Lorsque les autorités françaises comme britanniques mettent les moyens, elles parviennent à leurs fins : jeudi 10 novembre, en Ecosse, Vincent Reynouard (une des rares interviews en vidéo qu’il ait accordé à un média français est ici) écrivain révisionniste de 53 ans, a été arrêté par la police locale, puis présenté à un juge d’Edimbourg en vue de son extradition, réclamée par la France.
Ce dernier a été placé en détention en attendant la décision des autorités judiciaires britanniques : Pourtant, au Royaume-Uni, la législation sur la remise en cause de l’histoire officielle (appelée révisionnisme ou négationnisme en France) est bien plus souple qu’en France.
Mais le journal Le Monde explique ce qu’il s’est passé : « l’obstacle à l’ouverture d’une enquête par les autorités locales a toutefois pu être levé grâce à une subtilité juridique : les autorités britanniques autorisent l’extradition de ressortissants étrangers lorsqu’ils ont fait, dans leur pays d’origine, l’objet d’une condamnation à un an de prison. Or, le 17 juin 2015, la cour d’appel de Caen a prononcé cette peine à l’encontre de M. Reynouard après la diffusion d’une énième vidéo, remontant à 2014, dans laquelle il entendait « démonter les mécanismes, les ressorts et les mensonges de la propagande imposée aux jeunes générations au nom du devoir de mémoire » à l’occasion du 70e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944 »
Derrière la traque de Vincent Reynouard – dont l’activité se résume à la publication de livres confidentiels et de vidéos qui le sont toutes autant puisqu’accessibles uniquement sur des plateformes vidéos de second plan – l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) et la section SO15 de la Metropolitan Police de Londres, une unité à la fois spécialisée dans le contre-terrorisme et la lutte contre l’extrémisme.
Les condamnations de Vincent Reynouard, tout comme celles de nombreux dissidents, polémistes, et écrivains, en France, ces dernières années (condamnés donc pour délit d’opinion), relèvent notamment de la loi Gayssot de 1990, loi rédigée par un communiste donc et « tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe » et, d’une certaine façon, à empêcher tout débat historique (loi complétée depuis par la loi Taubira, entre autres). Cette loi Gayssot innove par son article 9, qui qualifie de délit la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité, tels que définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de ce statut soit par une personne reconnue coupable de tels crimes. Cet article 9 introduit en effet dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse un article 24 bis dont voici le premier alinéa :
« Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. »
Avec la loi Taubira , ou la loi sur la négation du génocide arménien, ces lois mémorielles restreignent considérablement la liberté d’expression en France et amènent ceux qui les enfreignent régulièrement devant les tribunaux, ce qui ne manquera pas de paraitre paradoxal alors que les élus de la 5ème République n’ont de cesse d’ériger la France en pays des droits de l’homme et de la liberté d’expression. A noter que lors de son vote, en 1990, une féroce bataille a eu lieu à l’Assemblée nationale, et les députés de droite de l’époque n’avaient pas voté cette loi, sur laquelle pourtant la droite n’est jamais revenue depuis, même avec une majorité parlementaire. L’un des cadres du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a même indiqué récemment qu’il reconnaissait totalement cette loi.
Nous vous proposons de découvrir un reportage peu médiatisé, réalisé au lendemain de la loi pénalisant la négation du génocide arménien par le média Clap36 et qui évoque la loi Gayssot et les origines de la répression mémorielle en France. Un reportage présenté ainsi :
« Au lendemain de l’adoption par le Parlement français d’une loi pénalisant la négation du génocide arménien, Clap36 revient sur la « mère de toutes les lois mémorielles » et présente son nouveau documentaire Main basse sur la mémoire, les pièges de la loi Gayssot.
Le film développe l’historique et la logique des lois mémorielles, en interrogeant des historiens, Pierre Nora et Annie Lacroix-Riz, un philosophe, Paul Ricœur, une juriste, Anne-Marie le Pourhiet, un romancier et universitaire, Jacob Cohen, ainsi que des citoyens engagés politiquement, Alain Benajam, Norman Finkelstein, et Jean Bricmont. Robert Faurisson, celui par qui le scandale est arrivé est également interrogé. Ses thèses mettant en doute l’existence des chambres à gaz dans les camps nazis avaient été à l’origine de la loi Gayssot.
À travers ce documentaire, la réalisatrice Béatrice Pignède met en relief le caractère désastreux de cette institutionnalisation d’une histoire légale, non seulement pour l’histoire et le droit, mais aussi pour l’idée même d’une République qui ne peut survivre qu’en restant strictement neutre par rapport aux débats entre communautés, aux sacralisations d’événements historiques et au désir de chaque groupe particulier d’imposer à la collectivité nationale son propre « devoir de mémoire »
Ceux qui commencent, aujourd’hui, à faire du tri sur la « liberté d’expression », quelles que soient les idées ou les thèses prônées par ceux qui se retrouvent inculpés, se retrouveront demain (si ce n’est déjà fait) eux aussi devant les tribunaux à être jugés selon des lois communistes. C’est d’ailleurs à cet effet que j’avais signé, en 2010 déjà, une pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot, tandis que Vincent Reynouard était déjà dans les geôles de la République française, déjà pour de simples écrits. Qui peut certifier que demain, les descendants idéologiques de ceux qui ont voté ces lois mémorielles, n’en feront pas de même concernant, par exemple, la politique d’immigration en France, qui pourrait devenir un jour elle aussi une forme de dogme quasi religieux, y compris si elle aboutit à l’anéantissement d’une civilisation toute entière ?
Relire absolument le livre de Thomas Clavel, un traître mot, sur le sujet.
YV
Un rappel historique : les lois visant la liberté d’expression et de la presse sous la République de Weimar
L’Allemagne de Weimar (1918-1933) disposait de lois interdisant les discours haineux (en particulier les discours haineux à l’encontre des Juifs), et les principaux dirigeants nazis, dont Joseph Goebbels, Theodor Fritsch et Julius Streicher, ont été condamnés à des peines de prison pour les avoir violées. Les efforts de la République de Weimar pour supprimer les discours des nazis sont si bien connus dans les cercles académiques qu’un professeur a décrit l’idée que les restrictions de discours auraient arrêté les nazis comme « l’erreur de Weimar ».
Une loi adoptée en 1922 en réponse à des agitateurs politiques violents tels que les nazis a permis aux autorités de Weimar de censurer les critiques du gouvernement et les appels à la violence dans la presse. Cette loi a été suivie d’un certain nombre de décrets d’urgence élargissant le pouvoir de censure des journaux. Non seulement la République de Weimar a fermé des centaines de journaux nazis – en deux ans, elle en a fermé 99 rien qu’en Prusse – mais elle a accéléré cette répression de la liberté d’expression au fur et à mesure que les nazis montaient au pouvoir. Hitler lui-même a été interdit de parole dans plusieurs États allemands de 1925 à 1927.
Loin d’être un obstacle à la diffusion de l’idéologie nationale-socialiste, Hitler et les nazis ont utilisé les tentatives de suppression de leur discours comme des coups de relations publiques. Le parti a brandi l’interdiction comme un chiffon rouge pour affirmer qu’il était visé pour avoir exposé la conspiration internationale visant à supprimer les « vrais » Allemands.
Si l’on considère que l’idéologie centrale du mouvement nazi, telle qu’épousée par Hitler dans « Mein Kampf », reposait sur une conspiration présumée entre les Juifs et leurs sympathisants au sein du gouvernement pour déresponsabiliser politiquement les Allemands aryens, il n’est pas surprenant que les nazis aient pu se servir de la censure gouvernementale pour faire triompher leur propagande, puis pour faire se retourner les lois contre leurs propres instigateurs.
En effet, la censure, qui n’a pas été utilisée pour arrêter la montée du nazisme, a été une bénédiction pour les nazis lorsqu’il s’est agi de consolider leur pouvoir. Les lois mentionnées plus haut, qui permettaient aux autorités de Weimar de fermer des journaux, et d’autres lois destinées à limiter la diffusion de l’idéologie nazie par la radio, ont été confiées au parti nazi lorsque Hitler est devenu chancelier. Comme on pouvait s’y attendre, les nazis ont utilisé ces moyens de censure préexistants pour écraser tout discours politique s’opposant à eux, ce qui leur a permis d’exercer une emprise absolue sur le pays, ce qui aurait été beaucoup plus difficile, voire impossible, avec des protections juridiques solides pour la presse et la parole…..
Source (anglaise)
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
9 réponses à “Arrestation de Vincent Reynouard au Royaume-Uni : Main basse sur la mémoire, les pièges de la loi Gayssot [Reportage]”
L’acharnement contre cet homme qui n’a commis aucun crime ni délit autres que d’exprimer des idées et de soutenir des thèses interdites, en dit long sur les enjeux de l’affaire, et ne peux que mettre la puce à l’oreille!
Formidable, de voir quels moyens des Etats incapables d’éradiquer le terrorisme islamiste sont prêts à mettre en oeuvre pour châtier ce qui est en dernière analyse un délit d’opinion.
Pour ce qui est d’Annie Lacroix-Riz, elle ne fait pas mystère de son engagement.
D’après elle, l’abbé Perrot aurait été le chef du PNB.
On lui doit des simplifications saisissantes : « l’uniatisme qui dans l’entre-deux-guerres, et pendant toute la Deuxième Guerre mondiale, s’est confondu avec le nazisme ».
La voilà, la « bienveillance » macronienne.
Parallèlement, dès qu’un groupe d’humains se fait tuer, on qualifie ce meurtre de « génocide ». Le génocide des Algériens (1954-1962), le génocide des Rohingas par les Birmans, le génocide des Kurdes par Saddam, et aussi le génocide des russophones d’Ukraine (2014-2021) par Zelenski. Les Fêtes de fin d’année approchant, les écolos vont glapir sur le génocide des sapins de Noël et le génocide des oies !
Mais qui ?…
France patrie des libertés…laissez moi rire … la dictature de la pensée unique est ignoble ; la liberté d’expression et de contestation de la vérité officielle est parfaitement bafouée ; c’est le goulag mental ; qui est derrière tous ça ??? Qui ???
J’ai eu la chance d’assister à une conférence et de diner à ses cotés sur Rouen.
Et d’être présent pour le soutenir au tribunal de Caen.
C’est juste un professeur à la quête de vérité.
Honte à la France qui ne veut pas voir la réalité en face.
Qu’elle s’occupe d’abord des envahisseurs qui assaillent notre pays.