La 12e édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe s’élance le 6 novembre de Saint-Malo avec une participation record de 138 skippers. Qui sont les réseaux bretons historiques dans les Caraïbes et comment s’organisent-ils pour entreprendre entre Océan Atlantique et Océan Pacifique à la façon des diplomates du Panama ? Peu connu, ce pays faisait partie d’un royaume : la Nueva Granada partageant ses frontières avec la Colombie et ouvert aux échanges transatlantiques entre Ancien et Nouveau Mondes.
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L’exposition universelle Panama-Californie s’est déroulée à San Diego, en Californie, entre le 9 mars 1915 et le 1er janvier 1917. Elle visait à célébrer l’ouverture du canal de Panama, et à faire connaître San Diego puisqu’il est devenu le premier port américain sur la route des navires circulant vers le nord ouest des États-Unis après le passage par le canal. L’exposition a eu lieu dans le parc Balboa où ont été construits de nombreux bâtiments pour l’occasion, notamment en style renouveau de l’architecture coloniale espagnole. Cette double influence franco-américaine va poser les germes d’une première ruée vers l’or pour développer le Panama. Aujourd’hui, cet esprit d’avant-garde est célébré dans plusieurs incubateurs, accélérateurs de projets culturels et espaces de prise de risques dans les domaines artistiques et créatifs. Cet esprit de Belle Epoque est toujours salué par des artistes et chanteurs locaux.
Quelles autres ruées ont pu marquer des échanges entre Bretagne et Caraïbes ?
On associait souvent en Europe du nord : les ardoisières aux Indes Bleues, pour comparer la richesse mythique des Indes occidentales et celles des carrières d’ardoise dont les pétales et les schistes du Massif Armoricain étaient exportés jusqu’à Londres. Ces ardoises bretonnes ont fait souffler, à l’époque, un vent de modernité sur les toits européens, en particulier lors de la reconstruction de Londres à la suite du Grand incendie de 1666.
Lorsque Louis XIV a passé un accord avec le Roi de Suède pour transformer Saint Barthélemy aux Antilles en port franc suédois en échange d’un droit d’entrepôt dans le port de Göteborg, le XVIIe siècle connaît un véritable essor des exportations d’ardoises par voie maritime vers l’Europe du nord.
Cette route de l’or bleu associait des ports avec lesquels Saint Barthélemy entretient toujours aujourd’hui des relations, comme la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy.
De nombreux bretons, en particulier des Concarnois sont aussi descendus dans les puits des mines bleues en Anjou. Du côté de Trélazé, de Saint-Barthélemy d’Anjou et Juigné-sur-Loire, cette « Mer d’ardoises » conserve encore de nombreuses traces de cette activité passée où les carriers fendaient, coupaient et taillaient le schiste pour obtenir l’ardoise définitive.
Le quartier de Lorient, l’un des premiers de l’île de Saint-Barthélemy, a été un berceau de l’évangélisation au moment où « Saint-Barth » voit arriver une trentaine de colons bretons et normands qui deviendront pour la plupart, pêcheurs ou exploitants agricoles.
Il n’est pas rare de trouver sur les boîtes aux lettres de l’île, des noms à consonance bretonne.
Le premier vaisseau à prendre la direction du Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud) pour l’Asie en 1671: le Soleil d’Orient, donnera son nom à la ville nouvelle de Lorient.
Mais la devise de ce vaisseau, Florebo quocumque ferar : « Je fleurirai là où je serai portée. » a visiblement inspiré d’autres comptoirs.
Une riviera Saint-Barth a essaimé dans les rues de Pretoria où se réinventent les industries créatives et culturelles de l’Afrique du sud.
Les routes transatlantiques ne cessent donc de faire et de se défaire.
On retrouve parmi ces celtes du Nouveau monde de grandes personnalités historiques qui pousseront peut-être de nouveaux aventuriers des mers : Thomas Lynch, gouverneur irlandais de la Jamaïque, le corsaire Aury ayant soutenu aux côtés de Lafitte, le révolutionnaire Simon Bolivar dans son combat pour libérer les colonies espagnoles, sans oublier les péripéties du clan écossais Mac Gregor au Venezuela, ou encore le flibustier gallois Henry Morgan et bien d’autres aventuriers ayant choisi la Mer des Caraïbes comme terre d’exil après la révolution de Cromwell et d’autres crises européennes.
Kevin Lognoné
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