Le grand obstacle à la mondialisation monopolaire a toujours été la souveraineté des nations. Au-delà de l’évidence antinomique, qui ne devait jamais apparaître, faute de disqualifier le processus avant même que sa mise en oeuvre ne débute, le contournement de cette souveraineté ne pouvait se faire qu’en remplaçant les nations par une autre entité. Pour réussir une telle mystification, cette entité devait apparaître comme un substitut amélioré de la nation, présentant les mêmes avantages tout en étant mieux adaptée aux changements que l’inéluctable évolution des choses allait entraîner.
C’était, en quelque sorte, une modification fondamentale qui devait rester souterraine, du moins tant que les choses ne devenaient pas irréversibles.
Le mythe de la paix d’une Europe intégrée
Au lendemain de la guerre, tous les peuples aspiraient à la paix. Il y a fort à parier qu’ils y ont toujours aspiré et je n’ai pas trouvé d’exemple de guerre déclarée à un peuple par un autre peuple.
Depuis 150 ans, la France n’a jamais déclaré directement la guerre à un autre pays. Nous nous sommes toujours trouvés en état de guerre par le jeu des « alliances ».
Mais lorsque les malheurs de la guerre sont encore présents dans les esprits, l’opinion publique est plus réceptive aux discours pacificateurs. Faire de la nation la cause universelle des guerres en la désignant comme résultat du nationalisme s’imposait à ceux qui voulait détruire les nations, et ce fût efficace. Evidemment, s’il n’y avait plus de guerre en vue et que les causes de celle-ci avaient disparu, pourquoi entretenir une armée nationale?
C’est ainsi que le piège tendu par l’AMGOT s’est refermé sur l’Europe de l’Ouest.
L’OTAN, fille de l’AMGOT
Démilitarisation d’un côté, guerre froide de l’autre, qui pouvait défendre l’Europe de l’Ouest face au menaçant « Ours soviétique »? D’autant plus que depuis 1949 l’URSS était devenue une puissance nucléaire. La réponse parut naturelle et, dans leur grande sollicitude, les Etats-Unis proposèrent de créer l’OTAN. Cette dernière paracheva en quelque sorte un des objectifs de l’AMGOT qui n’avait pu être atteint à la fin de la guerre, à savoir une occupation militaire du territoire français avec un certain nombre de bases américaines.
Mais l’OTAN avait vocation à s’étendre dans tous les pays signataires, qui se trouvaient, dans un premier temps, essentiellement en Europe de l’Ouest. A ce titre, on peut la considérer comme étant un des socles de la future Europe, et ceci est très important, car cela signifiait depuis le départ que la défense européenne dépendrait essentiellement du bon vouloir des Etats-Unis. La CED (Communauté Européenne de Défense) ne pouvait dès lors, que prétendre à « faire de la figuration »
Cet abandon manifeste de souveraineté n’avait guère suscité d’interrogation de la part des dirigeants des pays européens, dont une partie d’entre-eux envisageait probablement avec sérénité le futur fédéralisme européen.
De Gaulle, opposant résolu à la vassalisation de l’Europe
A peine libéré du fardeau algérien, alors qu’il avait d’une façon prioritaire la future « force de dissuasion » dès son arrivée aux affaires en 1958, de Gaulle se hâte de proposer au Chancelier Adenauer le fameux « Traité de l’Elysée ». La France est devenue une puissance nucléaire en février 1960 et cela lui permet de proposer à l’Allemagne ce « bouclier nucléaire » qui serait devenu ainsi une pièce-maîtresse de la future défense européenne, rendant ainsi caduque l’existence de l’OTAN.
Kennedy avait fait en sorte que les députés allemands du Bundestag réduisent à une coquille vide le traité de l’Elysée, pourtant signé par Adenauer, montrant clairement leur soumission aux Etats-Unis.
Poursuivant seul sa démarche, de Gaulle retire la France du commandement intégré de l’OTAN en 1966, affirmant haut et fort son indéfectible attachement à la souveraineté nationale.
Soixante après, où en sommes nous?
La guerre fait rage en Europe, sous l’apparence d’un conflit opposant l’Ukraine et la Russie, mais qui, dans sa réalité, est un affrontement direct entre la Russie et l’OTAN et peut-être même entre les tenants d’un monde monopolaire et ceux partisans d’un monde multipolaire. Feignant de ne rien voir, la plupart des pays de l’Union Européenne ont servilement décidé de ne pas provoquer la colère des Etats-Unis et de ceux qui les dirigent et, sous couvert de leur appartenance à l’OTAN, ont accepté de soutenir l’Ukraine, alors que la logique aurait voulu que l’UE joue un rôle d’arbitre. C’était du reste dans cet esprit que l’Allemagne et la France étaient cosignataires des « Accords de Minsk » de 2015.
Ayant accepté de prendre parti pour l’Ukraine, ils devaient appliquer les sanctions économiques infligées à la Russie alors même qu’ils allaient en être les principales victimes. Pourquoi?
On comprend ainsi toute l’indignation manifestée par Oskar Lafontaine dans une interview récente:
Cette phrase est attribuée au poète Eschyle : « La vérité est la première victime de la guerre ». « Cela conduit à la conclusion que pour trouver la paix, il faut revenir à la vérité. Et cela signifie que chaque guerre a sa propre histoire. Et la préhistoire de la guerre d’Ukraine commence avec l’image que les États-Unis se font d’une nation élue, prétendant être et rester la seule puissance mondiale ».
Et il poursuit :
« La politique étrangère allemande nuit aux intérêts de notre pays et ne contribue pas à la paix en Europe. Elle a besoin d’une restructuration complète. Si la géopolitique américaine menace d’une guerre entre puissances nucléaires, il appartient aux politiciens allemands et européens de faire tout ce qui est possible pour maintenir notre région en dehors de ce conflit.
L’Europe doit se séparer des États-Unis et jouer un rôle de médiation entre les puissances mondiales rivales. Ensemble, l’Allemagne et la France ont le potentiel pour développer une politique étrangère et de sécurité européenne indépendante ».
Force est de constater que ces propos, pourtant de pur bon sens, sont jusqu’alors restés lettre morte.
D’autres voix, telle celle de Henri Guaino, ont pourtant tenté de se faire entendre, mais rien ne semble pouvoir arrêter aujourd’hui ce qui ressemble de plus en plus à une sorte de suicide collectif européen.
Non contents de nous avoir occupés, puis neutralisé militairement et maintenant vassalisé, les descendants de l’AMGOT, nous considèrent ils aujourd’hui comme des pays potentiellement dangereux pour eux au point de nous interdire tout développement futur ?
Quels sont nos intérêts ? Est-ce de suivre aveuglément les Etats-Unis qui, visiblement, veulent continuer à dominer le monde, ou bien ne devrions-nous pas plutôt réfléchir à cette nouvelle donne qui peut donner à l’Europe, dans un monde multipolaire, un rôle d’équilibre, voire d’arbitre, entre les continents appelés à devenir les futurs pôles de ce nouveau monde ?
Les peuples de l’Union Européenne doivent être conscients de la réalité de ce qui se joue sous nos yeux mais dont, visiblement, on veut les tenir éloigné.
Jean Goychman
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22 réponses à “De Gaulle avait raison sur l’AMGOT (gouvernement militaire d’occupation)”
Ce chroniqueur désinforme, contrairement à ses dires ce sont bien les gouvernements français qui déclarèrent la guerre à l’Allemagne en 14 et en 39 !
Déclaration de guerre le 3 août 1914 par l’Allemagne.
3 septembre 1939, déclaration de guerre de la France et de la Grande Bretagne à l’Allemagne…..suite à l’invasion de la Pologne apr cette dernière!! qui désinforme?????
Revoyez l’Histoire de France, ça vous évitera les âneries!!!
Le président de la république française avait déjà signé le décret de mobilisation générale, dont le premier jour fut le 2 Août 1914. Prenant les devants, l’Allemagne passa à l’attaque le lendemain, 3 Août et son armée enfonça la nôtre pendant 3 semaines, jusqu’à la Marne.
C’est vrai qu’en 1939, c’est la France et la Grande-Bretagne qui ont déclaré la guerre à l’Allemagne, mais en 1914 c’est l’empire allemand qui a déclaré la guerre à la France.
Qui a armé l’Allemagne avant 1939 ? Qui a recueilli certains scientifiques nazis après la guerre ? Qui est intervenu dans de nombreux pays riches en matières premières Ukraine comprise ?
Bonjour, Dominique !
Vos commentaires sont très pertinents ! ! !
Mais avec un début d’Alzheimer lié à mes 74 ans, il me semblait que la destruction (volontaire) des « World Trade Center » était destiné à faire accepter par le peuple US (et le reste du monde inféodé aux pourris) l’invasion de l’ IRAQ (et non de l’Afghanistan ???)
bien cordialement
P. R.
Irak et Afghanistan les deux mon général !
L’alzeimer ne vous guette pas : les deux tours jumelles furent détruites par un complot intérieur. Les deux réacteurs atomiques ( au 8eme sous sol ) qui fournissaient l’électricité pour la climatisation ont divergé et ils ont explosé, projettant dans les airs 200.000 tonnes d’acier fondu, de béton et de verre réduits en poussière.
Le 3eme immeuble fut détruit par une démolition contrôlée ( par explosif ).
Il n’y eut pas de chute d’un B747 sur le Pentagone, mais un missile air sol.
Amitiés 😊
C’est Jean Monnet, la taupe des États-Unis, qui a, sur l’ordre de ses maîtres américain,s contribué à vider de toute sa substance le traité de l’Élysée.
Je retiens l’idée que la guerre ukrainienne est en fin de compte le terrain de l’opposition entre un monde monopolaire et le monde des organisations nationales.
Dans ce cadre, quelle tristesse d’observer en Europe la quasi absence de relai politique de cette analyse!
Quelle tristesse devant la soumission aux USA de la part de nos amis polonais ou italiens…
Cher Merlin
« Quelle tristesse devant la soumission aux USA de la part de nos amis polonais ou italiens… »
Ils ne sont pas les seuls. Le Deep State a compris depuis longtemps qu’il était moins cher et plus rapide de faire élire des gens qu’il contrôlait, et cela ne date pas d’hier.
C’est un des problèmes de la démocratie, qui permet de façonner l’opinion publique par les médias, eux-mêmes sous contrôle du DS.
Ce n’est pas pour rien que l’amerique a attendu pour rentrer en Guerre! Pourquoi les Américains ont fait le débarquement ? on retient souvent le débarquement allié de Normandie, qui permet de consacrer les americains » pays libérateur de l’Europe ». On oublie ainsi qu’entre 1939 et 1941 Washington préférait la neutralité et l’isolationnisme au « combat pour la liberté ». il le falait pour assoir leur dessin d’etre le pays qui dominera le monde ! ils savaient que le Japon bombarderait Pearl Harbor, tout ça ,pour devenir le sauveur de l’europe, tout comme les tours jumelles pour envahir l’Afghanistan !!
NON, le grand obstacle à la mondialisation monopolaire n’est pas la souveraineté des nations mais l’identité des peuples. Dans l’idéal, l’une et l’autre ne font qu’un. Mais ce n’est pas toujours le cas. Bien des peuples préservent une identité en l’absence de souveraineté. On l’a vu du temps de l’URSS : Baltes, Géorgiens, Ouzbeks, Moldaves, etc., ont conservé une conscience d’eux-mêmes pendant trois quarts de siècle avant de retrouver une souveraineté nationale. Cette conscience a même été en partie forgée par l’absence de souveraineté, au moins dans le cas de l’Ukraine. Corrélativement, quand ils voulaient éradiquer un problème national, les Soviétiques ont souvent eu recours au nettoyage ethnique. Ou plutôt à la « salissure ethnique » : dispersion géographique d’un peuple et importation de Russes ethniques. Le cas de Kaliningrad est caricatural, mais cela s’est fait aussi avec les Allemands de la Volga, les Tatars de Crimée et bien d’autres minorités ethniques. L’URSS distinguait d’ailleurs citoyenneté et nationalité, cette dernière pouvant être livrée à n’importe quel charcutage politico-technocratique.
Et NON, tous les peuples n’aspirent pas toujours à la paix. Les exemples de peuples prêts à s’entre-tuer à certaines périodes abondent à travers l’histoire. L’attentat de Sarajevo n’aurait pas suffi à déclencher une guerre si les Européens n’avaient pas eu envie d’en découdre. Le cocufiage d’un roi grec n’aurait pas causé la ruine de Troie sans un désir belliqueux de part et d’autre (songez à la terrible description d’Hector par Homère : « sous lui, une jeunesse intrépide appelle le carnage et la mort »). Songez aussi à Israël et aux Palestiniens. Des Vêpres siciliennes de 1282 à l’Insurrection irlandaise de 1916 en passant par le soulèvement grec de 1821, on voit le désir d’identité l’emporter sur le désir de paix ; des peuples sans Etat déclarent la guerre d’autres peuples, réclamant leur souveraineté au nom de leur identité.
Parti sur des bases aussi foireuses, cet article accumule tout naturellement des erreurs de raisonnement qu’il n’est pas utile de relever une par une.
Bonjour Pschitt
Bien sûr que l’identité nationale est à la base des nations, lesquelles se matérialisent par leurs frontières.
Ces dernières forment un obstacle à la mondialisation donc doivent disparaître, entraînant ipso facto la destruction des nations.
Pour ce qui est de 1914, la plupart des historiens sérieux ont depuis longtemps détruit le mythe d’une guerre voulue par les peuples, par ailleurs largement endoctrinés par la propagande de leurs pays respectifs pour accepter d’aller au casse-pipes. Aujourd’hui, les dirigeants occidentaux font tout pour que leurs ouailles acceptent d’être envahis par des migrants de tout poil, tout en consentant à une guerre extérieure contre un pays qui ne nous a rien fait. Il serait temps que les moutons se changent en loups !
C’est bien dit pour 1914.
Jean Giono, dans LE GRAND TROUPEAU, dressa un parallèle entre les moutons qui crevaient pendant la marche forcée qui les ramenait des pâturages montagnards aux bergeries dans les vallées, et les bergers et les paysans appelés à la guerre pour y crever à leur tour.
Nulle révolte, car impossible, ou exceptionnelle et dans ce cas individuelle ( d’un homme qui prend le maquis )contre les gendarmes qui apportent l’ordre de mobilisation signé par le maire, ni ensuite contre le lieutenant pour monter en première ligne et y mourir dans la boue sous les orages d’acier.
Il n’est pas dans la nature du mouton de devenir un loup. D’ailleurs devenir un Homme suffirait, c’est pourquoi la république française met les enfants à l’école dès 3 ANS ! Pour en faire des moutons..
Mais les quelques centaines d’Oligarques unimondialiste tiennent nos gouvernant : Ces milliardaires n’ont pas rachetés un à un des médias déficitaires par philanthropie ! Ils sont accoutumés à des affaires plus directement juteuses !
Mais avec les médias, ils tiennent ainsi « le narratif », qui façonne l’opinion d’une majorité, et donc l’élection de l’ambitieux sans compétences ni convictions, qui exécutera d’autant plus docilement leur programme que l’on pourra à tout moment exhiber ses turpitudes et donner le signal du lynchage ! Autant vous dire qu’avoir quelques casseroles est aussi une condition nécessaire, en plus d’une ambition ne s’embarrassant d’aucun scrupule !
La France est objectivement morte en juin 1940 et l’Allemagne, en avril 1945. C’est un fait. Il reste une Europe des régions intrinsèquement liée aux USA, qui en plus de l’avoir protégée face à l’URSS, veillent depuis à ce qu’aucun des deux anciens nationalismes étatiques allemand ou français ne vienne mettre à nouveau l’occident européen à feu et à sang en plus de dissuader tout impérialisme russe néo-soviétique ! Vive les régions unies d’Europe et merci aux USA dont ne voir toujours que les seuls travers relève vraiment de la posture envieuse et victimaire des perdants éternels… Ou de celle d’enfants gâtés ?! Vous êtes vraiment de grands romantiques nageant dans le formol plutôt que de s’emparer avec énergie du présent et contribuer à forger l’avenir. Nos lointains ancêtres ont su devenir romains et qu’aurions nous été depuis sans le choix de Rome ?? Et pour rappel à l’intention de certains, les alliés n’ont débarqué en Normandie que parce que les soviétiques les suppliaient de le faire alors que les Américains misaient tout sur la campagne d’Italie…
Nos lointains ancêtres ont su devenir romains ?
Citez les : il s’agit des Gaulois. L’empire de l’époque en tua 1 million et ses 2 millions restants n’eurent d’autre possibilité que de se SOUMETTRE à Rome, pour notre malheur car la civilisation celtique était supérieure à la barbarie romaine.
c’est quand même plus pratique de se laisser guider en bon toutou en laisse
Nos guerres 14 et 39 non pas servi à grand chose. De Gaulle avait raison,on doit se défendre seul et non avec des alliances pour protéger notre peuple.
Toutes alliances où ententes avec un pays hors de l’Europe est une erreur.
Notre force de dissuasion a été mal entretenu,on a confondu coopération et soumission,un pays doit avoir sa propre défense et n’avoir pas à ce cacher.
Aujourd’hui non seulement nous avons destitué nos casernes,notre sytème militaire,mais nous avons aussi vendu notre savoir-faire.
C’est grave….un compagnon fidèle aux idées gaullistes
Alors dites nous pour quelles raisons de Gaule n’a pas sorti la France de l’OTAN ?
😰
Je croyais qu’il l’avait sortie 🤔