“Sexiste”, “machiste”, “de la propagande misogyne”, “une manifestation de la domination patriarcale”, c’est ce que l’on entend désormais fréquemment pour qualifier la langue française et justifier le recours à une construction : l’écriture inclusive. Cette dernière serait garante d’une manière de communiquer non-discriminatoire et contribuerait à une société plus égalitaire, puisque selon ses partisans “le langage structure la pensée”.
Avec sa règle grammaticale du masculin qui l’emporte sur le féminin dans les accords, et son masculin générique (le genre neutre), la langue française induirait dans les esprits un conditionnement sexiste et discriminatoire. Les femmes, non seulement seraient invisibilisées, mais pire, ces règles seraient la condition de la violence envers elles : comme l’affirme l’historienne et professeur émérite de littérature Éliane Viennot , “si on enseigne que le masculin l’emporte sur le féminin, après il ne faut pas s’étonner qu’un enfant de six ans tape sur la tête de sa petite-sœur”. D’autres, telle la militante féministe et comédienne, Typhaine D, autodéfinie “créatrice de la Féminine Universelle”, nous expliquent très sérieusement que le viol et “les meurtres de masse” des mâles envers les femelles, sont causés par notre langage sexiste.
Cette dernière propose donc “la féministation de la grammaire selon la règle « la Féminine l’emporte sur la masculine ». L’abolition de l’arnaque du « masculin neutre » et la disparition de tous ses marqueurs. Exemples : « Elle était une fois », « C’est belle ». Évidemmente [elle] ajoute une E aux participes présentes, adverbes et partoute où cette accorde harmonieuse noues en chante.”
Mais est-on sûr que “le langage structure la pensée” ? Si la langue française est à l’origine des maux susmentionnés, logiquement, mathématiquement, l’inverse devrait être vrai.
Or ce n’est pas vraiment ce que nous démontre la…. réalité. Le peul, parlée en Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie au Nigeria, en passant par le Sénégal et le Mali est une langue non-sexuée, absolument égalitaire, où les mots n’ont pas de genre (les noms sont regroupés par classe nominale). Pourtant, malgré cela, nous parlons de populations championnes de l’excision et du mariage forcé de petites filles. Difficile d’y voir une éventuelle égalité de fait transmise par une langue où le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, puisque ni l’un ni l’autre n’y existe.
Pareillement, les langues bantoues ne connaissent pas non plus de marque de genre masculin ou féminin. Leur aire géographique, l’Afrique subsaharienne, n’est pourtant pas vraiment le berceau de l’émancipation féminine. Une émancipation que ne devrait pas avoir lieu, puisque selon les thèses des militants de la neutralité sexuelle dans le langage, ces zones devraient être depuis toujours des havres de paix égalitaires. Or, ces exemples africains démontrent que les valeurs et l’organisation sociale des peuples ne sont pas déterminées par l’existence ou l’absence de genres grammaticaux.
L’anglais, langue peu genrée où le neutre est très usité, est différente du français et des langues latines en général. Pourtant, l’anglo-saxon a t’il généré des structures mentales et sociétales si différentes de celles des autres cousins européens ? Non.
Si le langage génère une vision du monde, comme le soutiennent ces féministes, des langues différentes auraient dû produire des sociétés totalement différentes.
Autre argument, tout aussi concret : les dictionnaires coréen, turc, ou encore islandais comptent plus du double de mots du dictionnaire français. Cela signifie-t-il que les Coréens, les Turcs ou les Islandais sont plus “penseurs” que les Français ? Les Italiens utilisent en moyenne 47.000 mots de la langue courante, contre 32.000 les Français. La vision du monde italienne est-elle plus riche, plus étoffée que la française ?
Sont-ce donc les règles grammaticales d’une langue qui entraîne une structuration de la pensée, ou l’usage qu’on en fait : le discours ?
Des professeurs émérites, comme Mme Viennot, peuvent-elles ignorer ces réalités ?
Des questions auxquelles on aimerait que les partisans de l’écriture inclusive répondent.
Encore une fois, le pire ennemi de ce féminisme toxique nourri d’abstractions semble bien être la réalité.
Audrey D’Aguanno
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
10 réponses à “L’écriture inclusive contribuerait à une société plus égalitaire ? La démonstration par les langues africaines ”
La langue structure la pensée. Et la différence l’enrichit. Si les Italiens utilisent plus de mots, alors ce sont des personnes plus nuancées dans leurs rapports humains. Quant à l’absence de différences sexuées dans la langue chez les peuples indigènes, elles prouvent leur incapacité à penser les sexes dans la nuance. C’est tout l’un ou tout l’autre. Par contre, le double emploi au sens strict, montre une incapacité à évoluer, à se départir de l’inutile, une peur de la mort.
La démarche féministe hésite entre une « neutralisation » et une féminisation systématique. Au lieu de générer une sortie par le haut, en inventant un neutre à part pour tous les objets, et/ou en accentuant la différence des sexes dans la langue, elle tend vers l’indifférenciation. Pour aller plus loin sur le sujet :
https://www.aimeles.net/rapport-du-hce-la-grammaire-politique-des-feministes/
Lorsque j’étais en activité, j’avais reçu de la part d’un syndicat un livret détaillant droits et devoirs du salarié, écrite en « inclusive », avec des « .e » ou « .es » partout. Au bout de trois pages de lecture pénible, j’ai jeté l’éponge et j’ai restitué le livret au responsable syndical, qui m’a alors toisé comme si j’étais l’incarnation du Grand Capital.
Ce panneau est nul : un homme n’a pas à être un assistant maternel, c’est une tâche féminine.
La langue française a la réputation d’être belle et riche. On peut exprimer dans cette langue des nuances très fines. La contre-partie est qu’elle est difficile à maîtriser, même pour ceux dont elle est le langage maternel, car les règles qui la régissent sont nombreuses et complexes.
Est-ce une raison pour la défigurer de la sorte en rendant sa lecture absconse ?
Personnellement, je pense que ce serait une erreur grossière car cette belle langue a le mérite d’avoir été codifiée durant de siècles et d’avoir atteint une qualité telle qu’elle a longtemps été la langue de la diplomatie internationale. Il faut juste se donner la peine de la parler et de l’écrire correctement, ce que devraient faire, en premier lieu, les professionnels de la parole et de l’écriture dont beaucoup trop émaillent leurs propos ou leurs écrits de fautes récurrentes.
Avant d’imposer cette écriture non genrée, féminisée ou inclusive, il faudrait déjà que la plupart d’entre nous ( donc H et F ça vous va ? ) sachent écrire et rédiger en français ! Fautes de grammaire, d’ orthographe, de syntaxe etc….rajoutez y de l’inclusive et….. bonne lecture !
la déconstruction des français est en marche avant toute dirait le président. les jeunes qui font vingt fautes par ligne vont devoir rajouter des règles stupides pour compliquer l’orthographe déjà bien absconse
« Il-Elle (Elle-Il) y a peu de temps, des ami-es sont venu-es nous rendre visite. Ils-Elles (Elles-Ils) nous ont rassuré-es car nous pensions qu’ils-elles (elles-ils) ne s’étaient plus avisé-es de nous voir. »
Voilà un début de dictée au Collège où il-elle (elle-il) va falloir d’entrée préciser le sexe de ces ami-es. Il-elle (Elle-il) va falloir préciser également qui sont les personnes visité-es (hommes OU femmes, hommes Et femmes, ou encore transgenres).
Quel bordel ! Molière doit se retourner dans sa tombe. Et les élèves déjà en grande difficulté vont achever de perdre la boule !
Pour les néoféministes, la lutte contre la grammaire traditionnelle est plus importante que la lutte contre l’excision, les mariages forcées ou la prostitution des mineures par les racailles.
C’est dire si elles vivent égoïstement dans leur tour d’ivoire universitaire.
La lutte contre la grammaire traditionnelle est bien antérieure à l’écriture inclusive. Voilà au moins 20 ans que la grammaire traditionnelle n’est plus apprise à l’école primaire et au collège. Les élèves sont dépassés depuis longtemps, incapables de construire une phrase complexe correcte. Il ne savent plus, au sortir du collège, ce qu’est une proposition principale et une subordonnée, pas plus qu’ils ne distinguent la nature des mots et leur fonction dans la phrase. Ce qui est pourtant fondamental pour maîtriser la langue. Cet apprentissage se faisait « à l’époque » au primaire et était renforcé au collège. Ainsi, à l’entrée en 6eme, nombreux étaient les petits grimauds qui savaient structurer les phrases et construire des textes cohérents. Aujourd’hui, c’est la débâcle totale. L’Éducation Nationale a été volontairement sabordée sous prétexte d’égalité des chances. Former des cancres est un excellent moyen pour le politique de mener le bon peuple par le bout du nez.
Et maintenant, place à l’écriture inclusive qui va achever de ruiner les esprits et de faire des petits grimauds des esclaves futurs.
Ce soucis d’égalitarisme rageur frise le ridicule et va complexifier à l’extrême, tout en la détruisant, la langue française, qui n’est déjà pas facile à maîtriser. Sera-t-on bientôt obligés de brûler Racine ou Corneille, faute de pouvoir les réécrire en écriture inclusive ? A quand, le parler (obligatoire) inclusif ? Là encore, la majorité perçoit l’absurdité de telles lois et de la logique qui les anime, sans arriver cependant à le formuler clairement. Alors que les tenants de l’écriture inclusive parviennent à nous la faire avaler, sans qu’ils soient tenus de nous prouver en quoi elle constitue un quelconque progrès. On impose d’abord, on débat après, si par bonheur, il y a débat. L’inverse de la démocratie, en somme.