Matteo Massimo Denaro, le fugitif le plus recherché par la justice italienne a été capturé ce matin. « C’est un jour de fête pour toutes les victimes du crime organisé » a commenté le Premier Ministre, Giorgia Meloni.
Chef de la branche trapanese – la région de Trapani, ville à l’ouest de l’ île – de Cosa Nostra, il a été appréhendé dans une clinique de Palerme d’où il allait et venait sous un faux nom depuis un an, étant atteint d’un cancer. À la vue des carabiniers, il se serait rendu sans opposer de résistance, déclinant sa véritable identité : « Je suis Matteo Messina Denaro« . Il a ensuite été secrètement transféré dans une prison de haute sécurité.
Pas n’importe quel parrain : depuis 1993, alors que le chef des chefs mafieux, Totò Riina est arrêté, il fait partie de la cupola, le groupuscule des chefs de Cosa Nostra, décideurs et détenteurs des secrets de l’organisation.
Recherché depuis trois décennies, sa capture signe le coup d’arrêt d’un certain type de mafia. Il faut commencer par rappeler qu’on est loin des clichés hollywoodiens : brutal, impulsif, arrogant, il est soupçonné d’avoir commis au moins 50 meurtres avant ses 30 ans, ce dont il se vante : « avec les personnes que j’ai tuées, je pourrais remplir un cimetière« . Auteur ou commanditaire de sanglants homicides, comme celui d’un enfant de 12 ans, Giuseppe Di Matteo, dissous dans l’acide après deux ans de captivité car il était le fils d’un repenti, ou encore celui d’une femme enceinte de trois mois qu’il aurait étranglé de ses propres mains, car il la suspectait d’avoir des liens familiaux avec des agents des services secrets. Son implication dans les attentats des années 90, où des bombes explosent dans les grandes villes de Rome, Milan et Florence, tuant plusieurs innocents, ne fait aucun doute, comme celle des massacres des juges Falcone et Borsellino, pour lesquels il est condamné par contumace à la peine de prison à perpétuité.
Racket des petits commerçants, le détournement de fonds, trafic d’armes, infiltration des milieux politiques et judiciaires, il ne laisse rien au hasard. Mais c’est avec le trafic de cocaïne et d’héroïne, qu’il fait arriver de Colombie, qu’il fera fortune devenant un des cinq plus gros trafiquants de drogue international selon le FBI.
Denaro était non seulement un parrain, mais aussi une icône, le symbole du défi à l’État, de la cavale réussie, de la vie en clandestinité, des liens avec le pouvoir. Caractéristiques qui comptent aussi ses admirateurs… Des Italiens ayant toujours entretenu un étrange rapport à la mafia, entre admiration, fierté et rejet.
Et si la population aujourd’hui applaudit le travail de longue haleine de l’appareil étatique et des forces de l’ordre, il faut bien se rendre compte que le boss a été protégé, aidé et soutenu pendant 30 ans.
Cette capture ne signera sûrement pas la mort d’une organisation qui a toujours su se relever après l’arrêt ou la mort des ses chefs, mais elle aura engendré un besoin de réorganisation, donc une déstabilisation que les autorités devront savoir exploiter.
Audrey D’Aguanno
2 réponses à “Mafia : le dernier grand parrain de Cosa Nostra arrêté en Sicile”
Peut-être l’arrivé au pourvoir des nationalistes a-t-elle aidé à cette capture ? Giorgia Meloni revendique le mérite de cette victoire.
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