Les temps sont durs pour Jean-Luc Mélenchon. Des lieutenants qui lui doivent beaucoup ruent dans les brancards. Tout a commencé le samedi 10 décembre lorsqu’un nouvel organigramme de la France insoumise – la « coordination des espaces » (sic) – est dévoilé ; on n’y trouve que des fidèles mélenchonistes alors que les figures les plus connues (Clémentine Autain, François Ruffin, Raquel Garrido, Alexis Corbière, Eric Coquerel) sont exclues. Les heureux élus l’ont été par une « assemblée représentative » (160 personnes) composée des membres de la direction et d’une centaine de militants (un par département) tirés au sort. Quant à Manuel Bompard, il sera intronisé « coordinateur » en janvier.
Evidemment, les exclus ne sont pas contents car ne pouvant plus jouer un rôle dans la direction du mouvement. Clémentine Autain est la première à ouvrir le feu. Elle dénonce « le repli et le verrouillage(…) assumés de façon brutale ». Quant aux militants ils « n’ont pas eu voix au chapitre alors qu’ils devraient être les acteurs principaux du mouvement. La direction a été choisie par cooptation, ce qui favorise les courtisans et contribue à faire taire la critique ». Son verdict est sans appel : « Je ne vois pas comment on peut porter la VIe République et assumer un tel fonctionnement. Il faut démocratiser LFI : une force à vocation majoritaire ne peut être un bloc monolithique » (Libération, lundi 12 décembre 2022). En fin de semaine, elle remet une couche : « La décision de composer une direction repliée sur elle-même engendre une crise majeure. Pourquoi ne pas inclure les différentes sensibilités et personnalités qui font pourtant la force de notre mouvement ? La mise au placard du pluralisme n’est pas possible. Nous avons un problème de démocratie dans la vie du mouvement (…) Pour apaiser la situation et garantir l’unité du mouvement, il faut une remise à plat de notre organisation. Tout ne peut pas reposer sur un petit cercle qui ne rend aucun compte, et dont le pouvoir ne peut jamais être contesté. Or c’est la direction sortante qui choisit la nouvelle direction. Le peuple militant n’a pas de moyens d’influer sur les grandes orientations du mouvement et sur le choix de ses représentants. Aujourd’hui, il n’y a aucune voix pour contester ou simplement pour faire entendre une musique différente. » (Le Journal du dimanche, 18 décembre 2022)
Le prof d’histoire Alexis Corbière manifeste également un « radical désaccord avec le résultat, conséquence d’un processus qui ne joue pas collectif (…) Je serai franc, mon problème ne porte pas sur l’absence de tel ou telle. Même si je ne compte que des amis dans cette direction, le premier désaccord que j’exprime, déclare-t-il, c’est notamment que dix-huit des vingt et un membres, sont aujourd’hui parlementaires, avec le plus souvent des profils sociologiques comparables. Pourquoi ne pas plutôt rechercher une forme de « parité sociale » ? Avec des dirigeants issus des zones rurales, des quartiers populaires, des militants syndicaux, associatifs et surtout issus des classes populaires. Pourquoi ne pas avoir quelque chose qui ressemble mieux à la société, à ce que nous sommes et à notre électorat. Remettons l’ouvrage sur le métier, reprenons la discussion. Et évitons que notre mouvement dit « gazeux » ne devienne un mouvement brumeux. Je lance un appel à l’apaisement, à l’unité, je veux en être le garant (…) Nous menons le combat contre un gouvernement qui refuse de se soumettre au vote. Nous ne pouvons pas théoriser au même moment le fait que nous ne votons pas. Il faudra donc consulter les militants et voter. » (Le Monde, dimanche 18-lundi 19 décembre 2022).
Les « ambitions » des « amis » de Mélenchon
La réponse de Jean-Luc Mélenchon ne tarde pas. Dans un meeting à Saint-Etienne, Méluche rappelle que ces attaques préparent l’élection présidentielle de 2027 ; il y a des candidats pour sa succession : « J’ai dit que je me mettais en retrait et pas en retraite. J’essayais d’imaginer en quoi pouvait bien consister le rôle et je ne trouvais pas. .. J’ai trouvé, je suis le paratonnerre de toutes les haines de nos adversaires et parfois de toutes les ambitions de nos amis » (Le Monde, dimanche 18-lundi 19 décembre 2022). Autain et Corbière ont évidemment la mémoire courte, sinon ils se souviendraient que le Lider maximo leur a donné une circonscription « en or » en Seine-Saint-Denis. Là, le vote immigré fait l’élection ; on vote pour le candidat LFI parce que c’est le candidat présenté par Mélenchon. Inutile de se fatiguer à faire campagne, il suffit de placer la photo de « Méluche » sur les documents électoraux et le tour est joué ; les immigrés le connaissent, ils l’ont vu à la télévision et ils savent que c’est leur homme… Dans la circonscription de Bagnolet-Montreuil-sous-Bois, Alexis Corbière a été élu dès le premier tour (12 juin). Il a obtenu 22 718 voix, soit 62,94 % des exprimés, mais seulement 28,16 % des inscrits (80 662). Pour Clémentine Autain à Sevran, c’est tout aussi formidable. Au premier tour, elle obtient 9 399 voix (46,15 % des exprimés), précédant Virginie de Carvalho (PCF dissidente) qui se contente de 3 091 voix (15,18 %). Au second tour (19 juin), Mme Autain est l’unique candidate car Mme de Carvalho s’est retirée ; la première est donc élue dans un fauteuil avec 11 296 voix, soit 100 % des exprimés, mais seulement 17,80 % des inscrits (63 427). Merci Mélenchon !
Il faut ajouter à cela l’affaire Quatennens qui provoque également des remous au sein de la maison insoumise. En effet des « groupes d’action » de LFI se sont mis en « grève militante » (sic). Une façon pour eux de montrer leur mécontentement suite à la décision de leurs députés de réintégrer dans quatre mois Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales. En « exprimant sa colère et sa déception », chaque groupe est catégorique : « Une gifle est déjà une ligne rouge. Notre combat devient incohérent et l’organisation aurait dû être intransigeante » ; ces groupes « jeunes » apparaissent sur une carte de France mise à jour et publiée par le compte Twitter « Discord insoumis » (d’après Libération, vendredi 23 décembre 2022).
On aimerait bien savoir ce que les insoumis bretons pensent de cette situation « perturbée ». Jusqu’à preuve du contraire, les six députés demeurent silencieux : Mathilde Hignet (Redon), Ségolène Amiot (Nantes-Saint-Herblain), Frédéric Mathieu (Rennes-Bruz), Matthias Tavel (Saint-Nazaire), Andy Kerbrat (Nantes centre), Murielle Lepvraud (Guingamp). On pourrait même ajouter Pierre-Yves Cadalen qui, à Brest, a failli devenir député ; il ne lui a manqué que 118 voix. Sont-ils du côté des frondeurs ou bien demeurent-ils dans la ligne, fidèles à Mélenchon ? Manifestement, les journalistes d’Ouest-France, du Télégramme et de Presse Océan ne font pas leur travail. Pourquoi n’interrogent-ils pas ces sept personnages pour connaître leur positionnement et leurs réactions ? Par manque de curiosité, par souci de ne pas se compliquer la vie, par crainte de se fâcher avec des élus importants… Mais il faut compter aussi avec une rédaction en chef frileuse. D’autant plus que la main-d’œuvre ne manque pas dans le quotidien de Chantepie ; ils sont 620 journalistes. Pourtant François-Xavier Lefranc, directeur des rédactions d’Ouest-France, est clair : « C’est le journalisme qui sauvera le presse quotidienne régionale. C’est sur la rédaction et la qualité qu’il ne faut jamais cesser d’investir » (Le Figaro Economie, mercredi 21 décembre 2022). Le lecteur préférerait des actes aux paroles. C’est-à-dire un contenu « dynamique » et intéressant… Mais il est plus facile de fabriquer des banalités !
Bernard Morvan
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5 réponses à “Mélenchon.L’Evangile selon saint Luc demeure d’actualité”
Clémentine retournera sucer les pi…es à moins qu’elle ne préfère manipuler les godes !!! Mdr …..
Ça fait penser aux fameux « courants » du regretté Parti socialiste, où les camarades s’étripaient avec joie et allégresse…
Etant en total désaccord avec LFI sur tout. Je me suis promis que si un jour ils étaient élus, je deviendrai le premier insoumis : j’organiserai mon insolvabilité, je ne paierai plus d’impôts ni contraventions, je passerai mon temps à manifester et peut-être même casser etc.
Mais qui parle des autres ? Ceux qui refusent la double peine que les députés veulent infliger à Quatennens ? Près de 6 000 signataires, mais ça n’intéresse pas apparemment. https://feministes-pas-integristes.fr/signez-cette-tribune
la France insoumise : cela veut dire quoi au juste un nom pareil pour un parti politique ?
La France : pays? Territoire? Peuple ? Nation ?…..
Insoumise donc rebelle à quoi à l’ETAT ? au Peuple majoritaire ? à la culture majoritaire ? à la Nation ?
Ce parti est le faux nez des islamistes des islamogauchistes et des gauchistes leurs idiots utiles.
Quatennens est leur prophète, Clémentine et Garrigo leurs prêtresses et Merluchon le vieux gourou