Ah on sait s’amuser en Arabie Saoudite ! Chaque année, « le ministère du divertissement » de ce pays placé sous la loi islamique a organisé le traditionnel « concours international dédié à la mémorisation et à la psalmodie du coran ». Eh oui ça existe ! Car savoir réciter le coran par cœur est une sorte d’obligation islamique. Il y a même des peuples non-arabophones qui apprennent ce truc sans rien comprendre au film ! Et pour les peuples arabophones c’est à peine mieux sachant que leur arabe populaire est aussi éloigné de l’arabe coranique que le français l’est du latin. En Algérie, quand la loi sur l’arabisation de la société a été votée en 1990, elle fut rédigée en… français ! Et la légende dit qu’il fallut une nuit pour trouver un traducteur compétent pour la tourner en arabe classique, langue que, de toute façon, personne ne comprend vraiment.
Dans tous les pays arabes, des personnalités militent pour l’adoption de la langue populaire comme langue officielle (sans parler des langues berbères) et l’abandon du mythe de l’arabe classique, ciment de la « grande nation arabe » chimérique. Hélas, les élites (francophones ou anglophones pour la plupart) freinent des quatre fers à bourricots ! Mélange d’orgueil national, de peur panique de froisser les islamistes et de connerie congénitale. Tu m’étonnes que rien ne marche dans ces pays ! En Algérie par exemple, les décrets, lois et compagnie sont rédigés dans une langue où personne n’y comprend que pouic. Un peu comme si la France, l’Italie, la Catalogne, l’Espagne, le Portugal et la Roumanie avaient institué le latin de Cicéron comme seule langue officielle et que Robert le maçon de Saint-Quentin devait se démerder pour lire les dossiers de marchés publics en latin !
Complètement con !
Mais revenons à notre concours. Le premier prix est de 3,2 millions de dollars. Peut-être pourraient-ils consacrer la même somme au meilleur mathématicien, mais bref, ça ne me regarde pas. Cette année, la grande sensation de ce télé-crochet retransmis en direct à la télé fut le jeune Younes Gharbi, un Marocain… aveugle ! Son truc à lui a été d’écouter toute sa jeune vie le coran en boucle, de le mémoriser par cœur puis d’aller faire le perroquet dans tous les dancings du quartier. Le vaillant champion est donc arrivé en demi-finale du noble concours avant de se faire jarter.
Visiblement, le Gilbert Montagné du coran a « subjugué » les spécialistes barbus avec sa voix « envoûtante ». En 2012, le génie était venu à Puteaux conduire la prière dans une mosquée, en 2014, il était à Villeneuve la Garenne. Car ce monsieur a fait profession de « psalmodieur de Coran ». Et il est demandé partout dans le monde arabe, Ile-de-France compris.
En 1998, Florence Aubenas parlait dans Libé de l’Algérie comme d’un pays schizophrène en matière linguistique. L’arabe littéraire étant langue officielle en étant… la moins parlée des langues ! Le constat vaut pour tout un tas d’autres pays, ne parlons pas des pays d’Afrique Noire, genre le Nigéria, où l’anglais de la Reine, langue officielle fédérale, n’est connu et utilisé que par un nombre infime de personnes, l’immense majorité utilisant un pidgin ou les langues africaines locales.
A part le Maroc (et encore!) et la Tunisie, ces pays n’ont aucune unité nationale (l’Algérie va-t-elle survivre à la poussée kabyle par exemple ?) et n’ont même pas été foutus capables d’obtenir leur indépendance linguistique. Et quand ils veulent arabiser le pays, ils choisissent donc de délaisser la langue du peuple pour instituer une langue bien étrangère au pékin du bled.
Raisin sur le loukoum : Là où certains pays européens ou asiatiques favorisent l’excellence universitaire et scientifique, l’argent des Arabes passe dans des concours idiots pour réciter un bouquin incompris par 10% de la population.
Comment voulez-vous que la flotte arrive aux robinets de l’Afrique et du Moyen-Orient avec de telles priorités ?
Anne-Sophie Hamon
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2 réponses à “Profession : psalmodieur de Coran [L’Agora]”
« Comparaison n’est pas raison », certes, mais il faut savoir que saint Dominique (de Guzman) connaissait par coeur l’Evangile de saint Matthieu. Ce qui montre une grande capacité de mémorisation. Et aujourd’hui?
Je ne suis pas d’accord avec vous chère Madame: pendant que les conciliaires défaisaient l’unité de l’église en bannissant l’usage du latin, et que les Frères la grattouille essayaient (sans succès grâce à Dieu) de développer à la place l’espéranto comme langue du monde d’après, la Ligue arabe a réussi au XX siècle à faire une unité autour du Coran et de l’arabe moderne, compris en tous cas dans tous les journaux écrits et televisés ! Cette langue que vous ne connaissez apparemment pas est magnifique et extrêmement précise et indéformable, grâce à un fonctionnement des mots par racine verbale. Elle tire l’oumma par le haut comme le latin tirait l’église par le haut avant d’être torpillé. Ce n’est pas choquant qu’une langue morte soit celle de l’éternité … et protège les peuples contre les dérives linguistiques et idéologiques du siècle .