Plutôt que de remettre en cause le dogme de la gratuité le week-end – visiblement de plus en plus à contre-courant de la conjoncture, d’autant qu’elle réduit les marges de manœuvre de la Semitan aussi obligée de payer (un peu) mieux ses salariés et renouveler son matériel roulant – les élus vont faire payer plus cher les nantais en semaine. Enfin ceux qui achètent leur billet ou leur abonnement.
La hausse liée à la flambée de l’énergie est évaluée entre 20 à 45 millions d’euros en 2023 – pour y parer au moins en partie, les tarifs vont encore augmenter, de 5%, en juillet prochain, soit 2.5 millions d’euros de recettes supplémentaires.
A Nantes et Paris, divers expédients pour éviter la pénurie de conducteurs
Par ailleurs, des baisses de fréquence de 30 secondes à 2 minutes – et donc de service – auront lieu sur certaines lignes, celles du tramways, les busways 4 et 5, ainsi que trois lignes Chronobus (C2, C6 et C20) avec comme double objectif d’économiser de l’énergie ou du carburant, et d’éviter de devoir embaucher des conducteurs qui de toute façon, ne se pressent guère au portillon et manquent dans toute la France.
En revanche, la ligne 54 (Marcel Paul – Marcel Saupin, via le centre-ville et la gare) va devenir une ligne Chronobus. Du côté des bonnes nouvelles, la baisse des atteintes aux personnes dans les transports en commun d’un quart entre décembre 2021 et décembre 2022, et le retour sur toutes les lignes, y compris les circuits affrétés assurés par d’autres opérateurs que la TAN au plan de circulation habituel les jours de semaine (jours bleus).
A la tête de la RATP, Castex a mis en place une autre solution – un accord avec les syndicats majoritaires, FO et UNSA, pour que les conducteurs travaillent 120 heures de plus par an contre 372 € bruts de plus par mois, 20% d’une hausse de prime de pénibilité et six jours de repos par an de moins. Résultat, l’amplitude de travail passera de 11 à 13 heures (et le temps de travail de 6h45 à 7h22), ce qui permettra aux mêmes conducteurs de faire deux services dans la même journée. Il espère ainsi revenir, près de deux ans après le début de la pandémie, à 100% du plan de circulation de fin 2019, toujours pas atteint en région parisienne.
Salaires : Pascal Bolo se fâche avec FO et la CFDT
La Semitan pourra difficilement ne pas augmenter encore (un peu) ses salaires cette année. Pascal Bolo, l’apparatchik socialiste, qui la dirige – en attendant une éventuelle candidature aux sénatoriales en septembre prochain –, a essayé de montrer lors de la cérémonie des vœux le 20 janvier dernier, que cette année, il n’y aura pas de largesses : « j’attire l’attention de chacun sur le fait que la SEMITAN n’a pas de milliardaires dans son actionnariat, qu’elle ne distribue aucun dividende et que les seules ressources de notre actionnaire majoritaire sont les contributions des forces économiques de notre territoire et la particulation de notre client. Dans le contexte que nous connaissons avec le surplus de quelques 20 millions d’euros de nos charges traction [surcoûts énergétiques] pour cette année, les propositions faites par la direction me semblent honorables ».
A la suite de ces propos, FO Semitan – qui menait une action devant le dépôt de Saint-Herblain – a quitté la salle – les négociations pour les salaires, les N.A.O, continuent avec une nouvelle réunion le 24 janvier prochain – et le contexte de la mobilisation nationale interprofessionnelle contre la réforme des retraites. La direction propose, pour l’heure, +3.4% d’augmentation, et le réajustement de diverses primes.
La CFDT ne semble pas avoir apprécié non plus : sur Facebook, le syndicat a réagi : « lors du discours du DG puis celui du »président Bolo » les qualificatifs étaient plutôt élogieux, meilleur réseau, multi récompensé, beaucoup de projets, personnels au top, notamment pendant le covid, contexte compliqué mais on y arrive, bla bla, on est les meilleurs, bla bla… et arrive la fin du discours où M. Bolo fait allusion aux négociations NAO en cours, où il nous dit que la proposition du DG est honorable (+3.4% sur les salaires).
Ce monsieur nous martèle souvent que c’est le DG qui gère la Semitan, et là il donne ouvertement devant toute l’assemblée une consigne à notre DG !!! Devant ce foutage de g.. [sic] vos élus ont quitté immédiatement l’assemblée ».
Pour se faire élire au Sénat, Pascal Bolo devra la jouer plus fine… sinon Johanna Rolland n’est pas près de se débarrasser d’un homme qualifié d’électron libre par certains de ses proches, et est plus près de se créer un nouveau problème – certains syndicats de la TAN, qui ont découvert dans la presse les ambitions sénatoriales de leur président, n’ont pas apprécié disposer d’un président en campagne, et souhaitent dès maintenant un nouveau dirigeant qui soit tout à sa mission. Pascal Bolo saura-t-il courir deux bus à la fois sans rester à quai ?
Louis Moulin
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine