Italie. La crédibilité de Giorgia Meloni désormais en jeu après avoir finalement autorisé le débarquement de plus de 500 clandestins

Bien qu’ayant fait de la lutte contre l’immigration illégale l’un de ses arguments phares lors de sa campagne électorale, Giorgia Meloni a finalement autorisé trois navires d’ONG à débarquer plus de 500 clandestins le week-end dernier en Italie. Une exception censée confirmer la règle ?

L’Italie autorise finalement les clandestins à débarquer

Une fois de plus, le chantage émotionnel a fonctionné, comme nous le pressentions il y a quelques jours. En effet, après avoir effectué leurs « repêchages » habituels de clandestins en mer Méditerranée, parfois à quelques kilomètres seulement des côtes du Maghreb, plusieurs navires affrétés par des ONG pro-migrants avaient réclamé, au cours de la semaine dernière, la possibilité de débarquer ces migrants dans un port de l’UE.

Suite à cette pression, c’est finalement l’Italie qui a cédé, en accueillant les trois navires en question. Au total, plus de 500 clandestins supplémentaires ont pu débarquer en Europe après que les autorités italiennes ont donné leur feu vert vendredi 9 décembre.

Ainsi, le dimanche 11 décembre, le Geo Barents, navire affrété par MSF (Médecins sans frontières) débarquait 248 migrants dans le port de Salerne.

Nouveau « cadeau » pour l’île de Lampedusa : Rome autorisait le navire allemand Louise-Michel, affrété par l’artiste Banksy, à débarquer 33 clandestins 9 décembre.

Enfin, dernier des trois navires, le Humanity 1 de l’ONG SOS Humanity a accosté dans le port de Bari le 11 décembre avec 261 migrants à son bord.

Gouvernement Meloni : les mots ne suffiront pas à masquer les chiffres

Si cette décision a pu rendre incrédule, dans d’autres pays européens comme la France, ceux qui voyaient dans l’arrivée de Giorgia Meloni au poste de Premier ministre l’annonce d’un changement radical de politique migratoire, le gouvernement italien a justifié cette décision par les conditions météorologiques de la fin de semaine dernière.

Le ministère italien de l’Intérieur a précisé auprès de l’AFP samedi 10 décembre que ces autorisations de débarquer avaient été données aux ONG « parce que le mauvais temps s’approche et les conditions de navigation auraient rapidement fait courir un risque aux personnes à bord ».

Dans le même temps, les autorités italiennes ont tenu à préciser que « sur l’immigration, aucune volte-face » n’était à attendre de leur part. Toutefois, l’accueil de ces trois navires, les premiers en Italie depuis le mois de novembre et l’annonce du gouvernement Meloni de ne plus les accepter dans les ports du pays, fait désormais planer le doute quant aux moyens d’action dont dispose Rome face à la pression conjointe des ONG, d’une large partie des médias mainstream favorables à l’accueil des migrants et de certains dirigeants de l’UE.

Toutefois, le nouvel exécutif italien, toujours selon l’AFP, continue de dénoncer « les actions provocatrices et risquées » des ONG qui « favorisent l’entrée en Italie de migrants économiques n’ayant aucun droit d’entrer et de rester en Italie ».

Mais, faute d’une volonté plus affirmée, les mots ne pourront pas masquer longtemps les chiffres : en 2022 l’Italie a vu plus de 97 000 clandestins débarquer sur ses côtes depuis le 1er janvier. Un nombre bien supérieur aux 63 000 recensés sur la même période en 2021 et aux 33 000 de l’année 2020.

L’épreuve de vérité pour Giorgia Meloni ?

Devant le Sénat italien le 14 décembre, Giorgia Meloni a posé la question suivante au sujet de l’accueil des clandestins : « Pourquoi l’Italie devrait-elle accepter de faire quelque chose que d’autres ne veulent pas faire en Europe ? » Et d’ajouter : « Puisque je ne veux pas le faire non plus, trouvons une autre solution : arrêtons les départs et défendons les frontières extérieures de l’Union européenne. Il me semble que les autres qui ne veulent pas des redistributions [de migrants, NDLR] et les ONG sont aussi d’accord. »

En attendant, cet appel à défendre les frontières extérieures de l’UE peine manifestement à se faire entendre et, quoi qu’en dise le gouvernement Meloni, la décision d’accueillir les trois navires des ONG pro-migrants a été perçue comme un réel assouplissement de la ligne politique. Ce qui a fait écrire le 10 décembre à La Repubblica, quotidien italien de centre gauche, que « les semaines à venir seront toutefois le test décisif de cette ligne plus souple du gouvernement. Ce qui pourrait se traduire par la présence de plusieurs navires humanitaires devant les ports [italiens, NDLR]. »

En effet, plusieurs des ONG opérant en Méditerranée ont lancé une véritable campagne de secours de Noël, soutenue également par des personnalités du monde de la culture et du spectacle, comme par exemple l’acteur Richard Gere. L’épreuve de vérité devrait ainsi débuter pour Giorgia Meloni.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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11 réponses à “Italie. La crédibilité de Giorgia Meloni désormais en jeu après avoir finalement autorisé le débarquement de plus de 500 clandestins”

  1. Merlin dit :

    L’émotion et non pas la raison guide les européens.
    Peut-être encore plus les européennes que les européens.

  2. Hadrien Lemur dit :

    La seule solution pour se sortir du chantage des ONG c’est de mettre leurs bateaux sous scellé. Il est simple de bloquer un bateau à quai par les autorités d’un pays, il suffit de le déclarer non conforme aux normes en vigueur localement et de lui interdire toute navigation dans les eaux territoriales du pays. Ça peu durer longtemps sinon.

  3. gillet dit :

    lamentable !

  4. JGE83 dit :

    Trois bonnes nouvelles pour l’instant:
    Ocean Viking est à quai à Marseille depuis un mois, manque à gagner pour les passeurs qui ne peuvent plus surfacturer autant de passagers car le voyage est jusqu’à Lampedusa,
    Humanity 1 fait route vers l’Espagne après avoir débarqué sa cargaison à Bari,
    Les deux autres ne patrouillent pas devant les côtes libyennes, ils prennent un peu de repos bien mérité en Italie.

  5. Franck dit :

    Quelle rigolade, tous ces journaleux qui disaient qu’avec Meloni le fascisme était revenu au pouvoir en Italie, sans doutes les mêmes qui médisaient de Marine Le Pen craignant le retour de la peste brune en France, la vérité c’est qu’ils soient de droite ou de gauche les politiques n’ont plus aucun pouvoir dans leur pays, mais travaillent en sous main pour arranger leurs propres petites affaires

    • Tout a fait d ‘accord avec vous Franck ,mais le pire de l histoire c ‘est qu ‘ils ne vont pas rester en Italie ,ils vont radriner ici ,on est tellement large sur les aides ,ils sont attirer ,écœurant

  6. COUTAND dit :

    Une petite enveloppe est-elle la cause de se revirement ?

  7. Berger dit :

    Au final,Meloni fait exactement la meme politique pro migrants que ses predecesseurs ! Toute sa campagne n’etait donc que du bla bla ! Peut etre aussi qq arrangement financier a la clef ? Why not !

  8. NOEL dit :

    Elle se ramollie la Giorgia , signe de faiblesse face à la dictature de la  » grosse » commission qui va lui faire avaler son chapeau .

  9. patphil dit :

    trahir ses électeurs? une habitude ?

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