Lors d’un court séjour à Rome, une journée entière pourra être consacrée à la Villa Torlonia et ses jardins, ses parcs et ses musées.
Éclectique, différente, richissime, luxuriante… Villa Torlonia est un endroit tout à fait surprenant, une pause idéale loin du chaos de la ville surpeuplée. Mais pas trop loin non plus, puisqu’elle se trouve à seulement 10 minutes de transports en commun du centre.
Un peu d’histoire
Cette ancienne propriété agricole fut transformée en résidence la fin du XVIIIe siècle par le banquier Giovanni Torlonia. Giuseppe Valadier, en charge du projet, fit alors construire les deux bâtiments principaux : la maison Noble et la maison des Princes. En 1832, l’héritier, Alessandro Torlonia poursuivit les travaux d’embellissement à travers la construction notamment du temple de Saturne, des fausses ruines étrusques, d’une tribune avec fontaine, d’un amphithéâtre. Jardins romantiques, étangs, allées irrégulières, tour, grotte et nouveaux bâtiments sont arrangés de manière éclectique, mais avec un maitre mot : l’esthétisme.
De 1925 à 1943, la villa devint la résidence de la famille Mussolini
: le prince Giovanni Torlonia Junior, la lui loue au montant symbolique d’une lire par an. Dans les salons du rez-de-chaussée de la maison Noble, le Duce et sa famille recevaient des invités de renom, tel Mahatma Gandhi en 1930. Sans toutefois donner dans le faste, car il souhaitait maintenir une certaine intimité dans son foyer. Avec l’entrée de l’Italie en guerre et la multiplication des raids aériens des Alliés, il fit construire sous la villa un bunker, et sa femme Rachele fit aménager des parcelles de terrain en « potagers de guerre » qu’elle cultivait elle-même.
En 1944, Villa Torlonia est occupée par le commandement anglo-américain, jusqu’en 1947 et est fortement endommagée. 35 ans plus tard, elle sera acquise par la municipalité de Rome et transformée en parc public. Après de lourds travaux de restauration, elle a retrouvé son ancienne splendeur.
La serre mauresque
Réalisées en 1839 et 1840, par Giuseppe Jappelli la serre et la tour mauresques s’inspirent des lieux évoqués dans un poème épique de L’Arioste du XVIème siècle : Roland furieux. La serre, à l’architecture colorée et insolite, abrite des plantes rares et exotiques. Elle est reliée à la tour par un passage fortuit, en descendant on se retrouve immergé dans un décor vert inattendu, fait de petites cascades et de mares.
La maisonnette des chouettes
Si vous n’avez pas été assez surpris par la serre, la Casina delle civette, la Maisonnette des chouettes, vous dépaysera totalement. Arcades, tourelles et loggias, décorées de faïences et de vitraux, pierre sombre et toits pointus vous projetteront dans un petit bourg médiéval de la MittelEuropa ! Construite en 1840 par Giuseppe Jappelli, elle se dresse à l’emplacement où se trouvait autrefois la Cabane Suisse voulue par Alessandro Torlonia, comme son refuge alpin dans la capitale méditerranéenne. Si l’extérieur sent le Moyen âge, l’intérieur, arrangé au début du XXe siècle est encore plus surprenant : c’est une ode à l’Art Nouveau. Sur deux étages – entièrement ornés – sont exposés des dessins et des vitraux dans le pur style des années 20. Et si le soleil est au rendez-vous, les vitraux multicolores créeront un spectacle enchanteur.
Le Casino Noble
Vaste et imposante, cette demeure néo-classique est la résidence principale. Ses intérieurs sont absolument sublimes, chaque pièce est une œuvre d’art, chaque centimètre carré est travaillé, l’ornement est partout. Au rez de chaussée, une des premières salles est une ancienne et luxueuse salle de bain, entièrement peinte de fresques en style pompéien. Europe sur Zeus-taureau, Léda et le signe… chaque mur propose une scène de la mythologie grecque.
Dans un style complétement différent, puisqu’il est néo-gothique, la bibliothèque est revêtue de boiseries dorées où sont encastrés 32 portraits des plus grands artistes italiens, principalement de la Renaissance, une véritable merveille. La salle de bal, centrale, est disposée sur deux étages avec balcons, colonnes, bas reliefs, lustres en cristaux, fresques. Sous le r
egard des neufs statues des muses grecques, les convives de la salle à manger pouvaient admirer les peintures racontant la geste d’Alexandre le grand. Au premier étage, une autre salle d’inspiration classique est dédiée à l’histoire d’Antoine et Cléopâtre. Au fond, la chambre de Benito Mussolini contient encore les meubles originaux. Une dernière pièce est décorée de fresques en l’honneur de Bacchus. Les sols recouverts de mosaïques et les portes d’ornements, sont eux aussi, spectaculaires.
Le Casino des Princes, la petite villa médiévale, la villa rouge, le théâtre, les écuries neuves, les anciennes, les fontaines, les ruines, les parcs, le complexe s’étend sur 13.000 m2. Un point de restauration avec terrasse se trouve près de L’orangerie… détail non moins important, car il y a vraiment de quoi y passer la journée. Notons, enfin qu’il est possible de se prélasser dans les parcs, à l’ombre d’un des nombreux arbres séculaires qui se hissent à Villa Torlonia.
Audrey D’Aguanno
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Un long week-end à Rome. Jour 2 : Villa Torlonia”
Merci de nous faire rêver !…