4 ans après les gilets jaunes : numérisation, inflation, austérité et ultraviolence

La France entière est déjà gelée devant la perspective d’un hiver des plus austères, entre inflation galopante sur tous les secteurs et coupures électriques possibles partout et à tout moment. Un peuple frigorifié, atomisé, autrement dit devenu incapable de la moindre réaction, de la moindre révolte. Comme si le coronavirus de 2019 et les confinements que celui-ci a provoqué, en France comme ailleurs, avaient atteint un objectif latent : la zombification des esprits. Pourtant, dans l’Hexagone, une rage s’était exprimée pour beaucoup moins que cela : une hausse significative du prix de l’essence, sur fond déjà de baisse du pouvoir d’achat.

Au bout d’un an de mandat macronien, des hommes et des femmes s’étaient mobilisés sur des ronds-points d’abord, et plus massivement encore dans les grandes villes, jour après jour, puis in fine chaque samedi durant des semaines, principalement entre novembre et décembre 2018. Les médias les appelaient « les gilets jaunes ». C’était la France périphérique du géographe Christophe Guilluy, la France des « gens ordinaires », la France qui se lève tôt pour travailler dur, mais pour gagner de moins en moins. Alors, le mépris social était devenu normal. Le porte-parole du gouvernement de l’époque, Benjamin Griveaux, avait ironisé en parlant de « gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel ».

Puis ce mouvement social, rapidement noyauté par des YouTubeurs, leaders autoproclamés, et dont les manifestations se transformaient en guérillas causées par un parterre de racailles et de pseudo-antifascistes, finit par se déliter. La banlieue avait supplanté les ronds-points, avec des bourgeois de gauche en sus voulant faire des rues un terrain de jeu, un défouloir, un « fightclub », contre la police. Et comme toujours, l’État français est fort avec les faibles et faible avec les forts : la répression policière visait essentiellement les vrais gilets jaunes, ceux des origines. Tragiquement, des gueules cassées dans une guerre de tranchées qui ne fait que commencer1.

Seulement, aucun impact de ce mouvement, tant sur le plan sociologique qu’électoral, l’abstention progressant durablement. Ou quand la politique n’est même plus « l’administration des choses ». Car, depuis la crise sanitaire, l’ubérisation s’est intensifiée, affectant même les services publics. Du reste, il ne s’agit plus que de faire dans la moraline, de parler de « diplomatie féministe », de « sobriété énergétique », c’est-à-dire d’éluder les vrais problèmes en inventant des faux problèmes. Clairement, il n’y a plus de courage de la vérité. Plus rien ne doit être dit et écrit contre les super-États que sont, entre autres, l’Union européenne, l’Organisation des Nations unies et l’Organisation mondiale de la Santé. Plus rien ne peut être évoqué contre la mainmise des lobbies, de LGBTQIA+ aux pétromonarchies, sur l’éducation, la culture et la recherche, le tout non sans la complaisance de nos chères loges maçonniques. « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », avait affirmé La Boétie.

Henri Feng

1 Le très beau livre intitulé Gilets jaunes, une année d’insurrection et de révolte dans Paris [Chronique : Yvan Hardoy/Photographies : Marie-Anne Gongora-Ristroph, Jean Grody, Justin Rouhier/ Édition : Yellowsphere] revient sur l’ensemble des manifestations parisiennes du mouvement.

Crédit photo : DR

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8 réponses à “4 ans après les gilets jaunes : numérisation, inflation, austérité et ultraviolence”

  1. Brounahans l'Alsaco dit :

    Il n’y a qu’une seule solution pour s’en sortir, greffer des couilles à une grande majorité de Gaulois qui ont oublié de l’être !

  2. Henri dit :

    Je me demande combien de supporters marocains (euh non, je veux dire : anglais) la police française va éborgner ce soir…

  3. Connaissez-vous : « L’insurrection des Gilets-jaunes et la nouvelle société qui vient », Jean-Yves Jézéquel, Publibook, 2019, 318 pages, ainsi que « L’insurrection des Gilets jaunes, le massacre Coronavirus et la nouvelle société qui vient », tome 2, même auteur, Publibook, 2021, 351 pages? Si vous êtes intéressés, donnez moi une adresse mail où je pourrai vous envoyer le PDF.

  4. Michel dit :

    C’est vrai que les Français sont résignés
    mais je pense que plus on les fouettes et plus ils en redemandent ainsi pourquoi nos gouvernants se généraient … , ils peuvent continuer longtemps comme cela et je pense qu’ils ne réagiront que lorsque les magasins et grandes surfaces
    d’alimentation seront vides .
    J’entends souvent le refrain  » on ne peut que subir » c’est consternant !
    Heureusement que nos aînés se sont battus pour nous en 1936 pour que nous ayons des droits sociaux, en leurs mémoires nous avons le devoir de ne jamais baisser la tête et de réagir …

  5. domper dit :

    Que reste t-il des gilets jaunes, que reste t-il de nos espoirs, une photo, vielle photo plein de tristesse..
    Que reste t-il de nos rond points, que reste t-l de nos souffrances, un cauchemar qui me poursuit sans cesse….espoirs volés, rêves mouvants, des matraqués et des perdants,
    Que reste t-il de tout cela, dîtes le moi…
    Voilà ce qu’aurait pu chanter Charles Trenet sur cette épopée populaire….

  6. jessax56 dit :

    l’hiver ne sera probablement pas plus froid que les précédents.
    l’électricité est aussi disponible que les autres années, la preuve on en exporte.
    la seule différence vient de Macron :
    comme il l’a lui même dit, il veut emmerder les Français !!
    donc, comme pour le soit disant covid qui n’est que le virus de la grippe, après le masque inutile, la prison à domicile avec son confinement, il continue sa dictature par la peur en nous menaçant de nous couper le courant pour qu’on se les gèlent.
    autre étape qui a déjà commencée avec l’augmentation des prix, c’est de nous faire crever de faim en organisant la pénurie d’aliments.
    mais les Français sont si satisfaits d’être menés comme des moutons à l’abattoir qu’ils en ont redemandé en revotant pour lui, alors, qu’ils ne viennent surtout pas se plaindre, Zemmour les avait prévenus.

  7. patphil dit :

    il serait temps que les gaulois et celtes se rendent compte et cessent de voter pour des gugusses qui se moquent d’eux, l’abstention est toujours un piège à con

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