Le vendredi 23 décembre 2022, William M., 69 ans, ancien agent de la SNCF, a pénétré la rue d’Enghien, rue très « populaire » du 10ème arrondissement de Paris, avec une patente intention meurtrière. Sans discernement, il a tué à l’arme à feu trois acteurs majeurs du Centre culturel kurde, une femme et deux hommes. Tout le monde est sous le choc depuis lors. La communauté kurde en premier lieu, qui a battu le pavé dès le lendemain (sachant qu’elle voulait préalablement rendre hommage à trois militantes du PKK exécutées en 2013), de façon violente, dans la capitale et à Marseille essentiellement. On évoque la présence de milices turques, pro-Erdogan, pour mettre de l’huile sur le feu. Bref, ça s’enflamme.
Pourquoi ce William M. comptait-il vider ses 4 chargeurs et une boîte de 25 munitions supplémentaires, alors qu’il sortait à peine de prison pour agression à l’arme blanche dans un camp de migrants un an auparavant ? Un « déséquilibré », comme on le dit si souvent. Une « bombe humaine », dirait le criminologue Xavier Raufer. Quant aux Kurdes, ceux-là veulent voir la main turque qui aurait manipulé ce criminel depuis son dernier séjour en prison. Mais, dans tous les cas, quels que soient les résultats de l’enquête, qui plus est sans respect du secret de l’instruction, l’acte insensé de cet individu dit quelque chose de nos sociétés libérales et démocratiques, telle l’attaque des deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars 2019. Serait-ce, donc, un attentat d’ « extrême-droite », conformément au vocable de la pensée confortable ? N’est-ce pas trop simple ?
Toujours est-il que la meute journalistique n’hésite pas à frapper à la porte du vieux père de cet adepte de la gâchette, qui dénonce évidemment la démence de ce dernier. Puis on cite M. à l’issue des gardes à vue, en soulignant sa « haine des étrangers devenue complètement pathologique » selon ses propres dires, qu’il reproche aux Kurdes d’avoir « constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh au lieu de les tuer », qu’il se définit « dépressif » et « suicidaire », qu’il évoque un mobile, une terrible justification, car « avant de me suicider, j’ai toujours eu envie d’assassiner des migrants, des étrangers, depuis ce cambriolage », un cambriolage de son domicile, en 2016, qui aurait généré cette rage contre l’Étranger, l’Autre. In fine, on tourne encore autour du pot.
En réalité, ce cas William M. révèle, jusqu’à la caricature, le malaise européen, si ce n’est occidental, ressenti dans nos cités, où les identités culturelles tendent à se superposer jusqu’à ériger un indéfini millefeuille, cités dans lesquelles chaque clan veut faire entendre sa voix, tracer sa voie, de manière légitime ou pas. Ou quand les identités dérivent vers la conflictualité. Quand l’Histoire retrouve le sens du tragique, puisque le surmoi de certains tend manifestement à s’étioler pour laisser s’exprimer un instinct meurtrier consubstantiel à nos inconscients individuel et collectif. Comme, précisément, un malaise dans la civilisation, une angoisse croissante qui en finirait avec la catharsis, « purification » au sens de « séparation du bon avec le mauvais », de l’âme avec le corps en substance, d’après le grec ancien. Une pesanteur, un glissement, une chute, un chaos… En attendant, nos politiques continuent de regarder ailleurs. Attention danger !
Henri Feng
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
2 réponses à “Ce que la folie meurtrière de William M. peut signifier”
William Mehmet, un nom français pas très francophone !!!
« un cambriolage de son domicile, en 2016, » ce gars là a osé ne pas se laisser faire, les agresseurs le poursuivent en « justice » ! et ensuite on s’étonne qu’il ait perdu la boule!