La révolte sociale peut-elle faire son retour en France ? Pourquoi ? Parce que les prix grimpent et les pénuries se multiplient exponentiellement. Alors, des syndicats rêvent de la grève générale sur fond d’élections professionnelles à venir. Même si la grève des transports du 18 octobre a été un échec, les cheminots n’ayant pas encore pris conscience de la force de frappe de l’ubérisation de notre société, télétravail compris. Comme si la société liquide pouvait vraiment fonctionner. Puis à cela s’ajoute l’échec cuisant de la marche des gaucho-écologistes « contre la vie chère et l’inaction climatique » – celle du 16 octobre –, de ceux qui ont voulu faire croire que l’on pouvait produire autant d’électricité avec des éoliennes qu’avec du nucléaire. Une erreur majeure. Certes, la gauche bobo feint d’ignorer que le social et le sociétal sont devenus irréconciliables.
Du côté du pouvoir, on continue d’appliquer la stratégie de la tension. Car, en dépit de sa réélection, qui plus est sans campagne ni projet, la Macronie survit en se nourrissant des crises : une crise profonde du politique en 2017 (d’où la nécessité, aux yeux de la classe moyenne supérieure, de soutenir le camp des experts, des techniciens, des managers), puis les crises suivantes, économique, sanitaire, énergétique, qui ont permis à notre oligarchie d’accélérer l’agenda de numérisation des échanges, des consommations, des déplacements, des mœurs de façon générale, le tout à travers le scénario du « changement des mentalités », entre télétravail et travail précaire. Qui plus est, le régime des restrictions, des rationnements, conséquence ultime du « sans-frontiérisme ». Ruse ou revanche de l’Histoire ! In fine, ne plus manger de viande, ne plus se déplacer sans passe, sanitaire, écologique… « Ne plus ».
On nous injecte des concepts creux et lénifiants : « éco-responsabilité », « éco-mobilité », « crise climatique », « sobriété énergétique ». L’État moral. La France managériale. L’art de faire passer des vessies pour des lanternes : en effet, l’inflation galopante est principalement due aux divers confinements anti-Covid, la chaîne de production des biens – nonobstant celle des produits de première nécessité – s’étant arrêtée à plusieurs reprises entre le mois de mars 2020 et le début de l’année 2022. Après quoi, on met tout sur le dos de Poutine, de la guerre qu’il a déclarée à l’Ukraine de Zelensky. En réalité, l’entreprise EDF était sommée de programmer la réduction de 50% du nucléaire autour de 2035, et ce dès 2018. Au nom de l’écologisme de pacotille, du lobby des éoliennes, de la spéculation, de la production de nouveaux biens… Un choix macronien : plus d’électricité ou moins d’électricité, telle est la question.
Lentement, mais sûrement, vers la « transition énergétique », vers le principe de l’entropie, vers la tentation de contrôler des appareils à distance. L’ordre des profiteurs de guerre, traders, grands patrons, salariés de l’énergie, contre ceux qui n’auront jamais les moyens de manger bio et de construire un refuge high-tech. Ainsi, « l’épreuve du feu indiquera ce que vaut l’œuvre de chacun », comme l’avait annoncé Paul aux Corinthiens (I, 3, 13). Aussi, celle de la résilience – l’autre nom de la résignation –, de la désespérance. « On ne peut pas faire autrement »… L’esprit occidental, âme néo-européenne, conscience kantienne, qui « vit dans l’angoisse de souiller la splendeur de son intériorité par l’action » (Hegel). La fin de son histoire. La sortie de l’Histoire.
Henri Feng
Crédit photo : Pixabay (cc)
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6 réponses à “« Sobriété énergétique » : vers la guerre civile ?”
Et l’état laisse faire.
Sans consommateurs pas de dealers
Le poisson pourrit par la tête
Toujours ce reflexe manichéen de ce qui est bien et acceptable et à l’opposé le mal absolu ! Les élites dirigeantes et la haute finance mondiale veulent vous indiquer quel doit être votre comportement » éco responsable » et vous culpabilisent si vous n’obéissez pas ! Pass sanitaire, voiture électrique, économie de votre conso énergétique, les méchants mangent de la viande et prennent l’avion, fument, boivent de l’alcool et les plus désespérés ne trouvant plus leur place dans cette société se droguent pour oublier leur détresse. Un seul mot d’ordre: résistez et faites ce qui vous plaît en éteignant votre télé !
que les pauvres mangent moins, ce sera bon pour leur santé l’obésité est un fléau
que les pauvres se chauffent moins, ce sera bon pour leur santé, les amateurs de sauna le savent bien, un bain dans l’eau glacé a toujours été recommandé.
d’ailleurs les factures de chauffage de l’élysée , des préfectures et des ministères montreraient l’exemple, non?
Toute la société ralentit. Inconsciemment ou consciemment chacun se replie dans son chez soi: ne pas dépenser d’essence, ne pas consommer, ne pas risquer de se faire égorger pour un regard, ne pas risquer de communiquer ses pensées hors bien-pensance, ne pas échanger de virus, ne pas se confronter avec les CRS en embuscade pour remplir leur carnet de contraventions en inventant des délits en couple bien rodés..ne pas être propriétaire pour éviter le chantage des mairies au foncier, La camisole qui nous étreint est physique, psychique, sanitaire, culturelle, sociale..Les routes sont désertées, les rues des villes sont vides. C’est ça la start up nation?
Les rues sont pleines de « MNA » et, transition oblige, il en vient toujours plus.
Et que des mâles.
« la Macronie survit en se nourrissant des crises » Tout est dit dans cette petites phrase (merci M. Feng). Quelles soit réelles ou purement fabriqués, les crises sont bien instrumentalisées par un réseau de profiteurs sans scrupules dont font parti nos gouvernants. Il faut leur reconnaitre cette force de communication et de persuasion qui transforme le Français moyen en mouton bêlant, ou pire en délateur ou en petit Savonarole.