Le 10 novembre 2001, Diego Armando Maradona, exultant et pleurant, fait ses adieux au football devant des dizaines de milliers d’adorateurs en délire massés dans le stade de la Bombonera. C’est là que le “gamin en or” a débuté vingt-cinq ans plus tôt, à l’âge de 16 ans, avec son club fétiche, le Boca Juniors, emblème des pauvres de Buenos Aires, dans une Argentine muselée par la junte du général Videla. Le voici en noir et blanc, visage pur sous les boucles brunes, repéré à 12 ans par la télévision officielle et déjà doté d’un instinct sans pareil du ballon rond et de l’image, qui confie ses deux rêves : “Jouer la Coupe du monde et la gagner.”
Les métamorphoses du héros
Signée Jean-Christophe Rosé, réalisateur entre autres des Rois du ring, de L’odyssée du coureur de fond, de Fausto Coppi, une histoire d’Italie, cette grande fresque romanesque vibre au rythme du football et du tango, d’une séquence d’anthologie à une autre. Avec notamment cette immortelle victoire de l’Argentine contre la Grande-Bretagne en quart de finale de la Coupe du monde 1986 à Mexico, où, quatre ans après l’humiliation des Malouines, Maradona commence par marquer de la main droite (l’arbitre n’a rien vu, preuve, dira-t-il, que “Dieu était avec lui”), avant de s’envoler du milieu du terrain pour neutraliser un à un tous ses adversaires et glisser le ballon dans les filets. Un documentaire où l’histoire tourmentée de l’Argentine croise les gros titres de la presse people, où les grands de ce monde côtoient les mafieux du sport et de la drogue, et où l’indéfectible clan familial rivalise de tendresse avec les tifosi (supporters) de la terre. Obèse ou athlétique, bouffon et dieu des stades, afro puis roux carotte, Maradona, éternel phénix renaissant de ses cendres, conquiert jusqu’à son ultime métamorphose en animateur de télévision.
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Crédit photo : DR
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