Plusieurs statues ornent le Palais du commerce de Rennes. Chacune représente une allégorie de pierre de quatre villes du département : Fougères, Redon, Vitré… sans oublier Saint-Malo à vents contraires ! En 1930, un étudiant perspicace, le nez en l’air, s’étonnait à la vue de la statue de la ville de Saint-Malo sur le palais du Commerce de Rennes : «La statue symbolique qui, au Palais du Commerce, vise à représenter la ville de Saint-Malo, tient dans ses bras un morutier non moins symbolique. L’on peut remarquer que dans les voiles du bateau le vent souffle d’un certain côté et du côté contraire dans les cotillons d’une femme. » Une dualité qui revisite la relation des deux villes avec les Indes Occidentales et les Indes Orientales, à une époque où l’industrie du cuir et des maîtres-tanneurs très prospère dans les Indes a connu un âge d’or à Rennes.
Le Palais du commerce de Rennes, malle légendaire des industriels tanneurs vers les Indes a été construit à l’époque du maire et sénateur Edgar Le Bastard (1871-1892). Devenu un industriel important de la ville dans cette filière, Edgar Le Bastard a été président de la Chambre de Commerce de Rennes. Au cours de ses mandats, il a considérablement travaillé au développement de l’enseignement dans la ville, notamment l’université.
L’importance des Indes, plaque tournante du cuir, reste pleinement d’actualité.
Les principaux centres de production de produits en cuir et de chaussures en Inde sont situés dans les États du Tamil Nadu, de l’Andhra Pradesh, du Bengale occidental, de l’Uttar Pradesh, du Maharashtra, du Punjab, de l’Haryana et de Delhi. L’Inde est le 5e exportateur mondial de maroquinerie et d’accessoires. Les exportations indiennes de cuir, de chaussures et de produits en cuir ont atteint 4,03 milliards de dollars en 2020-2021, les chaussures détenant la plus grande part de 46,2 %, suivies des accessoires en cuir à 25,2 %. A la façon du « Royal Pavilion », Taj Mahal balnéaire de Brighton, le charme des Indes, la magie et ses mystères, se retrouvent dans l’emplacement du pavillon des Indes de Saint-Malo redécouvert en 2020.
Mais il reste à imaginer le sauvetage de ce patrimoine en péril, détruit à la suite d’une violente tempête. Un scénario de patrimoine en péril qui rappelle le sort du temple d’Abu Simbel pour survivre et ne pas être enseveli par les eaux. Pierre Loti se positionna en lanceur d’alerte : « la plupart des temples antiques de la Nubie seront aussi dans l’eau […] Mais cela permettra de faire de si productives plantations de coton ! » L’appel à la sauvegarde des monuments de la Nubie a été lancé de l’UNESCO le 8 mars 1960. Ainsi naquit la notion de « patrimoine universel ». Le principe essentiel était de déplacer les sanctuaires hors des lieux menacés pour les exposer à nouveau, le plus près de leur site d’origine dans la même orientation, à l’abri des eaux du futur lac Nasser.
Kevin Lognoné
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