En 1791, le parlementaire rennais, Isaac Le Chapelier était déjà caricaturé de « législateur de biribi ». Le biribi, de l’italien biribisso, se définit comme un jeu de hasard pur. Il s’agit d’une sorte de loterie à choix multiples, semblable au cavagnole et aussi à la roulette, avec changement de générateur de hasard. L’expression « bagne de Biribi » a ensuite évolué pour designer des bagnes où les soldats effectuaient des travaux de force soumis à un régime totalement arbitraire, à la façon d’une loterie. Le Canard enchaîné a dressé la liste des députés les plus consommateurs de collaborateurs dans son édition du mercredi 15 juin 2022. La « petite » Bretagne se retrouve au palmarès de cette crise de management, en rupture avec le parlementarisme hérité de sa cousine de Grande-Bretagne. Plus grave, cette enquête soulève un problème de fond sur la confiance dans les institutions.
Détruisant un mythe sur les faux nez de la dictature de la bonne gestion, une étude internationale dévoilée par le chercheur Vincent Tournier a révélé que les centristes étaient les plus enclins à se méfier de la démocratie. Dans le cadre d’une étude menée sur des données issues d’une centaine de pays, le politologue britannique David Adler rappelle que les citoyens les plus sceptiques à l’égard de la démocratie et des institutions libérales seraient ceux qui se revendiqueraient du centre.
Réduite de façon simpliste à une région d’électorat centriste, la Bretagne peine-t-elle à corriger son retard en matière de gouvernance et de choix de ses représentants ? De l’autre côté de la Manche, le jeu parlementaire britannique s’appuie en permanence sur les institutions capables d’apporter une main stabilisatrice, une présence constante, donnant un sentiment de continuité rassurante et de calme pendant des périodes parfois troublées et incertaines. Sous l’époque antique, les conquêtes romaines avaient associé la « Petite » Bretagne et la Grande Bretagne au sein d’un même territoire : Britannia. « La terre la plus écartée et le dernier boulevard de la liberté », écrivait Tacite.
En tête du palmarès réalisé par le Canard Enchainé en juin dernier, figure la députée bretonne LREM, Laurence Maillart-Méhaignerie, avec 29 assistants parlementaires dont certains ont été jetés comme des malpropres. Trois autres collègues LREM se distinguent également au niveau national comme par exemple Florian Bachelier, ancien parlementaire d’Ille-et-Vilaine non-réélu et qui fut premier questeur du palais Bourbon.
S’ils tendent à apparaître comme le miroir des citoyens au service de la transparence, ces centristes en réalité construisent une forme de défiance à l’égard des institutions. En 2021, 20 % des assistants parlementaires se disaient proches du burn-out, selon l’Association des collaborateurs progressistes et républicains. En menant des réformes de façon solitaire et bien souvent au petit doigt mouillé, les macronistes bretons sont-ils des nouveaux « législateurs de biribi » qui creusent la défiance des institutions ?
Kevin LOGNONÉ
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Une réponse à “Assemblée nationale. Qui sont les nouveaux parlementaires de « Biribi » ?”
Tout comme les choux, la bretagne a une pepiniere de » BIRIBI » Nantes, Rennes etc. il doit y avoir une bonne terre ou un bon engrais !!!