Les élections du 15 octobre dernier au Comité social et économique de l’AFP ont largement reconfiguré le paysage syndical de cette entreprise semi-publique, où les organisations de salariés ont acquis statutairement un réel droit de regard sur la gestion.
Le SNJ (syndicat national des journalistes) perd sa première place en totalisant 23 % des voix des salariés toutes catégories confondues, essuyant un baisse marquée. L’autre syndicat réformiste, la CFDT, paie sa proximité avec le pouvoir en disparaissant totalement des instances.
Cette évolution profite à la CGT (36%) et à Sud qui frôle les 19 %, devenant ainsi la 3ème organisation syndicale de l’AFP. Plus frappant encore, Sud obtient la deuxième place dans la catégorie journaliste, avec près de 26%, soit 1 journaliste de l’AFP sur 4, contre 40 % au SNJ et 20 % à la CGT, dont l’électorat est plus ouvrier.
Au delà des rapports de force syndicaux, ces scores donnent un aperçu des tendances idéologiques des salariés de la principale source d’information des médias français. Progressistes à la sauce Macron et gauche plus radicale s’y disputent les places sans représentation des autres courants d’opinion. Tout particulièrement, l’écho que reçoit Sud dans le milieu des journalistes d’Etat est disproportionné par rapport à la marginalité des idées qu’il véhicule.
Mais est-il légitime de positionner le syndicat Sud à l’extrême-gauche ? Apparu en 1988 à la Poste autour de militants trotskystes, Sud se revendique d’un retour à la Charte d’Amiens de 1906. Celle-ci assignait au syndicalisme du quotidien un rôle de préparation à la révolution sociale sans passer par la case élection : « Dans l’œuvre revendicative quotidienne, le syndicat poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme : il prépare l’émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale » (Charte d’Amiens, 1906).
Loin d’être une référence un peu mythique comme à la CGT, l’esprit radical d’Amiens est mis au goût du jour par les militants de Sud, en pointe dans les luttes wokes et intersectionnelles. Sud éducation a ainsi défrayé la chronique en 2017 en organisant en Seine Saint-Denis une formation syndicale interdite aux Blancs, créant la gêne même au sein des mélenchonistes historiques comme Adrien Quatennens. Dans le département voisin des Hauts-de-Seine, la mutation disciplinaire d’un responsable syndical Sud, prof de maths au lycée Joliot-Curie de Nanterre, a été suivie par des manifestations musclées d’élèves dont la principale revendication était le droit pour les filles de porter des abayas, vêtements couvrants d’origine saoudienne ! Une pure coïncidence pour Sud, mais pas pour l’adjoint au maire de Nanterre selon qui la sanction infligée au prof a été « l’étincelle qui a mis le feu au poudre » (La Dépêche, 18/10/2022).
Avec ces histoires d’abayas, on semble s’éloigner d’Amiens, mais pour Sud ces microluttes convergentes amèneront à la lutte finale contre la « démocratie bourgeoise » et le capitalisme.
A.T.
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2 réponses à “Médias. 1 journaliste AFP sur 4 soutient le syndicat d’extrême-gauche Sud”
un sur quatre… quant à la cgt qui a fait voter macron au 2è tour, qui n’a rien fait pour les soignants virés comme des pestiférés, tous ces syndicalistes se ressemblent et ne pensent qu’à laur gamelle
et bien , c’est pas étonnant , puisqu’il s’agit de militants de gauche et non de journalistes …l’AFP est le meilleur outil de désinformation et de propagande du système …..pouah !!!!!