Les Celtes sont encore là et voici une certitude sur notre celtitude… au moins pour certains… donnant lieu à une multitude d’ouvrage, de revues, de salons depuis leur retour en grâce et en reconnaissance au 18° siècle. Car avant de devenir les Gaulois de Rome, cette civilisation raffinée avait en 280 av.JC, venant de l’Est du continent européen envahit la Macédoine, la Thrace, le nord de la Grèce… bref du Danube à l’Atlantique .
Une exposition à Rennes ( aux Champs Libres jusqu’au 4 décembre 2022) « CELTI QUE ? » sur l’origine de la Bretagne dont le point d’ interrogation a réveillé chez un certain nombre de nos maîtres à penser, pas seulement des politiques mais également des artistes et professeurs, un débat sur nos racines identitaires ! La Bretagne se tenant pour la principale dépositaire d’un héritage qui n’est pas un « rabougrissement » folklorique partagé avec ses cousins de Galice, des iles britanniques et en Asie par l’Anatolie (cette Galatie que vint évangéliser Saint Paul) est interpellée par les organisateurs de celle-ci !
Le musicien Alan Stivell, qui s’est retiré du patronage de cette rétrospective et l’écrivain Yvon Ollivier défendent un patrimoine transmissible malgré le jacobinisme égalisateur et manipulateur de l’Histoire de nos peuples par les héritiers de la Révolution française, gommant nos fameuses origines, tandis que l’ancien député et maire de Quimper, Bernard Poignant voit dans ce passé-présent, de l’imaginaire et pire un désir de « pureté » qui pourrait se résumer à un enfermement communautariste !
Certes « l’Histoire n’est pas un savoir figé » comme le rappelle une trentaine d’enseignants de l’Université de Rennes 2, mais elle est bien souvent manipulée par celui qui possède le pouvoir de la raconter ! C’est à dire le vainqueur sous quelle que forme que ce soit : par la guerre, la religion, l’économie, les mœurs !
Or « sans passé pas d’avenir » et c’est bien ce que l’on essaie de gommer en niant la fécondité d’une race qui ne se limite pas à sa perpétuation charnelle mais est celle aussi de la transmission concrète de sa civilisation.
Ce fut celle de la Têne où les Celtes ( nom issu du grec) , mosaïque de peuples, au cours du millénaire qui nous a précédé, donnèrent naissance aux grandes inventions tels l’éperon, la charrue à roue, le tonneau, la bière de malt mais aussi au travail du fer . Les arbres des forêts ne se contentèrent pas de fournir le feu mais en furent sacralisés par les druides, ces intermédiaires entre les hommes et les dieux , au cours des cérémonies de la coupe du gui, celui-ci symbole de l’éternité et donc de la victoire de la vie sur la mort ( champs d’urnes) et même réincarnation !
Monnaies d’or, statues, torques et bracelets en bronze ont également une réalité identitaire et historique qui n’est pas celle d’un mythe puisque l’on trouve en Armorique religion, langues, chants et danses authentiquement locaux mais également un art aux motifs curvilignes telle que nous le révèle la Croix celtique représentant la sensibilité de l’être humain au-delà de l’inspiration donnée par le figuratif !
Les sept fondateurs de la chrétienté celtique au Ve et VIe siècles de notre ère sont encore présents grâce au pèlerinage du Tro Breizh à l’image du An Seiz Breur, ce mouvement rénovateur , intellectuel et artistique du siècle dernier mais aussi par le Barzaz Breizh ( 1830) , ce recueil des chants populaires des bardes, musiciens poètes s’accompagnant de la lyre.
Les légendes portées et colportées ne peuvent cacher la réalité au-delà des modes et des bandes dessinées telle celles d’Astérix le Gaulois et des actuels tatouages, traduction d’un héritage qui nous oblige à reconnaître que c’est plus une armée celtique qu’une armée gauloise qui s’opposa à Jules César 50 ans av.J.C.
Les découvertes archéologiques si nombreuses en notre presqu’ile ne vont pas à l’encontre des croyances, interrogations, certitudes qui s’affrontent mais aussi se complètent en ce « panthéon insaisissable » dont l’océan atlantique est le lien et les mégalithes ( 4.000 à 3.000 av JC) le supposé symbole religieux de cette antiquité pré romaine car tous les Celtes ne devinrent pas Gaulois et ce furent ceux de l’ile de Bretagne, Bretons insulaires, fuyant les envahisseurs Saxons et Angles ( 450 ap JC) qui en se fixant en Armorique lui donnèrent le nom Bretagne permettant à la communauté monastique naissante venue d’au-delà de la Manche de transmettre le mieux possible la mémoire celtique puisque déjà la légende arthurienne des « Chevaliers de la Table Ronde » en avait installé la réalité sublimée !
Claudine Dupont-Tingaud
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