Père Elijah, le thriller de Michael O’Brien, auteur chrétien dénonçant la décadence de la société occidentale, est enfin adapté en bande dessinée.
Le nouveau président de la Fédération européenne affirme vouloir établir un nouvel ordre mondial, basé sur la fin des nations et la défense de l’écologie. Un mystérieux conseiller lui suggère de s’entendre avec les responsables des grandes religions. Le Pape choisit alors un émissaire : le docteur en archéologie biblique Elijah Schäfer. Cet ancien politicien israélien, converti au catholicisme, aujourd’hui retiré au monastère du Mont Carmel, est ainsi appelé par le pape à une mission très délicate : enquêter sur ce nouveau responsable politique. Dès sa sortie du monastère, il est confronté à un monde moderne marqué par le règne du matérialisme. Mais il retrouve son vieux copain Billy, désormais cardinal. A la suite de l’assassinat de son ami, il découvre que la conspiration s’étend jusqu’au Vatican. Il vient à se demander si le nouveau président de la Fédération européenne ne serait pas soumis à des forces maléfiques…
Père Elijah est le premier roman, publié en 1996, de la saga apocalyptique Children of the last days (Enfants des derniers jours) de Michaël D O’Brien. Cet écrivain catholique canadien, qui se dit très inspiré par l’œuvre de Tolkien, dénonce le déclin de la société occidentale et sa plongée dans un néo-totalitarisme. Dans ce thriller religieux prophétique, le héros, un moine âgé vêtu de sa bure marron, va à la rencontre des puissants afin de sauver la civilisation de l’emprise du Mal.
Michael O’Brien a été consulté pour cette adaptation. À l’image de son héros, il vit désormais retiré du monde, et consacre la plus grande partie de son temps à la peinture et à la prière. Dans l’entretien qui accompagne cette bande dessinée, il met en garde : « nous savons qu’à un moment donné, une génération sera mise à l’épreuve d’une manière radicale, absolue. Tous ceux qui suivent Jésus subiront alors une persécution globale. La génération la moins éveillée, celle qui a été endormie par le péché et l’erreur, droguée par les plaisirs et les tromperies, sera celle-là même que l’Antéchrist dominera ».
Le scénariste Thomas Oswald, malgré d’inévitables ellipses (notamment les réflexions théologiques), demeure fidèle à l’esprit du texte d’origine. Un religieux âgé se voit ainsi confier une mission secrète par le pape : enquêter sur ce séduisant et charismatique président (qui évoque Macron) en passe de devenir le leader mondial mais dont il craint que ce soit l’Antéchrist… Le pape (inspiré de Jean-Paul II) avertit ainsi le Père Elijah : « Parmi les hommes puissants qui rêvent d’un gouvernement mondial, l’un s’achemine vers le pouvoir global. Le Président. Il est vu comme un saint laïc, mais c’est lui qui pose la dernière pierre de l’édifice totalitaire qui se trame ». Dans ce roman, un pape lucide et courageux s’oppose ainsi, de toutes ses forces, aux mondialistes antichrétiens.
Le dessinateur Nicolas Doucet est l’auteur des Familius, paraissant dans l’hebdomadaire Famille chrétienne avant une publication chez Artège. Ces albums mettent en scène, sur une page, une histoire humoristique autour d’une famille composée de quatre enfants (Toinette, Oscar, Bertille et Symphorien) et de leurs parents. Il change de registre pour Père Elijah, sa première bande dessinée. Son trait semi-réaliste, ainsi que les couleurs chaudes du canadien Antoine Kompf, adoucissent le caractère dramatique de l’intrigue.
En fin d’ouvrage, un dossier présente les auteurs de cette bande dessinée et contient un entretien instructif avec Michaël O’Brien.
Kristol Séhec
Père Elijah-Une apocalypse (tome 1). 52 pages (et dossier de 8 pages), 16,90 euros. Editions Salvator.
Illustrations : DR
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