Commémorant le soulèvement antisoviétique du peuple hongrois en 1956, le Premier ministre Viktor Orbán n’a pas hésité à faire un parallèle entre l’Union européenne d’aujourd’hui et l’URSS, soulignant que les dirigeants de Bruxelles pourraient finir « là où leurs prédécesseurs ont fini ».
Viktor Orbán salue la résistance anticommuniste « de toute une nation »
En Hongrie, la commémoration organisée le dimanche 23 octobre à Budapest devant le Parlement en l’honneur de la révolte antisoviétique de 1956 n’est pas passée inaperçue sur la scène internationale. À cette occasion, le Premier ministre Viktor Orbán a pris la parole tandis qu’il se trouvait en déplacement à Zalaegerszeg, dans l’ouest de la Hongrie, lors de la cérémonie d’inauguration d’un nouveau centre d’accueil des visiteurs dédié au défunt cardinal Jozsef Mindszenty.
Mindszenty était un ecclésiastique catholique qui s’est farouchement opposé au totalitarisme en Hongrie au cours du XXe siècle. Après avoir été emprisonné par le parti hongrois des Croix fléchées pendant la Seconde Guerre mondiale, Mindszenty a été torturé et condamné à la prison à vie par les autorités communistes en 1949.
À cette occasion, Viktor Orbán, saluant la résistance anticommuniste s’étant manifestée à l’époque dans toute la Hongrie, n’a pas manqué de tacler certaines voix à gauche qui n’apprécient pas que les commémorations aient lieu en dehors de la capitale. « 1956 a été la révolution non pas d’une ville, mais de tout un pays, de toute une nation », a déclaré le Premier ministre hongrois. « Pour la gauche, qui méprise les gens qui vivent à la campagne, il n’est pas correct de célébrer à Zalaegerszeg… ils ne comprennent pas que Budapest n’est pas identique au reste du pays », a-t-il ajouté.
L’UE d’aujourd’hui, une nouvelle URSS ?
Durant son intervention, Viktor Orbán a également évoqué la situation politique européenne tandis que les relations entre Budapest et l’UE sont toujours tendues. En effet, Bruxelles menace de suspendre 7,5 milliards d’euros de fonds européens destinés à la Hongrie au prétexte que la Commission européenne aurait des « inquiétudes » concernant le respect de l’État de droit dans le pays.
Au sujet de ces détracteurs, le Premier ministre hongrois a déclaré : « Ne nous occupons pas de ceux qui tirent sur la Hongrie depuis l’ombre ou depuis les hauteurs de Bruxelles. Ils finiront là où leurs prédécesseurs ont fini ». Une comparaison à peine déguisée entre l’UE et l’Union soviétique, lourde de sens dans le cadre de ces commémorations du mois d’octobre 1956, 66 ans après le début des manifestations contre la terreur communiste.
Des mouvements initialement pacifiques et lancés par des étudiants qui se transformèrent rapidement en une révolution armée à l’échelle de toute la Hongrie. L’épisode, toujours aussi vif dans la mémoire collective hongroise, durera 12 jours avant d’être écrasé par les chars et les troupes soviétiques le 4 novembre 1956, faisant environ 2 500 morts.
« Nous étions ici lorsque le premier empire conquérant nous a attaqués, et nous serons ici lorsque le dernier s’effondrera », a ajouté Viktor Orbán.
Des décisions prises « sur une base purement morale et émotionnelle »
« Nous sommes tolérants quand il le faut et nous nous défendons quand nous le pouvons. Nous dégainerons nos épées si l’occasion se présente et nous résisterons aux longues années d’oppression qui peuvent arriver », a également affirmé le Premier ministre hongrois le 23 octobre.
Selon lui, les Hongrois doivent avoir « le courage d’un lion, la ruse d’un serpent et la douceur d’une colombe » à l’avenir, mais surtout au cours des prochains mois. Le pays est effectivement confronté à de multiples défis actuellement. « L’invasion migratoire du sud, la guerre à l’est et la crise économique à l’ouest. Voilà ce à quoi nous devons faire face », a énuméré Viktor Orbán. « Heureusement que la gauche n’est pas au pouvoir. Vous pouvez imaginer ce que nous aurions ici », a-t-il souligné.
Par ailleurs, dans un entretien accordé le 25 octobre au quotidien hongrois germanophone Budapester Zeitung, le Premier ministre a déclaré qu’il pensait que la Hongrie allait voir s’installer sur son sol de plus en plus d’Européens occidentaux dans les 10 à 20 prochaines années, car il s’agit d’un « pays chrétien sûr et fier de ses traditions ».
Interrogé sur la guerre en Ukraine, Viktor Orbán a déclaré que l’Europe soutenait l’Ukraine d’une manière qui poussait le continent dans « une spirale d’escalade », ajoutant que « si nous n’arrêtons pas ce processus, nous finirons nous-mêmes en guerre… ». Le Premier ministre a affirmé que les actions actuelles de l’UE allaient « complètement à l’encontre de ses intérêts rationnels et géopolitiques », ajoutant que les décisions relatives aux sanctions contre la Russie avaient été prises « sur une base purement morale et émotionnelle ».
Enfin, en ce qui concerne le rôle futur de l’UE sur la scène internationale, Viktor Orbán a insisté sur le fait que le bloc européen devait faire plus sur le plan militaire dans l’intérêt de sa propre souveraineté. Les États membres devraient également « dépenser davantage en matière d’armement et de défense », a-t-il déclaré, ajoutant qu’ainsi, l’UE « pourrait occuper l’espace géopolitique qui serait libéré après le retrait des États-Unis ».
Crédit photo : page Facebook Viktor Orbán (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
4 réponses à “Hongrie. « Ils finiront là où leurs prédécesseurs ont fini » : Viktor Orbán compare les dirigeants de Bruxelles à l’URSS [Vidéo]”
Il faudrait aujourd’hui en Europe un soulèvement comme fut Solidarnosc en Pologne dans les années 1980, qui libéra les polonais de l’assouvissement idéologique soviétique. Nous avions cru que les gilets jaunes en seraient l’amorce.
21 ans en 1956 me permirent de rencontrer en France quelques étudiants hongrois ayant pu échapper aux sévices corporels, non sans des traces visibles, et aux chars russes de l’époque à Budapest!
Faut-il attendre que cela recommence depuis….Bruxelles avec cette armée de gratte-papiers?
Viktor, on est avec Toi !
Il y eut ensuite la même révolte à Prague, capitale de la Tchécoslovaquie. Dans ces deux cas, les Situationnistes furent les seuls Français à se battre sur place aux côtés des insurgés.
Aujourd’hui, l’empire anglo-américain a mis des gauleiters à la tête de tous les pays sous étendard UE / OTAN / Euro, excepté en Hongrie. Orban et les Hongrois sont les seuls qui résistent.
Ils résistent car le peuple conserve encore la force de sa longue et très grande histoire : il y a un siècle la Hongrie était toujours l’empire central de l’Europe. Les banquiers anglo-américains eurent sa peau en 1918 :
l’ Autriche-Hongrie avait tenu un siècle de plus que la France, vaincue par les banquiers anglais en 1815.
Oui c’est lié au plan en 14 points du président Woodroh Wilson pensé en 1916 quand pour la première fois les USA déclarèrent: « América’s first ».
L’empire Austro-Hongrois ruiné fut démembré, la potion fut particulièrement amère pour les hongrois privés des deux tiers de leur territoire (traités du trianon en 1920 et de Paris en 1947): trois millions d’entres-eux se retrouvèrent faisant partis des nouvelles nations slaves contre leurs grès.
Les politiques américains (et leurs alliés anglo-français ensuite) ont imaginé celà pour affaiblir politiquement et économiquement l’Europe centrale en la morcelant en un tas de petits pays à peine viables s’assurant ainsi qu’ils ne concurrenceraient économiquement jamais les autres, avec des conflits territoriaux latents, un calcul sournois.
Le groupe de Visegrad matérialise depuis sa création dans les 1990’s la volonté des pays d’europe centrale de se serrer les coudes, et l’immigration incontrolée n’est pas la bienvenue non plus chez les voisins de la Hongrie. N’en déplaise à nos technocrates bisounours mous du genoux.