Depuis plusieurs mois, une bonne partie de l’actualité au quotidien est consacrée à la guerre en Ukraine. Beaucoup de débats, de tables rondes, d’interviews d’experts (sur quels critères ces derniers sont-ils recrutés ?) sont entièrement consacrés aux actions sur le terrain, avec leur inévitable communication de guerre, jadis appelée « propagande ».
Le manque d’une vision élargie du champ de bataille
Les opérations militaires, pour spectaculaires qu’elles soient, ne sont que l’un des aspects de ce conflit. De profonds bouleversements de la planète et de son équilibre géopolitique sont en train de se produire, mais ne semblent pas être sujets au même traitement médiatique. Bien sûr, certains événements sont mentionnés dans cette actualité, comme la réunion des pays de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) qui s’est tenue il y a quelques jours en Ouzbékistan, mais sont présentés d’une façon isolée par rapport au contexte général.
Or, cette guerre est probablement la partie visible de ces profonds bouleversements.
Seuls ceux qui, pour beaucoup de raisons, ne se tiennent pas informés de la marche du monde, peuvent croire qu’un matin de février 2022, la Russie, sur un coup de tête de ses dirigeants, dont la santé mentale est remise en question par certains commentateurs, a décidé d’envahir l’Ukraine.
Pour les autres, plus au fait de la géopolitique des trente dernières années,et qui ont suivi l’extension de la zone OTAN en Europe de l’Est, la tension entre la Russie et l’OTAN était montée progressivement. Les événements de 2014 à Kiev avaient encore aggravé ce désaccord. Mais d’autre événements se sont produits plus récemment qui ont joué un rôle important, sinon prépondérant.
La perte d’influence progressive de l’Occident et des Etats-Unis
Durant la guerre froide de l’après-guerre, le monde était divisé en deux blocs et le côté « Occidental » paraissait être le plus puissant. Cependant, cette supériorité reposait sur la présence d’alliés aux côtés des États-Unis. C’était le rôle de l’OTAN de maintenir cette cohésion occidentale.
La disparition de l’Union Soviétique laissait les États-Unis seuls maître du jeu, ouvrant la voie à un monde monopolaire sous l’hégémonie de ces derniers. Le trio États-Unis, OTAN et dollar leur a permis cette domination quasiment sans partage. Comme le disait de Gaulle : « La situation de monopole est la meilleure, surtout pour celui qui le détient... ».
Ces dernières années furent marquées par une politique étrangère américaine de plus en plus belliqueuse et de moins en moins diplomatique. Mais, dans la même période, le reste du monde ne restait pas figé. En 1970, la population occidentale représentait 25% de la population mondiale pour un PIB de 90% du total. Aujourd’hui, les chiffres sont tombés à 12% (Japon compris) et 40% pour le PIB. Cette évolution de la démographie et de l’activité économique est incontournable et influence la géopolitique mondiale.
On ne peut, avec de tels chiffres, imposer un monde monopolaire qui serait dirigé par un pays dont la population ne représente que 4% de la population totale. De plus, peut-on encore parler d’un bloc occidental alors qu’on assiste à une main-mise des États-Unis sur l’Union européenne via l’OTAN, ramenant les membres de cette dernière à l’état de vassaux ?
Tout ceci semble avoir été pris en compte par la Russie. Vladimir Poutine apparaît aujourd’hui comme le seul adversaire réellement offensif de cet Occident, mais est-ce vraiment le cas ?
Vladimir Poutine est-il vraiment si isolé ?
Depuis la fin de non-recevoir manifestée par l’Union européenne à l’encontre de la Russie durant les années 2000, celle-ci s’est tournée vers l’Asie. Après le traité de Shangaï signé en 1996, suivi en 2001 de la création de l’OCS, la Russie devint un partenaire important de l’Asie, d’autant plus qu’elle était « à cheval » sur les deux continents. De son coté, la Chine se montre de plus en plus critique vis à vis de l’hégémonie américaine et cherche à étendre son influence sur toute la zone Pacifique. Le Japon demeure en apparence un indéfectible allié des États-Unis, mais les milieux financiers japonais ont gardé en mémoire l’éclatement de la bulle immobilière de Tokyo provoquée en 1988 par les excédents en dollars nourris par le déficit américain. Pour le moment, le Japon regarde avec crainte l’influence montante de la Chine, ce qui le rapproche des États-Unis, mais pour combien de temps ?
Les autres pays d’Asie semblent avoir franchi le pas, si on regarde la participation à la réunion de l’OCS, au cours de laquelle le dirigeant chinois Xi Jinping a souligné que les dirigeants doivent « travailler ensemble à la promotion d’un ordre international qui aille dans une direction plus juste et rationnelle ».
Mais l’Asie est loin d’être la seule à remettre en cause l’hégémonie américaine. L’Amérique du Sud, ayant trop subi la dictature du dollar et les ingérences américaines, des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Bolivie et le Venezuela regardent avec intérêt ce qui est en train de se passer en Asie.
Côté africain également, où l’influence soviétique s’était partiellement exercée il y a quelques décennies, certains pays semblent de plus en plus réceptifs à ce discours. De plus en plus, le partage entre l’Occident et le reste d’un monde en train de se réunifier autour d’une conception multipolaire dont les nouveaux pôles pourraient être les continents. Cela risque d’être accéléré par un retour à l’isolationnisme américain consécutif à un éventuel retour aux affaires de Donald Trump. Cela peut également d’être très néfaste à une Union européenne qui peine à trouver sa place dans le monde actuel et qui suit tête baissée les directives américaines.
L’effet majeur des sanctions décidées par l’Occident
Il faut reconnaître que, depuis 2015 et la signature des accords de Minsk , ces derniers sont restés lettre morte. Noam Schomski a lui même reconnu que les États-Unis avaient provoqué la Russie et que, s’ils avaient soutenu Volodimir Zelensky afin qu’il applique les accords de Minsk, il n’y aurait pas eu de guerre. Ce qui est sûr, c’est que les deux camps avaient préparé cette guerre et que chacun avait déterminé sa stratégie. L’OTAN et L’Ukraine d’un côté, la Russie de l’autre, avaient déroulé leurs plans. Vladimir Poutine est un joueur d’échecs, et sa stratégie s’en ressent. Il pressentait que les sanctions économiques, déjà en vigueur depuis 2014, allaient se renforcer et il a compris le parti qu’il pourrait en tirer en tant que principal fournisseur de pétrole et de gaz de l’Union Européenne.
Mais il avait aussi joué sur le fait que bien d’autres pays seraient touchés par ces sanctions, bien que restant à priori neutres par rapport à ce conflit. Dés lors, le jeu de Vladimir Poutine consista à mettre ces pays de son côté. L’Occident et en particulier les Européens, auraient dû tenir compte de ces abstentions massives à l’ONU lorsqu’il s’est agi de condamner la Russie. Emmanuel Macron lui-même, aurait dû tirer les enseignements d’un auditoire presque vide lors de son discours.
Au lieu de cela, rien. Aucune réaction. Les sanctions conduisent l’Union européenne vers une pénurie d’énergie, peu importe. Plus grave encore, en interdisant l’accès de la Russie au paiement par SWIFT, on lui fournissait le prétexte parfait pour qu’elle exige des paiements en roubles.
Aujourd’hui, le dollar qui jouissait d’un quasi-monopole pour les échanges internationaux, n’est plus utilisé que pour 50% d’entre eux. Et cela n’est pas sans conséquence pour l’économie américaine. La FED, pour tenter d’enrayer l’inflation, augmente ses taux, ce qui affaiblit l’euro car la BCE, compte-tenu de l’endettement des pays de la zone euro, ne peut pas suivre ces augmentations. Les prix à l’importation de la zone euro augmentent considérablement, ce qui génère plus d’inflation et de perte du pouvoir d’achat. Pourtant, on continue comme si de rien n’était.
Le temps travaille pour la Russie et contre l’Occident
Tout cela, les dirigeants russes le savent. Donc ils n’ont aucune raison de négocier ou de passer à l’offensive. Le statu quo actuel semble leur convenir parfaitement. L’Ukraine n’est que le lieu d’un affrontement dont le cadre dépasse largement ses frontières. Le véritable enjeu est celui du maintien ou de la disparition à terme de l’hégémonie américaine. Dans ce combat de titans, personne ne semble se soucier du sort de l’Europe, dont les clignotants rouges s’allument les uns après les autres. Quelle responsabilité pour nos dirigeants qui auront beaucoup de mal à prétendre « qu’ils ne savaient pas ! »
Jean Goychman
Illustration : DR
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11 réponses à “La guerre médiatique et celle qu’on veut cacher”
Sanctions économiques contre la Russie, et preférences économiques pour l’Ukraine : l’exemple d’un oligarque ukrainien dont les importations de ses poulets en France sont désormais exonérés de droits de douane par Bruxelles. C’est aussi cela la réalité de l’empire américain que les médias nous cachent.
https://m.youtube.com/watch?v=UVdvV9ugKxI
Votre analyse est globalement juste factuellement. Je la complèterai volontiers de la puissance maritime chinoise affirmée, de l’expansionnisme islamique parfois favorisé par des guerres animées par des occidentaux et par la Russie. L’agression russe en Ukraine depuis l’annexion de la Crimée en 2014 a initié un mouvement de déséquilibre profond mondial. De cette crise naitra après de nombreux soubresauts et pour une période de 2 à 5 ans un nouvel équilibre international. Ce qui est certains cependant c’est que la Russie est responsable en droit international et devra en supporter toutes les conséquences. Malheureusement et comme toujours ce sont les peuples qui sont les victimes des ambitions de puissance de quelques dirigeants coupés du réel. Pour les passionnés d’histoire et pour comprendre l’enchainement des guerres de 1870 qui provoqua celle de 1914 qui accoucha de la seconde guerre mondiale je vous invite à analyser les conséquences de la « dépêche d’Ems », une fake-news aux conséquences tragiques pour l’humanité.
L’article américanophobe journalier!
Toute la construction intellectuelle échafaudée par cet article s’effondre devant un constat simple : en attaquant l’Ukraine, Vladimir Poutine a soudain renforcé l’OTAN. Cette organisation quasi en état de « mort cérébrale », comme disait Emmanuel Macron, s’est réactivée en quelques semaines. La Suède et la Finlande, qui refusaient d’y adhérer depuis 1949, l’ont rejointe. Poutine, agent clandestin de l’OTAN ?
Au passage, de quelles « abstentions massives à l’ONU lorsqu’il s’est agi de condamner la Russie » parlez-vous ? Avant-hier, justement, l’assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution condamnant l’annexion de régions de l’Ukraine par 143 voix pour, 5 contre (Russie, Biélorussie, Corée du Nord, Nicaragua et Syrie) et 35 abstentions. Trente-cinq abstentions sur 193 membres (18 %), c’est « massif », ça, quand 143 pays (74 %) ont voté pour ? Ne prenez pas vos désirs de victoire poutinienne pour des réalités !
Cher Pschitt,
La Finlande et la Suède sont membres de facto de l’OTAN depuis qu’elles participent aux manoeuvres militaires.
La seule différence est la protection par l’article 5, mais comme l’exemple de l’Ukraine le montre, l’OTAN intervient même sans celui-ci.
Quant aux abstentions massives, elles concernent les SANCTIONS, seulement approuvées par l’Occident collectif.
Merci, très intéressant
Il faudrait commencer à comprendre ou sont nos intérêts. Rien à foutre de l’Ukraine, c’est un pays à la ramasse, corrompu jusqu’à l’os et qui n’a rien de bon pour nous. De l’autre coté le plus grand pays au monde avec qui nous avons un passé certes chaotique mais réel, qui détient l’arme atomique et qui n’hésitera pas à s’en servir si on lui casse trop les noix. Alors ma question c’est : On continu à soutenir Washington dans la destruction programmée de l’Europe ou on arrête les conneries et on essai de préserver notre civilisation de l’horreur d’une troisième guerre mondiale ? Il est urgentissime que la France sorte de l’OTAN et se déclare neutre dans ce conflit. Mais pour cella il faut virer Macron !
La peur et la soumission n’ont jamais calmé les conquérants, au contraire !
Bonsoir.
Le problème de LEMUR, comme, de toute évidence , une grande partie des Français, transparaît, se dévoile, voire se « BigBangise » à travers le neuvième et dernier mot de sa navrante et pauvre première phrase exprimée au conditionnel et révélatrice de sa malheureuse et clochardisante conception de notre pitoyable « monde ».
Voici, à la volée, quelques substantifs ou qualificatifs associés ou équivalents à l’un des termes les plus abjectes de l’espèce humaine, à savoir le mot « intérêt » (forcément écrit au pluriel) exprimé de façon primaire par l’individu sus-mentionné: Argent, Matériel, Individualisme, Haine, Ego, Mental, Bas-astral, Profit, Dividende, Sombre, Intrigue, Malveillance etc… et j’en passe…!!!
Conseils donc à LEMUR:
-étudier un peu plus en avant la physique afin de comprendre que sa vision du monde ne représente qu’un pour cent (maximum et pour être gentil) de la matière l’entourant, sans parler des forces et dimensions supplémentaires dont respectivement la gravité ainsi que le temps ne pourraient être qu’illusion,
-ouvrir davantage ses canaux médiumniques, lire les Auras (surtout celle de Poutine), apprendre la tolérance, à vivre avec l’autre (les autres) et comprendre la lumière.
Car CELA va arriver.
Et lorsque CELA arrivera…il faut espérer que les enfants (ou futurs enfants de LEMUR) auront intégré certains de ces deux points car cela pourrait mal se passer pour eux.
Intérêt(s) personnel(s) oblige(ent)…………bien sûr.
Conclusion: ce n’est pas forcément Macron qu’il faut virer. Il s’agit surtout de remplacer, tant en quantité qu’en qualité, la capacité de régénération neurologique du peuple Français.
Vive donc la mixité génétique et que s’éloigne la corruption historiquement et systématiquement associée à notre pays.
Yann Perr.Vous êtes un très grand prétentieux, doublé d’un personnage qui se prend pour un être exceptionnel, doué d’une supériorité évidente. Même si Lemur s’exprime le plus simplement du monde, il est compris des simples gens, pas comme vous? Vous n’êtes pas le seul à comprendre l’univers, les atomes , la physique,la chimie, les molécules , ext … Des scientifiques ne partagent pas vos opinions aussi respectables qu’ils soient… Vous écrivez <<apprendre la tolérance ? de qui ? de vous sûrement.. Vous parlez aussi du peuple Français comme des dégénérés?.. Quel mépris, honte à vous de dire cela.. vous êtes véritablement un pauvre type… A.C.
Excellent article de la réalité économique et financière de notre planète inavouable par l’occident. Certains doutent mais la réalité est toute autre. L’espèce humaine se divise avec ceux qui veulent la suprématie en instaurant une monnaie d’opérette sur endettée de près de 230’000 milliards de dettes irremboursable, vivant sur le dos de 75% du monde et ceux qui la subisse en travaillant et produisant de l’énergie pour le dit occident nantis mais ruiné. Sur presque 8 milliards d’être bipèdes en voie d’évolution, 5,8 milliards sont pour la Russie soit directement avec elle soit en abstention ce qui est la même chose. Ce qui fait le vote à l’ONU ce n’est pas temps le nombre de pays subventionnées et sous dictat du dollars et des USA, mais c’est justement voir le % de population qui produit pour le dit occident soit à 85%. Le long et moyen terme financier et commercial pour l’occident, malgré l’organisation de crise financière type 2008, que pour les épidémies de laboratoire virus SARS COV 2 guerre virologique et bactériologiques, dénoncées par les BRICS devant l’ONU, élaborées pour la suprématie des USA, n’y feront rien. Le point de non retour est largement dépassé et inéluctable par le facteur des dettes de l’occident en un gigantesque effondrement. Effondrement qui servira le remaniement sinon c’est bien l 3ème guerre mondiale qui s’activera. ce que souhaiteraient les USA en guerre Asie Pacifique contre la Chine en noyant les dettes. Puis en entraînant ce qui reste de l’Europe mais tous les pays seront pas d’accord bien au contraire devant le danger, la Russie et ses alliés ne reculeront pas. Ce n’est pas la guerre en Ukraine qui va changer cela, les USA possédant déjà 38% du territoire ukrainien payé en armement depuis 2014 tout en initialisant un conflit, beau business d’ailleurs. C’est pour cette raison que les USA balancent 76 milliards de paiement en garanties d’état virtuelle alimentant de fait la masse monétaire du dollars afin de solder les comptes. La Russie et ses alliés ne feront pas marche arrière, leur réserves financières autant que des matières premières 50% des réserves mondiales font qu’ ils veulent faire cesser cette hégémonie de suprématie de cotation des matières premières en dollars. Ils ne reculeront pas car ils ont la main d’oeuvre, la productivité et les matières premières surtout les terres rares en Chine et Russie essentielles aux circuits électroniques. Ces valeurs viennent à diminuer de 30% en productivité et 60% en énergies, vous le voyez actuellement, ce sont des déconfitures, de l’inflation et la révolution avec des dettes exponentielles irremboursables. Même si les bourses vont bien en ayant baissé de 30%, se sont des rêves et des illusions, c’est surfait et irréel les cotations sont 40% au dessus de la réalité, qui ne correspond à rien de concret, du vent dans le vent. Si l’Arabie a demandé son adhésion aux BRICS, plus 5 autres pays et pas des moindre, c’est bien que l’effondrement est proche du dénouement soit 5 fois la faillite de 2008. 5 grandes banques américaines le prévoit encore cette année et attention donc aux renversements de situation. En 2008 j’ai vu des banquiers ou responsables de fond de placement raser les murs et d’autres monter dans des cardio mobiles. Ce qu’il a de bien sur cette planète c’est qu’il se passe toujours quelque chose, sinon on s’ennuirait en attendant les martiens.