’étaient pitreries de leur part, car ils se réclamaient au mieux des trancheurs de cous de 1793 et au pire de Félix Dzerjinski et de la Tchéka de Trotski. Autant dire que ces gauchistes étaient prêts à envoyer au peloton d’exécution tout ceux que la guillotine jacobine aurait épargnés. Ils avaient eu leur maître à penser : le marxiste en poste rue d’Ulm — assassin-à-l’insu-de-son-plein-gré lui aussi — qui nourrissait une floppée d’inutilités issues de la radicalisation de l’Ecole Normale et d’une demi-douzaine d’églises et de chapelles. On pourrait se rappeler ces sombres jours quand, à la manière des « maos », on les avait entendus justifier le « vidage » de Phom Penh par les Khmers rouges. Malgré l’effacement du temps, beaucoup plus tard, on pouvait être stupéfié de lire ce que l’indispensable Jean-Paul Sartre avait formulé un jour de 1972 : « Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent et je ne vois pas d’autre moyen que la mort. On peut toujours sortir de prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué ». Les descendants des Vendéens apprécieront jusqu’à la fin des temps et pas seulement chez Monsieur de Villiers.
Revendiquant, chacun pour sa chapelle, la parfaite concordance de la théorie et de la praxis (autrement dit du propos et de l’action), il persista une profusion de débris, à l’écart de l’explosion de l‘ancienne division par deux, soit une demi-douzaine de partis communistes « authentiques » dont il ne reste plus aujourd’hui que des traces. Avec l’officiel, celui des « enclumes », cela fait quatre ou cinq remugles communistes de digestion, dont ceux des pro-chinois — les « maos » — et de deux ou trois officines trotskistes.
Tous ces gens ont oublié ce qu’un kominternien devenu sénateur italien, qui avait fait la guerre d’Espagne avec Jean Chaintron, et à son niveau hiérarchique, avait remarqué jadis : « Nous nous disions que la Révolution était facile à faire… mais que les ennuis commençaient avec la seconde, celle contre la connerie. »
MORASSE
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4 réponses à “Une saison communiste”
🖕👏👏👏
Et dire que les extrèmes gauches actuels héritiers de de ce bolcho communisme staliniens osent traiter le Rassemblement National de parti fasciste alors qu’il est autorisé par les lois républicaines !
il y a toujours les bons auxquels tout est pardonné et les mauvais qui ont tort avant qu’ils ne s’expriment, la liberté d’opinion étant réservée aux « progressistes »
Et pendant ce temps, les Etats-Unis bombardaient des pays :
▪️Korea et Chine 1950-53 (guerre de Corée).
▪️ Guatemala 1954
▪️Indonesia (1958)
▪️Cuba (1959-1961)
▪️Guatemala (1960)
▪️Congo (1964)
▪️Laos (1964-1973)
▪️Vietnam (1961-1973)
▪️Cambodia (1969-1970)
▪️Guatemala (1967-1969)
▪️Granada (1983) – Liban (1983, 1984) (frappant des cibles dans les territoires du Liban et de la Syrie)
▪️Libya (1986)
▪️Salvador (1980)
▪️Nicaragua (1980)
Et le massacre ne cessa pas :
▪️Iran (1987)
▪️Panama (1989)
▪️Iraq (1991) (Guerre du Golfe)
▪️Kuwait (1991)
▪️Somalia (1993)
▪️Bosnia (1994, 1995)
▪️Sudan (1998)
▪️Afghanistan (1998
▪️Yugoslavia (1999)
▪️Yemen (2002)
▪️Iraq (1991-2003) (forces conjointes américaines et britanniques)
▪️Iraq (2003-2015)
▪️Afghanistan (2001-2015)
▪️Pakistan (2007-2015)
▪️Somalia (2007-2008, 2011)
▪️Yemen (2009, 2011)
▪️Libya (2011, 2015)
▪️Syria (2014-2015)
Source : chaîne Telegram de BRICS TV (FRANCE )