Après le Finistère en décembre, la Vendée la semaine dernière c’est au tour de la Loire-Atlantique d’être le théâtre d’une pollution massive aux Granulés Plastiques Industriels plus communément appelés pellets ou larmes de sirènes.
Des pellets en nombre sur les plages de Pornic
C’est avec dépit et colère que les bénévoles de l’Antenne Loire-Atlantique de Surfrider Foundation ont découvert une pollution importante aux pellets de plastiques ces derniers jours. On en trouve trop fréquemment sur de nombreuses plages du littoral atlantique, mais pour les bénévoles de l’antenne, jamais une pollution aux pellets n’avait pris une telle ampleur sur les plages de la zone. Les plages de Pornic, de Batz-sur Mer ou de la Bernerie-en-Retz sont particulièrement touchées. On les estime présentes par centaines de milliers.
Une pollution de source inconnue mais des soupçons
C’est la troisième pollution massive de ce type en seulement un mois sur le nord de la côte Atlantique. Début décembre, c’est sur les plages du Finistère dans la baie d’Audierne (plage de Pors Karn Penmarc’h, la pointe de la Torche, Plomeur, Tronoën, Tréguennec…) qu’une telle pollution a été constatée, pollution encore visible à ce jour. Début décembre, sur la plage de Tréguennec, les bénévoles de l’Antenne Finistère ont collecté plus de 80.000 pellets en moins d’une heure.
La semaine dernière, c’est sur les plages des Sables d’Olonne que le cas s’est reproduit et où le maire a décidé de porter plainte contre X.
Cette multiplication de pollutions est plus fréquente pendant les périodes hivernales car les vents et courants plus forts ramènent ces sphères de plastique sur le rivage.
Mais dans le cas présent, la quantité importante constatée sur les différents rivages interroge : « Il se pourrait très bien qu’un ou plusieurs conteneurs chargés de pellets de plastique aient été perdus en Atlantique Nord et déversent leurs cargaisons sur les plages adjacentes, ou encore d’un relargage d’un conteneur déjà perdu il y a certain temps » explique Cristina Barreau, chargée de l’étude des microplastiques chez Surfrider Foundation Europe. « Il peut aussi s’agir d’un accident industriel mal géré et qui ait conduit à la dispersion de pellets dans le milieu ».
Les pellets, une pollution 100% imputable aux industriels du plastique
Les granulés de plastique industriels, aussi appelés pellets de plastique, sont la matière première utilisée pour la fabrication des objets en plastique. Du fait de leur légèreté, leur petite taille (généralement inférieure à 5 mm) ainsi que leur forme souvent sphérique, ils sont faciles à transporter et transformer.
En raison de mauvaises pratiques de manutention et de gestion, ces granulés de plastique industriels se déversent en quantités importantes à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement : production, transformation, manutention, transport, stockage et recyclage. On estime chaque année que 160 000 tonnes de granulés sont « perdues » par l’industrie dans l’Union européenne uniquement, et 230 000 tonnes au niveau mondial.
Surfrider appelle à une réglementation Européenne forte
A l’échelle française, la loi Anti-Gaspillage et Economie Circulaire prévoit bien des mesures de prévention pour les fuites de granulés de plastique industriels, impliquant la mise en place d’équipements de filtration et de procédure sur les sites de production, de manipulation et de transport de ces granulés, ainsi que des contrôles externes. Mais ces procédures ne s’appliquent pas en dehors du territoire Français, et sont insuffisantes pour prévenir les autres causes de pollution telle que les pertes de conteneurs.
La pollution aux pellets est une pollution qui dépasse les frontières françaises et terrestres. L’Organisation Maritime Internationale doit prendre sa part, pour prévenir la pollution venant de la mer notamment via le transport par voie maritime, mais le temps presse. C’est pourquoi Surfrider Foundation Europe appelle la Commission Européenne à légiférer à travers plusieurs demandes :
– Adopter des mesures contraignantes qui tiennent toutes les entreprises impliquées dans la fabrication, l’utilisation ou le transport de granulés de plastique industriels responsables devant la loi.
– Obliger les entreprises à suivre et respecter des exigences minimales spécifiques et harmonisées pour la gestion des granulés de plastique industriels afin de prévenir les pertes.
– Imposer la formation de l’ensemble du personnel
– Fixer des obligations légales pour des audits annuels et indépendants de ces entreprises par des tiers.
– S’assurer que les entreprises travaillent ensemble tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
– Pénaliser les rejets de granulés de plastique industriels dans l’environnement et imposer en cas d’accident la déclaration immédiate et le nettoyage.
– Refuser les permis autorisant les nouvelles infrastructures visant à augmenter la production de plastique en Europe.
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3 réponses à “Loire-Atlantique. Une pollution massive aux granulés plastiques sur les côtes de Pornic”
Par pitié, que l’Union européenne arrête de nous pondre des directives et des procédures, nos industries vont en crever. Les entreprises ont leur propres procédures pour gérer les flux de matière première ne serait-ce que pour les besoins de traçabilité, et d’assurance qualité: quand on a plusieurs matières on ne doit pas les mélanger donc on ne les laisse pas trainer. Ils ont déja des audits qualité ! Les surfeurs sont gentils mais ont-il bossé dans l’industrie ?
Quant aux transporteurs maritimes j’imagine que cela ne les amuse pas de perdre des containers.
— Adopter des mesures contraignantes…
– Obliger…
– Imposer…
– Fixer…
– S’assurer que…
– Pénaliser…
– Refuser…
Encore des idées de fonctionnaire !
Et en attendant ces jours heureux d’interdictions et de sanctions , on fait quoi pour ces ( seulement ) 200.000 tonnes de plastic dans le monde. Et, à Pornic, » on » ramasse ces quelques dizaines kilos avec une pince à épiler ?
il est urgent d’y mettre un terme ! mais que fait donc l’UE toujours si prompte à faire des lois?