Se faisant relativement discrets sur les côtes de l’Atlantique depuis les années 60, les poulpes ont effectué un retour massif devant les côtes du Sud Bretagne depuis l’été 2021. Si cela représente une aubaine financière pour certains pêcheurs bretons, le phénomène n’est pas sans présenter d’inconvénients. Et soulève des interrogations pour l’avenir.
Une prolifération inédite de poulpes
Brexit, crise sanitaire, prix du carburant… Les pêcheurs bretons ont connu une actualité mouvementée ces dernières années. Dernièrement, la prolifération du poulpe dans les eaux de l’Atlantique agite la profession. En effet, depuis environ un an, les marins-pêcheurs des ports cornouaillais ont intensifié la pêche de ce mollusque, principalement au niveau de l’archipel des Glénan.
Peut-on parler d’une invasion de poulpes dans les eaux bretonnes ? Les pécheurs du Sud-Finistère y trouvent pour l’instant leur compte avec un produit se négociant parfois jusqu’à 11 € dans les criées de la région. Toutefois, avec des tonnages conséquents débarqués (parfois plus de 20 tonnes de ce céphalopode dans certains ports en une seule journée), difficile de savoir si les cours se maintiendront à de tels niveaux à l’avenir avec une demande qui pourrait potentiellement se tasser.
Pour l’instant, si le poulpe est assez peu prisé par les restaurateurs bretons, marins-pêcheurs et mareyeurs de la région ne manquent pas de débouchés dans le sud de la France et dans d’autres pays européens, principalement l’Espagne et le Portugal.
Des dégâts sur d’autres espèces
Toutefois, cette relative euphorie autour de l’abondance des poulpes, outre les questions qu’elle soulève quant à cette aussi soudaine que surprenante prolifération, ne permet pas de faire oublier les dégâts causés par le mollusque.
Les poulpes ont ainsi la mauvaise habitude d’aller se nourrir dans les casiers, dévorant les crustacés qui s’y trouvent. Mais ils s’en prennent aussi aux coquillages. Ces derniers ainsi que les homards se font donc beaucoup plus rares sous les criées bretonnes. Et, logiquement, leurs prix s’envolent ! Un phénomène accentué par le fait que, attirer par les tonnages débarqués, certains marins-pêcheurs se sont eux aussi tournés vers la pêche au poulpe, délaissant d’autres espèces traditionnelles, comme le bar, la dorade ou le lieu jaune.
Un changement d’activité qui concerne principalement les plus petites unités travaillant dans la bande côtière des 10 à 12 milles nautiques. Moins les chalutiers armés à la pêche côtière ou ceux pêchant la langoustine.
Des poulpes peu prisés par les consommateurs bretons
En Bretagne, plusieurs restaurateurs spécialisés dans la cuisine du poisson frais ont été contraints de revoir leur carte en s’adaptant à la nouvelle donne. Ainsi, le poulpe commun (Octopus vulgaris) est désormais au menu de nombreuses tables de la région, les chefs ayant dû faire appel à leur créativité pour sublimer sous toutes ses formes un produit à la réputation gustative assez moyenne.
Quant aux explications de cette prolifération, les biologistes marins n’ont pour l’instant aucune piste sérieuse à avancer, bien que certains évoquent le changement climatique. Dès l’année 2021, le volume annuel débarqué par l’organisation de producteurs LPDB (Les Pêcheurs de Bretagne), avec 2 169 tonnes de poulpes, était 13 fois supérieur au volume annuel moyen de 2015 à 2020. Le prix moyen (6,64 euros/kg) étant pour sa part multiplié par deux. Pour 2022, les volumes devraient, eux aussi, largement surpasser les moyennes des tonnages des années précédentes.
Crédit photo : Flickr (CC BY-NC-SA 2.0/Kevin Bryant) (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
7 réponses à “Bretagne Sud. Invasion de poulpes : des tonnages inédits dans les criées… et des interrogations”
les pêcheurs bretons des ports de La Turballe et du Croisic plus bas que la cornouaille sont confrontés au même problème.on le constate dans les criées de ces 2 ports. les ligneurs bretons du « coin » s’en plaignent aussi. avec une incidence forte sur le prix des espèces nobles bien que ce ne soit pas le seul motif.
Et si c’était simplement parce que le prix a presque doublé en criée que de nombreux pêcheurs y ont trouvé un meilleur débouché que pour les autres produits moins rentables ?
Evidemment la bonne excuse du réchauffement climatique est toute trouvée et va dans le sens des réchauffistes donc on en parle….
ça ne peut être le réchauffement climatique : cet été (malgré la canicule) l’eau était plus froide que les années précédentes ;-)
J’ai lu, malheureusement, je ne retrouverai pas la source, que certains voulaient en faire l’élevage. C’est peut être ça la source. On déverse dans l’océan des centaines de poulpes, comme les sangliers ou les faisans, pour la chasse.
Ce sont des animaux dont l’intelligence n’est plus à démontrer. Etonnant que l’Armée, friande de nouvelles armes, n’aient pas pensé à eux.
rectificatif à mon commentaire précédent
« n’ait », et pas « n’aient »
De quoi se faire un « sang d’encre » face à cette nouvelle immigration