Social. Inflation, suppressions de postes, épuisement : des grèves à travers toute la Bretagne

A Chantenay-les-Nantes, les 132 salariés de Sherwin William, fabricant de peinture pour emballage alimentaire, ont obtenu ce 22 décembre après trois jours de grève 4% d’augmentation et une prime de 1000 € en février ; ils réclamaient 8% – le taux d’inflation « officiel ». Tour d’horizon d’autres grèves qui ont éclaté ces dernières semaines – voire auparavant – un peu partout en Bretagne.

Cars de ligne en Loire-Atlantique (44) : grève tous les vendredis

En plus des nombreuses suppressions de courses du fait d’un recrutement toujours en-dessous des besoins, les ex-bus Lila de Loire-Atlantique, devenus depuis Aleop sont touchés tous les vendredis par une grève hebdomadaire. La prochaine aura lieu le 30 décembre – et cette fois, pas un élu ou un ministre pour diaboliser des conducteurs qui font valoir leurs droits sociaux à l’approche du Réveillon.

Comme d’habitude ou presque, les lignes qui vont être touchées de plein fouet sont celles du centre-nord du département : 300 (Grandchamp – Treillères – Nantes, aussi connue sous le nom de Lila Premier), 309 (Nozay – Nantes), 310 (Guéméné – Derval – Nantes), 311 (Blain – Nantes par Héric), 320 (Savenay – Nantes par le Temple de Bretagne), 346 (Saint-Mars-la-Jaille – Nantes) qui ne verra aucun retour être assuré l’après-midi, 348 (Petit-Mars – Nantes), 350 (Savenay – St Etienne de Montluc – Nantes) – les usagers pourront toujours se reporter sur le train, 360 (Saint-Mars la Jaille – Nantes) et 371 (Blain – Nantes par Bouvron et Notre-Dame des Landes), ligne sur laquelle déjà en temps « normal » du fait des absences conducteurs, seuls la moitié, voire moins, des cars sont assurés.

Satys Bouguenais (44) : la grève a payé

Le 13 décembre dernier, 70 salariés de l’usine SPI Peintures, rachetée par Satys Aerospace à Bouguenais, qui assure le traitement de surface de réservoirs d’avions, traitant deux A320 par jour, ont démarré une grève ce 12 décembre, énervés par la direction qui ne leur proposait que 1% d’augmentation de salaire – ils en demandent 5%. Rejoints le 14 décembre par des salariés d’Airbus en débrayage contre les nouveaux horaires, ce 14 décembre, leur mouvement a payé – la direction a annoncé 4% de hausse générale des salaires, un accord d’intéressement de 300 € et un chèque cadeau de 150€.

Saint-Malo (35) : des postes en plus aux urgences après la grève

Lassés de demander depuis août des postes supplémentaires pour un service saturé sans les obtenir, les urgentistes de saint-Malo ont fait grève, et défilé en ville à plusieurs reprises tout au long d’un mouvement étalé sur 45 jours. Le comité technique d’établissement a fini par ouvrir un poste d’infirmière et deux d’aide-soignante, tandis qu’en 2023 le service des maladies infectieuses va ouvrir six lits et la chirurgie dix.

La grève a donc été suspendue le 16 décembre, mais le service des urgences reste fortement tendu – un pool de remplacement d’une trentaine de soignants, destiné à remplacer les soignants en arrêt maladie ou absents, doit encore être mis en place.

Vitré (35) : le centre de tri de déchets ferme, les employés en grève

Au premier janvier 2023 le centre de tri de déchets de Vitré ferme et ses 18 employés, du groupe Derichebourg, partiront avec le minimum légal – cinq mois de reclassement à 80% du salaire. Du coup ils ont fait grève le 12 décembre pour tenter d’obtenir plus de leur direction et des élus, guère pressés de faire mieux – Vitré est l’un des territoires en France où le chômage est le plus bas.

Dinard (22) : grève à la mairie ce 28 décembre à cause de la gestion du personnel

Le 28 décembre, un préavis de grève a été déposé pour les territoriaux de la ville de Dinard. Le syndicat FO pointe pour l’expliquer « des recrutements de cadres supplémentaires au détriment des emplois du personnel exécutant ». Même si la mairie a annoncé qu’elle s’exprimerait après les fêtes, il y a anguille sous roche. Francis Leroux, conseiller municipal d’opposition, fustige dans un long communiqué un certain « clientélisme » dans une collectivité où « l’opacité règne en maître […] Derrière cette impuissance flagrante à gérer le personnel, il y a une lourde souffrance humaine, une déception, un mal-être, un manque de considération flagrant, un mépris affiché des élus ».

Brest (29) : accord tendu après un mois de grève sur le réseau Bibus

Ce 22 décembre, près de 96% des adhérents CFDT ont fini par voter la fin de la grève après près d’un mois de mouvement, une entente ayant été trouvée avec la direction – la RATP.

Le 5 novembre dernier, un salarié du réseau s’était suicidé, et le 10 novembre, ses collègues en grève avaient traversé la ville à pied, sur les voies du tram, pour aller assister en masse à la crémation de leur ex-collègue. Le 9 novembre, une conductrice à laquelle la direction refusait le retour à un temps partiel thérapeutique, après un accident et la reconnaissance d’une maladie professionnelle, tentait à son tour de mettre fin à ses jours et était hospitalisée.

L’an dernier, après une grève – déjà – la direction avait promis l’arrivée de 22 bus supplémentaires pour le réseau qui n’ont pas été au rendez-vous. De même, les temps de parcours imposés aux conducteurs de bus sont considérés par ceux-ci « complètement délirants ». Les employés ont refait en entier les parcours en respectant feux et codes de la route, ils ont constaté qu’ils étaient réputés rouler plus vite que le tramway qui dispose en partie d’un réseau en site propre. Par ailleurs, 14 conducteurs vont être embauchés. La CFDT reste très vigilante pour éviter qu’en 2023 non plus la RATP ne tienne pas ses promesses.

Brest, Lorient, Indret : seule la lutte permet des augmentations de salaire

Chez l’ex-DCNS, ce 8 décembre, des débrayages d’une heure ont eu lieu sur tous les sites du groupe – dont Lorient, Brest et Indret, respectivement dans le Morbihan, le Finistère et la Loire-Atlantique pour la Bretagne – afin de réclamer des augmentations de salaire qui suivent l’inflation. A Brest, 500 employés sur les 3074 du site avaient débrayé, et 400 à Indret, afin d’exiger une augmentation générale de 3500 € bruts par an et une clause de sauvegarde pour ajuster ces mesures en cas d’inflation en 2023.

La direction de son côté propose 1350 € bruts par salarié, soit 5% d’augmentation, 1000€ de prime de partage de la valeur pour tous les employés, et une prime de récompense individuelle d’environ 500 €. En fin de compte, un accord a été trouvé ce 16 décembre – les salaires augmenteront de 2300 € dès 2023 sur l’année pour les non-cadres, et 2040€ pour les ingénieurs et cadres, hors primes.

Trélevern (22) : épuisé, le personnel de la maison de retraite en grève

L’ensemble du personnel, des veilleuses de nuit aux infirmières en passant par le cuisinier de l’EHPAD de Trélévern, dans les Côtes d’Armor, s’est mis en grève ce 13 décembre. Dans l’établissement du groupe Vyv, il manque cinq personnes et le personnel, après de nombreuses demandes qui n’ont pas été suivies d’effet, crie son épuisement – qui est aussi préjudiciable aux pensionnaires.

GRDF à Saint-Brieuc (22) et ailleurs : la grève dure a payé

Après six semaines de grève dure et de suspension des interventions suite aux pannes dans certains établissements – ce qui a comme conséquence de priver de gaz, en plein hiver, 1500 foyers en Ile-de-France – tandis que d’autres sites, comme à Saint-Brieuc, sont occupés nuit et jours par les 80% d’agents grévistes, un accord a été trouvé avec la CGT – le syndicat qui représente la moitié des employés – pour augmenter de 200 € bruts mensuels, par le biais de diverses primes, les plus bas salaires. Les autres syndicats avaient déjà signé une augmentation générale des salaires de 2.3%, la CGT réclamait le double.

Louis Moulin

Crédit photo : Wikipedia (cc)

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6 réponses à “Social. Inflation, suppressions de postes, épuisement : des grèves à travers toute la Bretagne”

  1. Michel THepault dit :

    Bonjour,
    Les gens commencent seulement à se réveiller car il y a bien longtemps qu’il aurait fallu faire sauter le couvercle de la Marmite en effet les gilets jaunes ont été récupérés
    par la gauche et les syndicats qui sont à la solde du pouvoir et puis nos gouvernants ont pu tester la docilité des Français pendant le COVID en les enfermant , ce qui peut arriver maintenant pour vraiment faire bouger les gens c’est le manque d’approvisionnement des plateformes des supermarchés en nourriture.
    Je ne vois personne s’opposer au sanctions contre la Russie et aussi contre la livraison d’armes à l’Ukraine ce qui.alimente la guerre et pénalisé lourdement notre économie.
    Ce n’est pas notre guerre les Ukrainiens et les Russes sont nos amis , ce sont les Américains qui nous entraînent vers le KO .
    Bonne journée à tous .

  2. VORONINE dit :

    Qui croit encore à un taux d’inflation de 8% ?…..en dehors du gouvernement de foutriquet . Sur l’alimentaire , ce taux se situe à plus de 20 %, et ça va durer ,

  3. Dominique dit :

    La grève paie !

    A court terme, peut être mais à long terme seul le travail paie. Sauf chez les fonctionnaires évidemment.

  4. Paul dit :

    La France de macron lemaire est devenu un pays sous développé. Pas de médecins, hôpitaux fermés, pas de doliprane ni d antibiotiques, scandale des maisons de retraite, panne permanente sur réseaux électriques ou de gaz ou de téléphone par l absence d entretien. Perte de l autonomie énergétique française depuis sarkosy hollande et pour couronner le tout par macron. Les français on malgré tout l air content, l essence gasoil à un prix jamais atteint, mais la grande satisfaction de ces nullards avec la formule : ailleurs c est pire. Rien que de les entendre, ils me degoutent. Il va falloir un électrochoc et il arrive…

  5. charreyron dit :

    Les Français sont devenus des beni-oui-oui (mot invariable) il faudrait qu’ils se réveillent, si ce n’est pas trop tard, et qu’ils réagissent, malheureusement les Gilets Jaunes ont disparu. Y aura-t-il une suite?????

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