La saison de biathlon se poursuit ce week-end au Grand-Bornand, en France. Le biathlon, qui explose depuis des années avec de très bonnes audiences à la télévision et un public de plus en plus nombreux. On pourrait en dire autant du cyclisme, et à un plus petit niveau, de sports comme le cyclo-cross, ou même les fléchettes (darts) qui intéressent des passionnés regroupés dans ce que l’on appelle « des niches ».
Et dans ces niches, on retrouve aussi des passionnés de sport (mais aussi de paris sportifs), des tipsters (qui donnent des conseils) parmi lesquels Gilles Mazuy, bien calé dans les sports cités plus haut, qui travaille pour un opérateur belge de paris sportifs (Ladbrokes) et qui distille des conseils et des analyses regroupant une communauté qui prend de l’ampleur.
Nous l’avons interrogé sur la saison de biathlon en cours, sur les projets qu’il a chez son employeur, sur les sports de niche justement, ou encore sur la saison cycliste à venir.
Breizh-info.com : Parlez nous du nouveau projet Ladbrokes que vous avez lancé cette saison à l’occasion de la Coupe du monde de biathlon ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Ladbrokes avait en projet de créer un studio professionnel pour se développer. Le projet a été monté, le studio est arrivé à son terme. On l’utilise pour notre chaine Twitch. Nous n’avions pas de plateau pro avant, on va s’en servir pour faire des émissions plus qualitatives, recevoir des invités, et faire plaisir à nos fans.
Breizh-info.com : Vous êtes employé vous même de Ladbrokes ? Avec des émissions spécialement biathlon et cyclisme ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Oui, je suis un employé lambda. Je suis spécialisé biathlon, cyclisme, fléchettes, cyclo-cross. Que des sports de niche. Et chez Ladbrokes je m’occupe des réseaux sociaux.
Breizh-info.com : Par rapport aux paris suggérés, aux analyses, n’y-a-t-il pas une forme de conflit d’intérêt, ou des risques sur le sujet ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Non, car mon but et celui de la boîte est de promouvoir le jeu responsable. J’essaie de donner de bons paris sportifs, et j’explique comment bien gérer sa bankroll, comment bien gérer ses mises. Mais aussi, je fais de la publicité pour le site, comme d’autres experts font d’autres paris pour d’autres sites. Je pense que chacun le fait objectivement pour fidéliser sur le site. C’est comme offrir une boisson ou un apéritif dans le restaurant, ensuite les gens font ce qu’ils veulent.
Breizh-info.com : Ladbrokes est un site belge, sur lequel les français ne peuvent pas jouer. Et pourtant votre émission attire une majorité de français sur le biathlon, le vélo…
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : On parle la même langue, il y a d’office une majorité de français, car vous êtes beaucoup plus que nous. En Belgique, seuls 1/3 des gens parlent français. On s’entend très bien avec les Français. Néanmoins ma façon de parier est parfois ennuyante pour les Français car certains types de paris ne sont pas autorités par l’ARJEL qui régule les paris en France. Notamment les paris en face à face (head to head) qui en France sont remboursés hors top 30. Mais aussi les paris sur les fléchettes, ou en cyclo-cross qui n’existent pas en France. D’ailleurs sur une émission de cyclo cross, on a beaucoup moins de monde.
Breizh-info.com : Le cyclo cross n’est pas encore sportivement très populaire en France, contrairement à la percée du biathlon ces dernières années…Pourtant les gamins font du cyclo-cross l’hiver en France dans des écoles de cyclisme…
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Il y a une question de culture. Ce n’est pas dans les moeurs en France le cyclo-cross. Nous, en Flandre, il y a une vraie culture, une vraie religion. Il manque une locomotive en France. Sur le biathlon, il y a du monde autour des pistes en France, comme au Grand Bornand cette semaine, car des Français gagnent et que les gens veulent voir des Français gagner. En cyclo-cross, ce n’est pas le cas. Chez les hommes en France, c’est un désert. Chez les femmes, Pauline Ferrand-Prevost n’est plus la star qu’elle était.
Mais il y aura tout de même deux épreuves de Coupe du monde cette année en France (dont une en Bretagne, à Pontchâteau), et les courses sont retransmises désormais, donc il y a une volonté de promouvoir ce sport. Pour les cyclistes c’est une très bonne école, c’est de là que viennent les champions, et par ailleurs, à la télévision, c’est plus intéressant qu’une étape de sprint en cyclisme…
Breizh-info.com : Pourquoi certains paris n’existent pas en France, comme le head to head, ou alors depuis très récemment ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Difficile à expliquer. Je ne suis pas dans les process de l’ARJEL. Pourquoi vous n’avez pas le cyclo cross ou les fléchettes alors que c’est professionnel ? Je n’ai pas l’explication. Nous sommes déjà peu, en tant que tipsters, à parier sur le biathlon. Il y a finalement peu de gens qui en parlent tout le temps. Mais peut être que les bookmakers ont décidé, par exemple, d’intégrer le head to head récemment car ils voyaient que ça intéressait un certain public.
Breizh-info.com : Quels tipsters conseilles-tu d’ailleurs ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Je n’aime pas trop les VIP qui font payer. J’aime bien Maestro, Winter – même si il donne moins de pari actuellement. Mais si j’étais comme eux à devoir jouer podium, vainqueur, top 10 ou top 6, je serais moins à l’aise. J’ai trouvé une façon de parier qui me convient avec les head to head.
Breizh-info.com : Sportivement parlant, comment voyez-vous la saison de biathlon, qui se poursuit ce week-end au Grand Bornand ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Le boss est de retour. Johannes Boe montre qu’il est solide sur les skis, sur le tir. Sur les côtes on le voit d’ailleurs, elles sont basses. Pour les hommes c’est la grande chose à dire, le duel se jouera avec Laegreid pour le gros globe. Ils ont chacun des qualités différentes. Pour les Français, c’est mort pour le général je pense, mais ils vont monter en puissance cette saison, notamment au Grand Bornand.
C’est une saison avec moins de surprise attendue, car c’est pas une année olympique. La lisibilité des courses est plus facile. Chez les hommes, l’absence de la Russie et de la Biélorussie se voit moins que chez les filles, sans Alimbekava, Sola…
Chez les filles, il manque les deux stars de la discipline ; Eckhoff et Roiseland. Il y a beaucoup plus de choses qui peuvent se passer. Les Suédoises sont en forme en début de saison. Elvira Oeberg va très vite mais tire moins bien, d’autres ne font pas assez vite sur les skis (Wierer, Hauser..)
Je ne crois pas à la surprise Lampic : elle débute, elle a fait une belle course, mais elle a eu une chance incroyable sur son sprint. Je ne pense pas qu’on la reverra trop cette saison, même si contrairement à Nilsson, elle arrive à se mettre directement dans la démarche biathlon. Elle a pulvérisé Elvira Oeberg en temps de ski.
Julia Simon est la révélation française du moment. Mais là où j’ai du mal c’est sur leur régularité, sur plusieurs semaines, au tir. D’ailleurs je ne parie quasiment jamais sur elles car elles sont volatiles. Chez les hommes c’est plus régulier en général.
Breizh-info.com : Quid du cyclo-cross et du cyclisme, qui va bientôt reprendre ? Pour le cyclo-cross, a-t-il moins d’intérêt avec l’arrivée tardive des stars Van der Poel, Pidcock, Van Aert ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Cette année, saison intéressante, avec les stars qui arrivent au compte goutte et qui dominent. Van der Poel est revenu et a gagné deux fois. Van Aert monte en puissance. Pidcock moins performant. On va avoir une belle bataille Van der Poel Van Aert, mais ça fait un cyclo cross à deux vitesses. Quand les deux sont là, c’est intéressant, si un seul des deux est là, il écrase la course.
Concernant les autres cyclo-cross men, ils sont plus, je pense, dans l’admiration que dans le dégoût de voir ces gars là écraser la course. En cyclo-cross, c’est individuel, on ne peut pas tricher, c’est le plus fort qui gagne. Et puis ils savent qu’en début de saison ils ont leur chance sur certaines courses.
Breizh-info.com : et sur le cyclisme, quel format programmez vous cette saison ? Et comment la voyez vous sportivement ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : Avec le studio, ça va être intéressant. On va streamer le matin de toutes les grosses courses de la saison, depuis chez moi le week-end et en plateau en semaine. Notamment pour les grands tours. On va avoir de nouveaux concepts, c’est encore tout neuf donc on y réfléchit.
Concernant le côté sportif, sans être chauvin, j’aime suivre les sportifs belges. Je veux voir Remco Evenepoel gagner le Giro. C’est ce qui va m’animer cette saison. Il va y avoir aussi des classiques flandriennes. Wout Van Aert va faire un objectif principal de celles-ci. Il y aura le tour de France avec surement le duel Pogacar Vingegaard, la revanche. Gaudu peut-il faire quelque chose ? Et Roglic ?
Breizh-info.com : la Quickstep aussi a une revanche à prendre sur une saison en demi-teinte, Remco Evenepoel mis à part ?
Gilles Mazuy (@gilleslouks) : On arrive en fin de cycle, le cycle Tom Boonen flandriennes. Asgreen a gagné, Dewolder idem. Ils opèrent un changement de philosophie pour donner les clés du camion à Evenepoel. Qui n’est pas un flandrien. Donc les choses changent. Le public belge veut des victoires, qu’elles soient flandriennes ou sur les grands tours. Quickstep a entre ses mains un gars qui peut révolutionner le cyclisme en Belgique : c’est un belge, rock star, grande gueule, il faut capitaliser dessus et mettre les moyens pour l’aider.
Mais Quickstep n’est ni UAE ni Ineos, ils n’ont pas le même budget, ils doivent réfléchir pour avoir les bons coureurs à prix raisonnables. Pour faire une grande équipe autour d’Evenepoel, c’est obligé de laisser un peu de côté les classiques même s’ils auront toujours des coureurs capables de les gagner car la préparation est parfaite dans cette équipe. Asgreen se rate l’an passé. Ils doivent se séparer de Julian Alaphilippe ça me semble évident, il ne peut pas y avoir deux leaders comme ça.
Propos recueillis par YV
Pour retrouver Gilles Mazuy sur twitter, c’est ici et sur Twitch, c’est ici.
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2 réponses à “Biathlon, cyclisme, cyclo-cross, sports de niche : on en parle avec Gilles Mazuy (@Gillouks) [Interview]”
J’ai honte, je l’avoue à l’avance de poster un commentaire que d’aucun jugerons sexiste, mais qui est la sublime Italienne sur la photo-titre ? Il est vrai que souvent les Biathlètes Femmes (comme hommes d’ailleurs) sont plutôt bien fait, mais là, la fille est carrément une merveille. Bravo en tout cas à toutes ces sportives et sportifs qui font honneur à leur discipline sans avoir des millions pour seule motivation.
Il s’agit de Dorothea Wierer, généralement classée dans les dix premières. Elle est originaire du Tyrol du Sud, qui est italien seulement depuis 1919 et de langue allemande.