Si le télétravail est séduisant par bien des aspects, il n’est cependant pas exempt de points négatifs. Les télétravailleurs auraient en effet tendance à effectuer davantage d’heures supplémentaires gratuites que leurs homologues travaillant en présentiel. Une flexibilité confortable qui peut ainsi jouer des mauvais tours…
Télétravail : le piège des heures supplémentaires
Incontestablement, l’avènement du télétravail est l’un des faits les plus notables de la dernière décennie pour l’économie française. Et plus particulièrement depuis le printemps 2020, lorsque débuta la crise sanitaire du Covid-19, avec les mesures de restriction que l’on connaît.
Une chose est toutefois certaine : ardemment souhaité puis adopté par les uns, rejeté par les autres, le télétravail est un sujet qui ne laisse pas les Français indifférents. Mais, si celui-ci fait le bonheur de nombreux salariés, notamment à l’heure où le coût du transport entre le domicile et le travail est une préoccupation majeure (sans parler des travailleurs des grandes villes devant s’infliger des trajets dans les transports en commun), le télétravail n’est pas pour autant dénué d’inconvénients. Parmi lesquels, la question des heures supplémentaires.
Sur ce sujet, une enquête réalisée par la société ADP rapportait au mois de décembre 2022 que les télétravailleurs offraient plus d’« heures gratuites » à leurs employeurs que leurs homologues en présentiel. Ainsi, parmi les plus de 32 000 actifs répondant dans 17 pays, dont près de 2 000 en France, 76 % des télétravailleurs ont déclaré effectuer des heures supplémentaires non rémunérées. À titre de comparaison, cette proportion est de 51 % chez leurs collègues travaillant sur site.
En valeur absolue, ces salariés en télétravail donneraient en moyenne à leurs employeurs l’équivalent de 7,65 heures supplémentaires non rémunérées effectuées sur leur temps libre chaque semaine, comparé à la moyenne de 4,3 heures pour ceux qui exercent sur site. Ce surcroît de travail sans rémunération additionnelle s’explique notamment par le fait que les télétravailleurs commencent plus tôt leur journée ou se déconnectent plus tard. Un « zèle » qui se traduit aussi par des pauses moins longues et une disponibilité accrue en dehors des horaires de travail normaux. Sans toutefois que la compensation pécuniaire soit au rendez-vous…
Davantage de stress en télétravail ?
Par ailleurs, l’enquête en question rapporte également que le travail à distance accentue le stress. En effet, 70 % des télétravailleurs (contre 58 % de leurs collègues sur site) ressentent au moins une fois par semaine du stress au travail. Et ils sont plus susceptibles d’avoir l’impression que leur travail pâtit de niveaux de stress importants que leurs collègues sur site (44 % contre 33 %).
Spécificité française, contrairement à la moyenne des autres pays où 70 % des télétravailleurs affirment se sentir soutenus par leur direction en matière de santé mentale au travail (contre 51 % pour leurs collègues sur site), ils sont moins de la moitié en France (49 % contre 45 % des salariés sur site) à considérer recevoir de l’aide de la part de leur manager dans ce domaine. Il est vrai que pour plus de la moitié d’entre eux (54 %), le télétravail rend plus difficile la détection par les managers au sein de leurs équipes de problèmes de santé mentale, de gestion du stress ou de charge de travail.
Toutefois, les télétravailleurs français se montrent moins sévères vis-à-vis de leurs employeurs que leurs homologues en présentiel puisque 20 % d’entre eux déclarent que leur patron ne prend aucune mesure proactive pour favoriser leur bonne santé mentale au travail. Tandis que chez les personnes travaillant sur site, ce sentiment est partagé par 48 % des interrogés.
Une volonté accrue de réorientation
L’Hexagone a décidément la propension à se démarquer des autres pays puisque, contrairement au reste du monde (24 %) ou même à la moyenne européenne (33 %), les salariés avec enfants en France estiment en majorité que le télétravail a rendu plus difficile leur gestion de la parentalité (41 %). Seuls 22 % pensent que cette pratique a facilité leur vie en tant que parent qui travaille, contre 46 % au niveau monde.
Mais le tableau n’est pas si sombre pour les télétravailleurs, notamment en ce qui concerne leur perception de l’avenir. Ces salariés travaillant depuis leur domicile sont ainsi davantage optimistes pour les cinq ans à venir sur le plan professionnel (76 %) que leurs homologues sur site (69 %).
Un optimisme qui semble aller de pair avec une volonté plus marquée de réorienter leur carrière. En effet, 67 % des salariés en télétravail indiquent avoir songé à changer de poste au cours des 12 derniers mois. Un sentiment qui a traversé l’esprit que de 45 % des travailleurs en présentiel. Une envie de changement pour quelle réorientation ? Pour 21 % des télétravailleurs, l’ambition est de changer de secteur d’activité. La demande d’un congé sabbatique séduit quant à elle 20 % d’entre eux. Viennent ensuite la volonté de passer d’un temps plein à un temps partiel (15 %) et le projet de lancer sa propre activité (13 %).
La capacité à résoudre seul certains problèmes et l’aptitude à une bonne organisation quotidienne qu’impose le télétravail sont en effet deux qualités qui peuvent rapidement donner l’envie de passer du statut de salarié à celui d’entrepreneur.
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3 réponses à “Télétravail. Des heures supplémentaires sournoises… et non rémunérées”
Le télétravail est du foutage de gueule… j’ai été infirmière en réa cardiaque de nuit….. j’ai des amies caissières à Lidl….instit devant élèves….torche cul dans les ephad…..
Que ces pauvres types qui pleurnichent aillent faire un tour dans la vraie vie, en prenant le métro aux heures de pointe…..dans le 93….. ils vont peut-être atterrir, quelle honte….
Pauvres nazes !
Bien vu Feytout, le téléboulot concerne surtout le secteur tertiaire et les emplois de bureau voire certains cadres aussi….les maçons, les profs, les routiers, les jardiniers, les caissières, les taxis, les artisans, etc.. sont dans la réalité de la vie et non dans le virtuel des écrans
Bonsoir,
oui, j’occupe un travail dans le secteur tertiaire ;
oui, je télétravaille deux jours sur cinq à condition d’avoir les mêmes équipements qu’au siège ; (un jour ou deux devrait être le grand maximum) ;
oui, j’ai la chance d’être dans un service où ce télétravail reste souple ;
oui, je ne demande rien à mon employeur comme indemnités (paiement de l’abonnement de la box wifi, chauffage, électricité alors qu’en présentiel, je fais attention à éteindre l’électricité ; je n’ai droit à aucune indemnité de toutes façons);
oui, j’essaie de faire le même temps de travail qu’en présentiel et il m’est arrivé de bosser jusqu’à 19 heures du soir sans compter ;
bref, étant bientôt en retraite, je ne me plains pas et j’estime avoir de la chance par rapport à d’autres métiers où le télétravail reste impossible à réaliser.