Économie. Sur fond de crise énergétique, les dirigeants de PME pessimistes pour 2023

Hausse des prix de l’énergie, perspectives d’activité en berne et prudence en matière d’investissement : les TPE et PME de l’Hexagone abordent la nouvelle année avec inquiétude.

TPE et PME françaises : fin de l’effet post-Covid ?

En ces temps de crise énergétique, de nombreuses entreprises françaises sont confrontées à des difficultés économiques. À ce sujet, les résultats de la 76e enquête de conjoncture menée par la banque publique d’investissement Bpifrance auprès des PME offre plusieurs enseignements intéressants. Publiée le 10 janvier, l’enquête, après avoir questionné 4 590 entreprises à travers l’Hexagone à la fin de l’année 2022, permet d’évaluer la situation et les perspectives des TPE-PME en termes d’activité, d’emploi, de trésorerie et d’investissement.

En premier lieu, il faut retenir que l’activité des TPE et PME françaises a ralenti l’année dernière après un fort rebond post-Covid en 2021. Cependant, le dynamisme est resté de mise tandis que la problématique des approvisionnements causée par la crise sanitaire s’est légèrement atténuée au cours des derniers mois.

Autre point ayant caractérisé cette année 2022, les difficultés de recrutement persistantes rencontrées par de nombreuses entreprises. Ainsi, plusieurs secteurs comme le textile ou encore le numérique ont eu bien du mal à pourvoir tous les postes.

Par ailleurs, la publication de Bpifrance souligne qu’à la fin de l’année 2022, le ralentissement de l’activité a touché tous les secteurs d’activité, bien que le tourisme et le transport soient concernés dans une moindre mesure. À l’inverse, la construction et le commerce ont été plus impactés.

Des trésoreries dégradées par la facture énergétique

Quant à l’inflation, et plus particulièrement celle concernant l’énergie, cette hausse des coûts a pesé sur la situation financière des TPE et des PME au second semestre 2022. Une situation qui devrait se détériorer davantage au cours des prochains mois, bien loin des niveaux très favorables de la fin de l’année 2021.

Pour contrer ces effets, plus de la moitié des TPE et PME françaises ont puisé dans leur PGE (prêt garanti par l’État), 57 % d’entre elles l’ayant consommé en majorité à la fin de l’année 2022 (soit +10 points sur un an). Dans le même temps, afin d’accroître les recettes, 72 % des entreprises ont indiqué avoir augmenté leurs prix de vente.

Dans ces conditions délicates, le ralentissement de l’investissement en 2022 n’est donc pas surprenant. Si les conditions d’accès au financement sont encore relativement favorables pour les entreprises, elles se sont toutefois durcies ces derniers mois.

Quelles perspectives pour 2023 ?

En ce qui concerne l’année à venir, les dirigeants d’entreprises sont assez peu confiants au sujet des perspectives d’activité. Les TPE-PME prévoient ainsi un ralentissement de leur activité en 2023, alors qu’elles sont nombreuses à estimer que les difficultés d’approvisionnement vont perdurer (37 % plus d’un an et 42 % sont dans l’incertitude sur ce sujet) et à anticiper une nette hausse de leur facture énergétique.

À court terme, si 54 % des TPE-PME consommatrices d’électricité seraient protégées des fortes fluctuations des prix de marché (contrat indexé sur le tarif réglementé ou à prix fixe avec renouvellement après 2023), les entreprises industrielles semblent plus vulnérables : 35 % d’entre elles ont un contrat à prix fixe avec un renouvellement prévu avant fin 2023 ou un contrat indexé sur le prix de marché, contre 20 % tous secteurs confondus.

De plus, le solde d’opinion sur les perspectives d’activité en 2023 chute à +6 (–25 points sur 1 an) et se retrouve en-dessous de sa moyenne de long terme (+17). Quant aux embauches, elles seraient plus résistantes : l’indicateur prévisionnel relatif aux effectifs diminue à +17 (−12 points sur 1 an) mais reste au-dessus de sa moyenne de long terme (+12).

PME

En matière d’investissement, les perspectives pour 2023 sont également assez mauvaises : l’indicateur sur l’évolution anticipé des dépenses d’investissement perd 7 points sur un an à +11 (au plus bas niveau depuis 2014) et passe sous sa moyenne de long terme (+14) :

PME

Ainsi, bien que plus de la moitié (51 %) des TPE et des PME comptent investir en 2023, les volumes de dépenses seront nettement moins élevés.

À titre de comparaison, cette proportion est en légère baisse par rapport à l’année dernière (53 % en novembre 2021 pour l’année 2022) mais elle reste proche de la moyenne de long terme (53 %).

Comment se portent les PME et TPE de Bretagne administrative ?

En Région Bretagne, l’activité reste dynamique en 2022, malgré un ralentissement. Le chiffre d’affaires est en hausse de +5,6 % (après +8,5% en 2021). L’indicateur d’activité diminue de 16 points sur un an à +29, au-dessus du niveau national (+27), et celui sur l’emploi perd 4 points à +13, proche de la moyenne nationale (+14).

La trésorerie des TPE et PME sur les 6 derniers mois est jugée moins aisée qu’un an auparavant. Le solde d’opinion recule de 6 points sur un an à −9, identique à la moyenne nationale. L’indicateur reste néanmoins nettement au-dessus de sa moyenne historique (−18).

Quant aux dépenses d’investissement, elles se sont tassées en 2022. L’indicateur relatif aux montants investis enregistre une baisse de 9 points sur un an à +1, restant un peu supérieur à sa moyenne de longue période (−2). 54 % des TPE-PME prévoient d’investir, une proportion quasiment stable sur un an.

Pour ce qui est de l’année 2023, les TPE et PME de la région s’attendent elles aussi à un fort ralentissement de leur activité. L’indicateur prévisionnel d’activité baisse de 22 points à +2, bien en dessous de sa moyenne historique (+16).

Concernant l’investissement, ces entreprises de Bretagne administrative prévoient un ralentissement en 2023. Une année au cours de laquelle 56 % d’entre elles comptent investir, contre 61 % il y a un an pour 2022.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Économie. Sur fond de crise énergétique, les dirigeants de PME pessimistes pour 2023”

  1. patphil dit :

    mais c’est l’économie française (et non la russe) que le brillant ministre lemaire a réussi à mettre à genou. le président macron qui se ventait d’avoir des collaborateurs amateurs, a pour une fois bien analysé le problème

  2. Hadrien Lemur dit :

    Comme disait Gilles Le Gendre, ils ont étés trop intelligents et trop subtils pour que nous puissions comprendre leurs brillantes idées. Peut-être y a t-il un délai avant que tout leurs bienfaits commencent à se faire sentir. Certains arbres ne portent leurs fruits que bien longtemps après avoir étés plantés. – « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie. » disait la sœur Anne. En ce qui nous concerne, mème pas d’herbe qui verdoie à l’horizon.

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