En dépit d’un regain tangible depuis quelques années, l’évocation du vin de rosette est plus à même de susciter une réelle perplexité, voire une regrettable confusion avec son homonyme de la charcuterie lyonnaise, tant ce vin cultive une énigmatique confidentialité régionale.
Vignoble gigogne
Cette petite entité enchâssée dans l’aire de Bergerac reflète au fond fidèlement la géographie « gigogne » de la région, passée maître dans l’art de multiplier à l’envie les vignobles adventices. La constellation du Bergeracois assemble en effet une longue litanie d’appellations mitoyennes au caractère plutôt redondant : comme le Montravel et son homologue des Côtes-de-Montravel, et le Haut Montravel, mais encore le Bergerac et son doublon des Côtes-de-Bergerac, le Saussignac, le Monbazillac, le Pécharmant …
Bref, un savant patchwork ou l’intrication des aires d’appellation ne trouve son équivalent que dans la complexité du vignoble savoyard, lui aussi réputé pour mettre au défi la cartographie de l’amateur de vin.
Retour en grâce
Durant l’après-guerre le vin de rosette, auquel est reconnu le statut d’appellation d’origine en 1946, subit une profonde désaffection, surclassé par des liquoreux plus flamboyants et plus prestigieux, le sauternes bien sûr mais aussi son encombrant voisin du Monbazillac. À telle enseigne que dans les années 80, ils ne seront qu’une poignée à tenter de représenter un vin sur le point de tomber dans les oubliettes de l’histoire.
Mais le balancier des modes a fait son chemin et aujourd’hui son sucre modéré auquel s’agrège une agréable pétulance aromatique se liant à un fruité croquant et primesautier rencontre les nouvelles attentes des consommateurs. La pérennité du vignoble peut dorénavant compter sur une nouvelle dynamique de réappropriation des terres, grignotées pendant plusieurs décennies par l’extension de l’agglomération de Bergerac.
Fort de son marché régional, la nouvelle génération de vignerons, œuvre à la sauvegarde de ce vin patrimonial de la Dordogne, que les locaux affectionnent plus que tout.
De la sur-maturité mais pas de pourriture noble
La faible teneur en sucre des vins de rosette les distingue des vignobles adjacents de Monbazillac et du Saussignac, davantage axés sur la recherche de la fameuse pourriture noble engendrée par le botrytis cinerea.
Si le rosette n’exhibe pas l’imposante liqueur, parfois un peu trop sirupeuse, cela est lié à l’exposition et la composition de son terroir à dominante sableuse qui le prédispose moins à l’apparition du précieux champignon. De fait, le rosette se positionne avec un certain réalisme sur le créneau des vins tendres, légèrement sucrés. Paré d’un nez enjôleur qui précède d’affriolantes saveurs de fruits exotiques, il fait valoir un équilibre plus évident, couplé à une digestibilité qui le prête volontiers à une consommation apéritive, bien dans l’ère du temps.
La présence de la muscadelle dans l’assemblage tripartite intégrant sauvignon et sémillon, ajoute beaucoup à l’élégant parfum floral de ce vin.
Enfin pour un prix légèrement plus élevé, la rigueur et la grande homogénéité qualitative de cette micro-appellation, sait la différencier notablement des côtes de Gascogne, largement tombés dans une production quasi industrielle.
Reste que la diffusion des vins de Rosette, en majorité confinée à la région de Bergerac, grève une notoriété qui a du mal à s’établir en dehors du Sud-Ouest. Somme toute, la faible production de l’appellation ne donnerait pas la possibilité de répondre à une demande accrue, à moins de concéder sur les rendements, avec le risque inhérent de dilution auquel nous habitue tant de piètres exemplaires des côtes de Gascogne.
Au lieu de céder aux sirènes du marché, les représentants de l’appellation s’échinent encore à vendanger les raisins en surmaturité tout en réussissant à garder une ligne légère mais substantielle, loin de l’évanescence des congénères gascons…
Domaine de Rooy
À l’instar de nombreux domaines de Bergerac, le domaine de Rooy se consacre au confidentiel rosette aux côtés d’une production beaucoup plus notable dédiée au pécharmant.
Cette propriété propose un rosette totalement dans l’archétype de ce que peut offrir de mieux ce vignoble. Le nez très parfumé mais d’une élégante retenue s’ouvre sur des effluves de litchi, à rebours du parfum par trop prononcé d’un mauvais gewurztraminer d’Alsace. Le vin déroule une matière bien présente, juteuse et fraîche et la finale rémanente ne s’appesantit pas sur le sucre, voire se prolonge sur de discrets amers.
Si sa dégustation semble tout indiquée sur l’apéritif, il accompagnera avec justesse accras, nems ou autres samoussas, relevés d’épices et d’herbes aromatiques, son accord sied parfaitement avec les salades d’inspiration asiatique aux contrastes aigres-doux, car il se complaît à merveille sur le registre du sucré salé.
Raphno
Où trouver ce vin : Production Bruno Godineau, caviste indépendant , Questembert. Tel : 06 03 01 45 23
Crédit photos : DR
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3 réponses à “Rosette : le vignoble oublié du Bergeracois”
pas lu mais VIVE NOS TERRES DE FRANCE GENEREUSES
CESSER D’allez VOIR TROP LOIN revenez a NOTRE TERRE DE FRANCE ET RECOMPENSE AUX VAILLANTS DE LA TERRE FOUTU PROGRES QUI NOUS EGARE DANS NOS PENSEES
AMITIES
Ce domaine se situe où exactement ?
J’aimerais le visiter l’année prochaine.
Merci d’avance
Rosette De Rocker
982 Chemin de la Côte de, 24100 Bergerac
Téléphone : 06 78 75 11 55