Les jours qui suivent la victoire de Lula sont marqués par des protestations dans tout le Brésil. Les gens sont descendus dans la rue pour exprimer leur désapprobation face à l’élection du candidat de gauche et exiger l’intervention de l’armée. Des groupes liés à l’agro-industrie, tels que les chauffeurs routiers impliqués dans le transport de produits agricoles, organisent des boycotts de l’économie nationale. Les partisans de Bolsonaro estiment que les élections ont été manipulées et s’attendent à ce que le processus soit entièrement annulé.
Les tensions politiques au Brésil augmentent de jour en jour. La réaction des électeurs de Bolsonaro a rapidement échappé au contrôle des autorités. Les chauffeurs de camions ont commencé à occuper les principales autoroutes du pays, empêchant l’approvisionnement des grandes villes. Puis, les principales capitales ont commencé à voir leurs rues remplies de personnes portant des chemises aux couleurs du drapeau brésilien, qui, en chantant l’hymne national et en faisant des saluts patriotiques, demandent que l’élection de Lula soit révoquée.
Le 2 novembre, la situation commence à devenir encore plus tendue. Étant donné qu’il s’agit d’une fête nationale, un nombre encore plus important de personnes participe aux manifestations. L’accent a été mis sur la concentration des masses devant les principales unités militaires du pays. Les manifestants demandent l’intervention des forces armées pour inverser le résultat des élections ou prendre le contrôle du gouvernement.
En fait, les manifestations ont été favorisées par l’inertie de Bolsonaro face à sa défaite. Le président sortant a ignoré la tradition brésilienne selon laquelle le candidat présidentiel battu doit appeler le vainqueur immédiatement après l’annonce du résultat, pour le féliciter. Bolsonaro a non seulement gardé le silence pendant deux jours, mais il a également déclaré publiquement le 1er novembre qu’il ne féliciterait pas Lula, ce qui a encore exacerbé la polarisation politique parmi les électeurs.
Face à l’escalade pro-Bolsonaro et à l’absence d’actions efficaces des autorités pour reprendre le contrôle des multitudes, la vie sociale a commencé à être affectée. Les principales universités du pays ont suspendu leurs activités, ainsi que plusieurs institutions situées dans les zones rurales, qui sont les plus touchées par l’occupation des routes promues par les camionneurs. En réponse, les mouvements sociaux liés au parti de Lula, comme le MTST (organisation de travailleurs sans abri), ont lancé un appel à leurs militants pour « libérer » les routes, agissant comme de véritables milices parallèles.
La violence mutuelle a commencé à prendre des contours inquiétants après l’attaque d’un conducteur pro-Lula dans la ville de Mirassol, dans l’État de São Paulo. L’automobiliste a intentionnellement conduit sa voiture en renversant au moins seize manifestants pro-Bolsonaro, blessant même des femmes et des enfants. D’autres actes de violence ont été signalés dans de nombreuses régions, laissant entrevoir un scénario de pré-conflit civil au Brésil.
En raison du chaos, le Brésil a fait la une des journaux du monde entier, devenant un sujet tendance sur les réseaux sociaux. Des rumeurs non fondées sur d’éventuelles manœuvres militaires visant à annuler les élections ou à opérer un coup d’État ont commencé à circuler sur Internet, générant encore plus d’anxiété collective et de frictions parmi les citoyens brésiliens. Bolsonaro s’est à nouveau exprimé publiquement le 2 novembre pour demander aux camionneurs de libérer les routes, afin de garantir l’approvisionnement des villes. Il a toutefois souligné l’importance de poursuivre les protestations de manière pacifique.
En effet, le problème de la polarisation politique au Brésil n’est pas nouveau. Les experts ont commenté ce sujet depuis longtemps et ont averti des graves conséquences si la pacification sociale n’est pas réalisée rapidement. Pendant la campagne électorale, plusieurs épisodes de violence explicite, y compris des meurtres, ont eu lieu dans les deux camps. Ce type de scénario intensifie les tendances idéologiques de la population et empêche toute forme d’analyse rationnelle du statu quo politique du pays.
Pendant des décennies, le Brésil a vu son arène intérieure dominée par des ailes qui correspondent aux intérêts des élites étrangères. D’un côté, les conservateurs libéraux, les pro-républicains et les sionistes radicaux ; de l’autre, les progressistes, les écologistes et les pro-démocrates. Bolsonaro représente le premier groupe – ce n’est pas un hasard, puisqu’il a reçu le soutien de Trump et de Netanyahu en 2018 -, tandis que Lula représente le second – c’est pourquoi il est désormais soutenu par l’UE, les ONG soutenues par Soros et l’administration de Biden.
Les deux camps servent des intérêts extérieurs et ne présentent pas de propositions concrètes pour le Brésil. La polarisation, en ce sens, sert précisément à maintenir le peuple enflammé idéologiquement et à empêcher les candidats dont les projets sont axés sur le développement national, et non sur un alignement extérieur, de gagner en popularité.
Quelle que soit l’issue des manifestations, la polarisation ne prendra pas fin maintenant. Il est certain que la haine perturbatrice des électeurs brésiliens continuera à s’intensifier dans les années à venir, tout comme l’aspiration populaire à la fin des institutions régulières et à un coup d’État. Les militaires brésiliens semblent attachés à la démocratie et ignorent les appels à l’intervention lancés par les droitiers. Toutefois, si la crise de légitimité atteint un point de non-retour et conduit le Brésil au chaos absolu, il est possible qu’une pensée politique plus interventionniste commence réellement à pénétrer les cercles militaires dans un avenir proche.
Lucas Leiroz, chercheur en sciences sociales à l’université fédérale rurale de Rio de Janeiro ; consultant en géopolitique.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “La polarisation politique au Brésil atteint un point de non-retour”
Dans cette « affaire » typiquement sud-américaine, il ne faut pas oublier le soutien de Soros envers Lula.
Et tout vient de là (Tricherie et j’en passe). Soros est un homme profondément de gauche, et surtout un agitateur malsain. Sous peu, son ingérence dans ces présidentielles sera prouvée. Par la force des choses, il y aura soit le chaos, soit de nouvelles elections. Ou alors, l’armée prendra le pouvoir …