Guerre en Ukraine. Mais pourquoi donc des hommes meurent-ils pour leur pays ? [L’Agora]

Un homme qui meurt pour son pays le fait généralement pour des raisons et des motivations qui ne sont pas celles de ceux qui l’envoient se faire tuer. C’est un homme simple qui veut défendre sa terre, son héritage, son village… Presque toujours, il est le jouet et la victime de stratégies et d’intérêts qui le dépassent. Ce n’est nullement propre aux conflits contemporains.

C’est un état de fait qui a été souvent dénoncé, partiellement à raison, par les marxistes et les internationalistes pour qui il fallait dépasser le « concept » de patrie pour ne se battre que pour des intérêts de classe, d’idéologie. Si l’on conspue aujourd’hui le soldat ukrainien qui défend son pays parce qu’il « sert de facto les intérêts de Soros, de BHL et de l’Otan« , pourquoi ne pas jauger de la même façon le poilu de 14 ou le cadet de Saumur de 40? A qui et à quoi ont finalement servi et profité leur glorieux sacrifice? Pourquoi les honorer alors qu’ils ont finalement creusé malgré eux le chemin qui nous a mené là où nous en sommes aujourd’hui?

Parce que, contrairement, justement, aux marxistes, nous ne sommes pas des idéologues désincarnés et sans frontiéristes, que nous mettons des valeurs au dessus de tout, des types d’hommes au dessus d’autres, des comportement individuels au-delà des finalités induites, souvent, hélas, incontrôlables…

L’hétérotélie – le fait qu’une action entraîne un résultat différent – voir contraire – à celui pour lequel elle a été accomplie – est l’une des règles les plus courantes du monde, cependant, si on l’accepte comme une fatalité, elle ne peut produire que l’immobilisme ou le règne des plus bas calculs… qui d’ailleurs, généralement, ne fonctionnent pas davantage. Si seule l’idéologie compte, il faut alors en finir avec l’idée d’enracinement, de patries charnelles, de peuples différenciés et de nations, et nous faire les fourriers d’un « bon » impérialisme, précurseur d’un « bon mondialisme », conforme à nos « idées » mais identique dans ses ressorts et ses fonctionnement à tous les autres, et chercher partout sur la terre le potentat local qui saura l’incarner puis l’imposer. Espérer trouver ailleurs, dans des lointains, la possibilité d’un réveil, d’un sursaut et d’un renouveau que nous ne sommes plus capables de produire, est plus qu’un aveu d’échec, c’est un avis de décès.

Xavier Eman

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11 réponses à “Guerre en Ukraine. Mais pourquoi donc des hommes meurent-ils pour leur pays ? [L’Agora]”

  1. creoff dit :

    Mourir pour son pays certes! Mais souvent, l’incompétence, l’arrogance, la cupidité des supérieurs, des généraux, des politiques, envoie au massacre de jeunes hommes qui valent beaucoup mieux qu’eux. Ce serait sain si ces décideurs chargeaient, comme les chevaliers et nobles d’autrefois, en tete de leurs troupes. Même Napoleon a chargé au pont d’Arcole et ailleurs avant d’etre empereur..et il était à Moscou aussi et a fait une partie du chemin de retour jusqu’à la bérizina… Aucune homme ne devrait décider la mort d’autrui à la guerre sans s’y etre exposé aussi.

  2. Duranda dit :

    Article presque poétique.

  3. Pschitt dit :

    Tout à fait d’accord avec ce point de vue. Les Ukrainiens donnent à l’Europe l’exemple du courage, de la résilience, du sacrifice et de l’esprit identitaire. Ils sont un peuple debout.

    • patphil dit :

      prets à mourir surtout pour que la bande à zélinski puisse continuer à avoir des portefeuilles bien garnis aux iles caiman

  4. Laurent Ozon dit :

    Bonjour.

    Un homme meurt sur un champ de bataille. Meurt-il pour son pays ? Pour sa famille ? Pour l’idée qu’il se fait de ce qui est digne ? Mourrait-il s’il savait pour quoi il meurt ? Mourrait-il s’il savait ce que sa mort changera ou produira ? Voudrait-il mourir s’il avait le choix ? A-t’il le choix ? Peut-il dire qu’il ne veut pas mourir ? Qui décide de son choix ? C’est en effet une vieille, très vieille litanie de questions que se posent les Européens depuis bien avant les boucheries industrielles de la « Grande Guerre ».

    Des hommes meurent de part et d’autres en Ukraine. Ils sont engagés dans une vortex de mobilisation sous stress vital qui leur retire la possibilité d’un choix individuel. Dans les collectifs sociaux modernes, c’est l’État qui décide de la guerre, de qui est l’ennemi, de qui va mourir ou de qui va pouvoir se mettre à l’abri à Tel-Aviv ou à Varsovie. Et l’État n’est pas le peuple.

    Dans la guerre, le vortex de mobilisation et de coopération fait taire toute distance, toute individualisation du choix, toute liberté et vous ne décidez pas de quoi, par qui et pour quoi vous mourrez. C’est un sacrifice plus ou moins consenti.

    Cela ne mérite ni l’opprobre ni le mépris. Mais lorsque l’on a (temporairement ?) La chance de ne pas se retrouver dans le vortex ou dans le hachoir, quel est notre devoir ? S’y précipiter ? Je ne crois pas. Célébrer le courage des combattants ? Laissons cela aux familles et a la propagande. Nous qui vivons dans des pays européens et voyons nos frères à l’Est s’entretuer, quel est notre devoir ? Pas le-leur, le nôtre !?

    Je vais vous le dire : notre devoir est de comprendre qui décide de cette guerre, pour qu’elle raison cette guerre se produit, d’anticiper quel en sera le résultat et de pouvoir le dire haut et fort. Le dire et d’en tirer les conséquences, tant que nous avons cette liberté que les « hommes qui meurent pour leur pays » n’ont plus.

    Déclarer « On ne sait pas pour quoi on meurt à la guerre et quel sera le résultat de ce sacrifice mais c’est ainsi et c’est la vie » c’est seulement célébrer l’abattoir. Quand la guerre nous prend, ce n’est plus une option. Quand on n’y est pas encore, c’est se comporter en citoyen, en être libre, en politique, en homme, que de chercher à comprendre, à aider ceux qui veulent vivre et qui veulent que les rapports de forces entre Européens puissent se résoudre par la diplomatie plutôt que par la mort et la destruction.

    Laurent Ozon

  5. VORONINE dit :

    J’aiservi mon pays sous l’uniforme pendant près de quarante ans….On croit mourir pour son pays , pour les camarades, les proches, les gens que l’on aime , en fait on meurt toujours pour le grand capital , des gens qui vous méprisent , et se moquent de vous ! L’Ukraine à ce titre est très éclairante .

  6. M dit :

    Les pays et les peuples survivent grâce à leur ruse, leur force et leur intelligence dans les relations internationales. Pas à cause de leurs « valeurs », idée moderne bien 5ème République française.

    Se battre « pour se battre » n’apporte que la destruction du peuple qui devait être protégé. Les Ukrainiens, et notamment les plus radicaux, auraient mieux fait de botter le cul des oligarques et des Etats-Unis hors du pays et de faire la paix avec les russophones, s’ils tenaient à leur peuple.

    La position intransigeante de l’Ukraine leur est imposée par les Occidentaux. A quel point un soldat doit-il se battre dans une guerre qui détruit le pays qu’il est censé protéger ? A quel point cesse-t-on d’être un militant pour devenir un idiot utile du système, à quel point un soldat ukrainien devient-il un soldat américain par proxy ?

    Le romantisme de la guerre est détestable, seule compte la survie et l’indépendance. L’Ukraine aurait bien pu perdre une partie de son territoire, pour se préserver et éviter la destruction de son pays, ce qui lui aurait permis par la suite de reprendre l’ascendant sur les Russes si l’envie lui prenait. Au final, le pays est ruiné, le peuple a déserté, le territoire n’a pas été repris et le pays devra accepter toutes les couleuvres des USA et de l’UE[1]. Merci aux « valeurs » – au moins, nous ne parlons pas allemand, n’est-ce pas?

    [1]: https://www.monde-diplomatique.fr/2022/10/RIMBERT/65197

  7. Analyse intelligente de Laurent Ozon.

  8. Dominique dit :

    En Ukraine des peuples majoritairement slaves, menés de force par des nationalistes surgis des bureaux de Staline et Krutchev, puis par des nazis depuis les années 1930 meurent parce que l’empire du mal et du mensonge qui est aux mains des dynasties bancaires anglo-saxonnes, a fait de ce pays récent un proxy armé pour faire la guerre à la Russie… peuplée majoritairement de Slaves également.

    Ils meurent parce que ces banquiers veulent réussir – enfin ! – à s’accaparer des formidables richesses des sous sols du plus grand pays du monde.

    Ils meurent parce que Angela Merkel, à laquelle Vladimir Poutine offrait des fleurs, a trahi la confiance de Poutine :
    https://brunobertez.com/2022/12/07/angela-merkel-dans-une-interview-avec-die-zeit/

    Elle vient de dire, sans fierté, que les Accords de Minsk visaient uniquement à donner du temps à Kiev pour créer une armée face à Moscou … Wir Schaffen Das, on la connait la traitresse.

    Pendant 8 ans Moscou s’est donc fait ballader par Bonn ! Et 14.000 Russes de sang sous carte d’identité ukrainienne sont tombés sur leurs terres, déchiquetés par les obus à fragmentation des bataillons ukronazis Azov et Privat Sektor !

    Et la boucherie s’accentue maintenant, comme en 14, comme en 40, comme en Serbie, en Irak, en Lybie, au Yemen, en Syrie etc. Pour l’empire il s’agit de voler des richesses et d’étendre sa puissance sur des territoires d’intérêt stratégique. Mais des familles vivent sur ces territoires qui les nourrissent depuis des siècles. L’Irak c’était Babylone, et le Kosovo était le coeur chrétien des Serbes aux mille églises et monastères.
    Voilà pourquoi des hommes meurent, pour vivre et perpétuer leurs civilisations que les oligarques assoifés de pétrole et autres richesses, et des nazis assoifés de sang veulent effacer de la mémoire de l’Humanité.

    Évidemment, des Irakiens ont fuient leur Babylone, des Serbes ont fui leur Kosovo, des russophones et des Russes ont fui Kiev, Odessa, les plaines centrales et le Donbass.
    Mais beaucoup reviendront sur leurs terres.
    Lorsque l’empire du mal s’effondrera, vaincu par le monde multipolaire ou détruit de l’intérieur. Peut-être que même les Indiens d’Amérique repeupleront alors les terres qui furent volées à leurs aieux, ce n’est pas si vieux.

  9. Dominique dit :

    https://m.youtube.com/live/b-XGDKqHqMs?feature=share

    Journal vidéo de Brochu, au Québec, avec Erwan Castel le dimanche 12 décembre.
    A Donetsk, 80 civils ont été tués depuis 10 jours par les bombes ukroatlantistes.

    https://m.youtube.com/live/b-XGDKqHqMs?feature=share

  10. Lucien Cerise dit :

    La vraie question est « Pourquoi des hommes meurent ? » Ou mieux encore « Pourquoi des hommes se battent ? » En Ukraine, l’extrême-gauche internationaliste est tout aussi impliquée que l’extrême-droite nationaliste.
    « Ukraine : ces anarchistes face à la guerre »
    « Pour ce premier reportage, IMPACT s’est rendu en Ukraine, à la rencontre de militants politiques mais aussi de civils, qui ont décidé de s’organiser par eux-mêmes contre l’invasion de l’armée russe. »
    https://lundi.am/UKRAINE-ces-anarchistes-s-organisent-face-a-la-guerre
    « Support anti-authoritarian fighters in Ukraine »
    « Solidarity Collectives (former: Operation Solidarity) is an anti-authoritarian volunteer network that unites several individual and organizational grassroots initiatives united to help the Ukrainian resistance movement and people affected by the Russian invasion. »
    https://www.solidaritycollectives.org/en/main-page-english/
    « Le droit aux armes. Comment les gauchistes soutiennent l’Ukraine »
    « Right to weapons. How can leftistes support Ukraine ? »
    « The left and internationalists must recognize that a front against imperialism is impossible without armed resistance. Russia’s invasion in Ukraine is currently the most brazen and cynical imperialist attack in the world. Behind the criticism of arms supplies to Ukraine is the ill-concealed desire to defeat the Ukrainian people, inspired by Kremlin propaganda. »
    https://rev.org.ua/right-to-weapons-how-can-leftists-support-ukraine/

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