En France, environ un cadre sur trois aurait un projet de reconversion professionnelle afin de changer de métier. Toutefois, la proportion à concrétiser cette volonté est bien plus faible, la peur de se tromper et les risques financiers constituant les principaux freins à un tel projet.
Reconversion professionnelle : le tournant de la crise sanitaire
Contrairement aux idées reçues, la reconversion professionnelle est une perspective qui n’intéresse pas que les ouvriers et les employés car de nombreux cadres, malgré une situation sociale plus confortable, envisagent aussi de changer de métier. À ce sujet, la dernière étude réalisée par l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) en juin 2022 et dont les résultats ont été publiés en ce mois de décembre révèle des informations intéressantes en s’appuyant sur les réponses de plus de 2 000 répondants à l’enquête.
Mais, avant d’aller plus loin, qu’entend-on par « reconversion professionnelle » ? Dans le cas présent, il s’agit d’ un « changement de métier », soit une rupture majeure dans le champ des compétences utilisées dans le cadre du nouveau métier envisagé pour la reconversion. Aussi, certaines transitions professionnelles comme le seul changement d’emploi, d’entreprise ou de région, la progression hiérarchique vers le management, le changement de secteur d’activité s’il n’est pas associé à de nouvelles compétences ne font pas partie d’une reconversion professionnelle. Par ailleurs, notons qu’une reconversion professionnelle est parfois possible dans la même entreprise.
Sous l’effet des impacts de la crise sanitaire, les envies de reconversion professionnelle se sont développées chez de nombreux salariés, en particulier chez les cadres du secteur privé, motivées par une prise de distance avec leur situation professionnelle présente. Ce contexte inédit a favorisé des interrogations, des envies de changement et une recherche de sens et d’utilité, révélant parfois une remise en cause de la relation au travail et à l’entreprise.
Ce désir de reconversion est par ailleurs alimenté par une incertitude générale sur l’évolution des métiers et leur transformation, en lien avec la transformation numérique en cours dans de nombreux secteurs d’activité et les nouveaux enjeux de la transition écologique.
Quitter une tour de la Défense pour le Larzac : un cliché ?
Selon l’étude de l’Apec, un cadre sur trois (31 %) envisage une reconversion professionnelle pour changer de métier. Plus particulièrement, cette intention est davantage répandue chez les cadres au chômage (60 %) et chez les cadres de moins de 35 ans (45 %). En revanche, elle concerne moins les cadres évoluant dans des secteurs ou des fonctions dynamiques, dans des métiers en tension comme l’informatique ou l’ingénierie R&D, par exemple.
Ce désir de reconversion reste néanmoins au stade de simple idée pour une grande majorité des actifs. Seuls 8 % des cadres affirment avoir véritablement entamé des démarches pour un projet de reconversion. En outre, ce désir signifie certes un changement de métier, mais pas nécessairement un changement radical : dans plus de 6 cas sur 10, le choix du cadre est de s’orienter vers un métier proche de son métier actuel.
Dans le même temps, seuls 15 % des cadres ayant un projet de reconversion optent pour un métier radicalement différent. Ceux-ci souhaitent rompre avec leur situation présente en changeant d’abord de secteur d’activité (82 %), de région (54 %) ou en se mettant à leur propre compte (56 %). Aussi, derrière cette envie de reconversion professionnelle, le changement radical de métier est marginal, contrairement à certains clichés relayés dans les médias.
Un passage à l’acte difficile pour les cadres
Le choix de se tourner vers un métier proche de celui actuellement exercé découle en partie du sentiment de difficulté associé à la reconversion professionnelle, y compris chez les cadres qui ont un projet bien défini en tête. En effet, se reconvertir n’est pas perçu comme une démarche aisée par une majorité de cadres (56 %), encore plus lorsqu’ils n’ont pas encore entamé des démarches concrètes (59 %).
Les cadres ayant un désir de reconversion professionnelle considèrent comme particulièrement complexe l’identification de la viabilité du projet au début du parcours (46 %). Et 54 % des cadres pensent qu’il leur sera difficile de convaincre les différents interlocuteurs qu’ils auront à rencontrer, que ce soit pour obtenir un poste ou dans le cadre d’une création d’entreprise.
En revanche, ils appréhendent moins le transfert ou l’acquisition de nouvelles compétences qui sont jugés nécessaires. Ayant conscience du besoin de formation, ils y sont généralement ouverts pour une durée comprise entre six et douze mois.
La perception de la difficulté du processus de reconversion professionnelle correspond aussi pour les cadres à certains sacrifices à consentir. Ainsi, environ 4 cadres sur 10 affirment être prêts à accepter une rémunération plus faible (42 %) ou des horaires de travail plus importants (41 %) dans le cadre d’une reconversion. Une partie encore plus importante d’entre eux renoncerait également à certains avantages comme le statut de cadre (50 %), un poste à responsabilités (63 %) ou des fonctions managériales (66 %).
Insatisfactions professionnelles et bouleversements personnels parmi les motivations
Quant aux causes motivants cette volonté de reconversion professionnelle, elles sont diverses parmi les cadres interrogés. Ainsi, le point de départ du projet n’est pas toujours unique et facilement identifiable. Le projet émerge souvent d’un enchevêtrement parfois inextricable de motivations qui puisent aussi bien dans le contexte professionnel que dans la vie privée des cadres.
Si les déclencheurs strictement positifs (opportunité professionnelle, attrait pour une nouvelle activité) existent, le point de départ est plus généralement une situation d’insatisfaction au travail parfois liée à des éléments de la vie personnelle. L’interaction entre les contextes professionnel et personnel d’un individu à un moment-clé constitue un système de contraintes plus ou moins fortes qui joue sur l’émergence et l’orientation du projet de reconversion professionnelle. Les motivations peuvent se combiner, se clarifier et surtout évoluer au fur et à mesure de la construction et de l’avancée du projet.
L’insatisfaction professionnelle revêt différents aspects qui se renforcent parfois les uns les autres pour cristalliser le désir de reconversion professionnelle. Certains cadres peuvent sentir un décalage entre leur travail et leurs aspirations, leurs valeurs ou leur formation initiale. L’insatisfaction face aux réalités concrètes de leur poste ou de leur entreprise les poussent à se reconvertir pour retrouver du sens au travail.
Par ailleurs, d’autres cadres sont quant à eux confrontés à une lassitude du métier exercé. L’intérêt pour leur poste ou leur métier faiblit et ils ont le sentiment de stagner. Ils souhaitent se relancer en acquérant de nouvelles compétences et
en exerçant un nouveau métier.
Autre cause évoquée, une partie des cadres doit faire face à une dégradation de leur environnement de travail pouvant aller jusqu’à la rupture de contrat (licenciement, rupture conventionnelle,etc.). Elle peut être liée à des évolutions au sein de l’entreprise (restructurations, délocalisations, etc.) ou à leur situation personnelle (stress, tensions avec la hiérarchie, etc.).
Enfin, le manque de reconnaissance professionnelle (progression salariale ou évolution de carrière) génère aussi une insatisfaction qui pousse les cadres à envisager un projet de reconversion.
Sur le plan personnel, le projet de reconversion professionnelle peut aussi trouver ses racines dans une reconfiguration de la vie privée du cadre. Il peut être lié à une remise en cause ponctuelle ou durable de ses choix de vie (la recherche d’une meilleure qualité de vie, par exemple), à des épreuves (divorce, décès, maladie, etc.) ou à des changements, parfois positifs, dans sa situation personnelle (déménagement, naissance d’un enfant, etc.).
Concernant les obstacles cités face à une envie de reconversion professionnelle, la peur de se tromper (34%), le sentiment de ne pas avoir les moyens financiers (28%) ou la peur d’avoir de moins bonnes perspectives de carrière (27%) constituent les principaux freins que doivent surmonter les cadres ayant un tel projet.
Crédit photo : Pixabay (Pixabay License/DaModernDaVinci) (photo d’illustration)
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Une réponse à “Emploi. Reconversion professionnelle : 1 cadre sur 3 en rêve, mais peu franchissent le pas…”
On parle pour ne rien dire au devant d’une analyse toute théorique. La reconversion professionnelle n’est pas un choix mûrement reflechi, mais une opportunité. Et « le passage à l’acte » en fonction du tournant sanitaire, avec tout le respect que j’ai pour Breizh Info qui sont mes lectures préférées tôt dans la nuit puisque nous avons six heures de décalage (J’habite Toronto), ne sont que des élucubrations d’un professionnel de l’écriture. Quant aux pourcentages cités, je serais curieux de savoir dans quelle mare aux questions ont-elles été pêchées ?… Bref, je vous apprécie, et vous aime bien -et meme beaucoup- mais je reste étonné au-devant de cet aparté littéraire un rien mathématique …
Lizez mes livres ! C’est plus mieux comme on dit en banlieue !…
Amitiés, certaines !