Irlande du Nord. Les loyalistes ont commémoré le 25e anniversaire du meurtre de Billy « King Rat » Wright

D’anciens membres de la fameuse Compagnie C de Johnny Adair – une des unités paramilitaires loyalistes les plus violentes durant les Troubles –  ont rendu hommage à l’ancien leader de l’UFF, Billy Wright, à l’occasion du 25e anniversaire de sa mort. Ces derniers, qui faisaient autrefois partie du deuxième bataillon de la brigade de Belfast Ouest de l’UFF (Ulster Freedom Fighters) ont envoyé une couronne au service funéraire de l’ancien compagné d’Adair au cimetière de Seagoe, à Portadown, mardi dernier.

Qui était Billy « King Rat » Wright, assassiné en prison il y a 25 ans pendant les Troubles ?

William Stephen Wright (7 juillet 1960 – 27 décembre 1997) était un chef paramilitaire loyaliste nord-irlandais pendant les Troubles. Il a rejoint l’Ulster Volunteer Force (UVF) dans sa ville natale de Portadown vers 1975. Après avoir passé plusieurs années en prison, il est devenu un prédicateur chrétien. Wright a repris ses activités au sein de l’UVF vers 1986 et est devenu commandant d’une brigade au début des années 1990, succédant à Robin « le Chacal » Jackson. Selon la Royal Ulster Constabulary, Wright a été impliqué dans les meurtres sectaires de plus de 20 catholiques, bien qu’il n’ait jamais été condamné pour aucun d’entre eux. Il a été allégué que Wright, comme son prédécesseur, travaillait avec les services spéciaux de la RUC (la police nord irlandaise de l’époque).

Wright a attiré l’attention des médias lors des affrontements de Drumcree en 1995 et 1996, lorsqu’il a soutenu l’Ordre Orange protestant dans sa tentative de faire passer son itinéraire traditionnel par le quartier catholique de Portadown. En 1994, l’UVF et d’autres groupes paramilitaires avaient demandé des cessez-le-feu. Cependant, lors de la crise de Drumcree en juillet 1996, l’unité de Wright a mené plusieurs attaques, dont un meurtre sectaire. Wright est devenu un farouche opposant au processus de paix en Irlande du Nord, qu’il considérait comme une trahison des nationalistes et des républicains irlandais. Pour avoir rompu le cessez-le-feu, Wright et son unité de Portadown ont été écartés par la direction de l’UVF. Il est expulsé de l’UVF et menacé d’être exécuté s’il ne quittait pas l’Irlande du Nord. Wright a ignoré ces menaces et, avec nombre de ses partisans, a formé par défi la Loyalist Volunteer Force (LVF), dont il est devenu le chef. Le groupe a perpétré une série de meurtres de civils catholiques.

En janvier 1997, il a été arrêté pour avoir proféré des menaces de mort à l’encontre d’une femme, et en mars de la même année, il a été condamné et envoyé à la prison de Maze. Pendant son emprisonnement, Wright a continué à diriger les activités de la LVF. En décembre de la même année, il a été assassiné à l’intérieur de la prison par des prisonniers de l’Armée nationale de libération irlandaise (INLA). La LVF a mené une vague d’attaques sectaires en représailles. On a supposé que les autorités étaient complices de son assassinat car il représentait une menace pour le processus de paix. Une enquête n’a trouvé aucune preuve de cela, mais a conclu que les autorités pénitentiaires avaient commis de graves manquements.

Son image orne encore plusieurs murs dans des lotissements loyalistes.

https://www.youtube.com/watch?v=ikxsP9uDJfQ

https://www.youtube.com/watch?v=ogGsx70vwas

L’hommage d’Adair et de McClinton à leur ancien camarade

L’hommage, au nom de « Mad Dog » Adair et de ses hommes de main, qui s’étaient rapprochés de Wright en raison de sa position contre le processus de paix, montre que les anciens combattants n’oublient pas leurs camarades. D’autres couronnes comprenaient des coquelicots provenant d’un groupe se décrivant uniquement comme des « loyalistes de Portadown ».

Lors de l’hommage, l’ancien paramilitaire de l’UDA (Ulster Defense Association) devenu pasteur Kenny McClinton a prononcé l’oraison sur la tombe de Wright, dans laquelle il l’a décrit comme le William Wallace de l’Ulster. « Pour avoir sincèrement exprimé ses opinions politiques sur le soi-disant Accord du Vendredi Saint et avoir clairement lancé un avertissement à toutes les personnes concernées dans les cercles d’influence paramilitaires et politiques, notre cher ami Billy Wright a perdu la vie. Assassiné dans des circonstances extrêmement suspectes qui n’ont toujours pas fait l’objet d’une enquête complète et crédible, dans le tristement célèbre H Block 6 de la prison de Maze. »

Il a déclaré que la position anti-Accord du Vendredi saint de Wright laissait présager le « danger très réel » de l’Union causé par le Protocole sur l’Irlande du Nord.

Une enquête sur le meurtre n’a amené aucune preuve de collusion entre l’État et les tireurs de l’INLA.

McClinton a ajouté : « En ce 25e anniversaire du lâche assassinat de notre cher ami Billy Wright, commençons un processus qui nous est propre. Un processus qui pourrait assurer l’avenir de l’Ulster au sein de l’Union de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, un processus qui, dans une certaine mesure, rendrait honneur aux opinions et analyses politiques de notre ami disparu, Billy Wright, et qui garantirait à tous que la perte profonde du Braveheart de l’Ulster n’a pas été, et ne sera jamais, vaine.»

https://www.youtube.com/watch?v=dqU_KVowT-8

Johnny Adair, qui vit en exil en Ecosse depuis qu’il a été expulsé par d’autres loyalistes de sa base de Shankill Road en 2003, a précédemment déclaré que le meurtre de Wright par l’INLA (Républicains) dans la prison de Maze le 27 décembre 1997, « rendait malade tout bon loyaliste ».

A noter qu’outre le Pasteur, la seule personnalité loyaliste de premier plan présente à l’événement était Robin « Billy » King – le commandant de la LVF qui a été accusé du meurtre du journaliste du Sunday World Martin O’Hagan. Le 28 septembre 2001, M. O’Hagan a été abattu par la LVF (Loyalist Volunteer Force) alors qu’il rentrait à pied de son pub local à Lurgan.

King a quitté l’UVF pour rejoindre le gang dissident LVF de Wright alors qu’il était en prison pour conspiration de meurtre.

Le gouvernement irlandais craignait l’implication de l’IRA dans la tentative de meurtre de Johnny Adair UB40, selon des documents officiels.

Par ailleurs, des dossiers déclassifiés ont récemment révélé que la tentative d’assassinat de 1999 contre Johnny « Mad Dog » Adair lors d’un concert pop à Belfast a suscité des inquiétudes au sein du gouvernement irlandais, qui craignait que l’IRA ne soit impliquée dans cette attaque. Les membres du secrétariat anglo-irlandais à Belfast étaient désireux d’établir qui était derrière la tentative d’assassinat d’Adair alors qu’il assistait à un concert de UB40 au Botanic’s Gardens en mai 1999.

La tentative d’assassinat du leader des Ulster Freedom Fighters n’a été déjouée que du fait de mauvaises munitions utilisées par le tireur. Adair a affirmé avoir reçu une écorchure à la tête par une balle alors qu’il assistait au concert. Il avait bénéficié à l’époque d’une libération anticipée de la prison de Maze, conformément aux dispositions de l’accord du Vendredi saint.

Les responsables irlandais s’inquiétaient d’un éventuel rôle de l’IRA dans l’attentat contre le leader de l’UFF, car celui-ci s’est produit pendant une phase critique du processus de paix en Irlande du Nord, alors que l’IRA avait rétabli un cessez-le-feu. Il n’y a jamais eu de déclarations officielles de la part des mouvements républicains niant la responsabilité de l’incident, à l’exception des démentis attribués à des « sources républicaines » dans les médias traditionnels. Il a également été noté que certains médias ont suggéré que des éléments loyalistes dissidents étaient derrière l’attaque.

Les responsables ont également souligné que la RUC subissait des pressions pour attribuer l’attaque à un groupe quelconque, tandis que John White, du Parti démocratique d’Ulster, qui a des liens avec l’UFF, a attribué l’attaque à l’IRA. Cependant, il a également été noté que les responsables républicains ont nié avoir tenté de tirer sur Adair, alors que certains médias ont laissé entendre que l’attaque était liée à une querelle de drogue.

Les dossiers publiés par les Archives nationales montrent également que le gouvernement s’inquiétait de l’impact que Billy « King Rat » Wright, aurait pu avoir sur d’autres prisonniers après son transfert à la prison de Maze. Les fonctionnaires irlandais ont fait part de leurs préoccupations au directeur de l’administration pénitentiaire d’Irlande du Nord, Alan Shannon, en avril 1997, car Wright, en tant que chef de la Force des volontaires loyalistes, était farouchement opposé au processus de paix. Les diplomates irlandais ont estimé que la position de Wright parmi les paramilitaires loyalistes serait renforcée, ce qui menacerait le cessez-le-feu de groupes tels que l’UFF. Cependant, il leur a été fait remarquer que Wright était « déjà une figure puissante » parmi ces groupes.

Wright et d’autres prisonniers de la LVF étaient logés dans le même bloc de prison que les membres de l’INLA, mais dans une aile différente avant son assassinat, en 1997 (voir plus haut).

Crédit photo : DR

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