Cela faisait plusieurs mois qu’une rumeur circulait avec insistance : le groupe Rocher (marques de cosmétiques et Petit Bateau) se préparait à supprimer environ trois cents postes. Rappelons que le groupe possède des usines à Rieux (production), à Ploërmel (parfums) et à La Gacilly (traitement des commandes, stockage, production, logistique …), ainsi qu’un établissement à Rennes (près de la gare) consacré au marketing. D’où 2 700 emplois en Bretagne, hors intérimaires, en 2019. La direction générale est installée à Issy-les-Moulineaux avec le PDG Bris Rocher, petit-fils du fondateur Yves Rocher.
La direction a abattu ses cartes lors de la dernière réunion du comité social et économique central (CSEC) du groupe, début octobre. Il est maintenant question de « sous-performance » depuis 2020 et d’une « rentabilité historiquement faible, qui l’expose aux turbulences ». Sont particulièrement visés les sites de production de La Gacilly, Ploërmel et Rieux qui affichent « des coûts fixes trop élevés mettant à mal notre compétitivité ». Comme le volume de production a diminué d’un tiers en quatre ans sur le site de Ploërmel (108 salariés), le groupe envisage d’y « limiter l’investissement au strict minimum », voire de transférer une partie de son activité à La Gacilly (Ouest-France, jeudi 13 octobre 2022). Ce qui a forcément des conséquences sur les « ressources humaines ».
Ces informations méritaient des précisions complémentaires ; c’est le député de la circonscription de Ploërmel, Paul Molac (régionaliste), qui s’en charge. « Ce ne sera pas des pertes sèches mais des emplois en moins. Il s’agira de non-remplacements de départs à la retraite ou des gens qui souhaitent partir du groupe plus tôt. Tant que les emplois restent sur la zone et que les salariés ne sont pas des variables d’ajustement. Cependant, je suis inquiet car je connais les difficultés économiques du groupe, mais je sais qu’il y aura des solutions possibles. » « C’est toujours déstabilisant de perdre son emploi, mais le pays de Ploërmel connaît le plein-emploi, environ 5 % de chômage. Il y aura moyen d’accompagner ces personnes. Tout ne va pas être simple mais la conjoncture économique de notre territoire est favorable », poursuit-il (Ouest-France, Morbihan, vendredi 14 octobre 2022). Par conséquent, pas de PSE (plan de sauvegarde de l’emploi), donc pas de licenciement. Mais celles et ceux qui souhaiteront quitter le groupe pour développer un projet seront aidés.
La guerre en Ukraine ne réussit pas à la Bretagne
A la vérité, les difficultés étaient apparues dès 2020, conséquence de la crise engendrée par la Covid. Bris Rocher expliquait alors : « La reprise post-confinement est meilleure que ce que j’avais anticipé. Pour autant, le groupe, pour la première fois de son histoire, va perdre de l’argent cette année, en résultat net » (Ouest-France, mercredi 9 septembre 2020). Une autre difficulté surgit en 2022 : la guerre russo-ukrainienne. Le marché russe représenterait 15 % de son chiffre d’affaires avec 450 boutiques dans plus de 150 villes. En Ukraine, les choses ont été réglées au début du conflit d’une manière radicale : les 92 boutiques ont été fermées mais le groupe assurait avoir mené des actions en soutien : « envoi sécurisé de trois mois de salaire », « augmentations salariales », « paiements anticipés de bonus » … Pour toutes ces raisons, Serge Coyac, délégué central CFDT, pouvait annoncer à l’époque : « on ressent beaucoup d’inquiétude » dans les usines. « Cette guerre aura forcément un impact. De quelle importance ? On ne sait pas », soulignait-il en début d’année (Ouest-France, Bretagne, mardi 8 mars 2022). On connaît maintenant la réponse.
Ce n’est pas la première fois que le groupe Rocher se trouve dans une mauvaise passe. En 1992, alors que les résultats étaient médiocres, Sanofi – à l’époque conglomérat associé dans le capital – avait imposé à Yves Rocher d’abandonner son poste de PDG au profit de son fils aîné Didier. Lequel, en deux ans, remonta la pente et obtint des résultats susceptibles de calmer Jean-François Dehecq, le PDG de Sanofi.
On comprend que Paul Molac s’intéresse au dossier car le groupe Rocher est l’employeur le plus important de sa circonscription. Les employés de l’entreprise sont les électeurs de Molac. On peut compter sur ce dernier pour rassurer les maires et aider au maintien de la paix sociale en faisant en sorte que tout se passe bien. Au second tour des élections législatives de juin, Paul Molac avait été réélu facilement contre la candidate macroniste Rozenn Guégan : 73,43 % (37 678 voix)/26,57 % (13 631 voix). Sa popularité et son poids politique sont donc indiscutables.
Notons que la fortune professionnelle de Bris Rocher et de sa famille atteint 2,3 milliards d’euros en 2022, contre 2,5 milliards d’euros en 2021 (Challenges, 7 juillet 2022)
Bernard Morvan
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Le groupe Rocher diminue la voilure”
pas lu mais il serait peut être bon de TRAVAILLER A L’AVENIR pour réduire les sottises avec un coup c’est l’environnement et bien chez nous une adolescente est une adolescente et obéit a ses parents !!! quoique l’on parle d’interminable adolescence c’est çà le MAL de FRANCE
amities
je ne voit pas votre boutique pres de la gare acces rue de rennes a lancieux