Malgré une loi interdisant sa vente aux mineurs depuis 2021, le protoxyde d’azote est consommé par de plus en plus de jeunes de l’Hexagone. Avec des conséquences sanitaires à la clé, tout en faisant les affaires des réseaux criminels.
Protoxyde d’azote : un « gaz hilarant » prisé par les jeunes Français
En ces temps de nihilisme généralisé, la consommation de protoxyde d’azote, utilisé comme « gaz hilarant », se répand parmi les jeunes générations en France.
À l’origine, ce protoxyde d’azote (N2O) est destiné à un usage professionnel en tant que médicament anesthésiant et antidouleur. Toutefois, ce gaz est également prisé pour ses effets psychoactifs courts, plongeant son consommateur dans un état d’euphorie durant trois à quatre minutes après avoir inhalé le produit, généralement par l’intermédiaire de ballons de baudruche gonflés par des capsules ou des bonbonnes.
Facilement trouvable dans les supermarchés et les épiceries (car servant par ailleurs comme gaz propulseur pour siphon à chantilly), le protoxyde d’azote aurait déjà été testé au moins une fois par plus d’un quart des étudiants et 5 à 6 % des élèves de troisième (deux fois plus souvent par les garçons que les filles) selon les chiffres de l’enquête EnCLASS de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) réalisée en 2021.
Depuis environ un an, sa vente a été interdite aux mineurs. Mais ce « gaz hilarant » reste facilement trouvable sur Snapchat ou sur Internet, où des cartouches sont accessibles au prix de 20 à 25 €. Aussi, autant dire que cette interdiction n’a pas permis d’endiguer sa consommation dans les soirées.
Des risques pour la santé largement sous-estimés
Quant aux conséquences sur la santé du protoxyde d’azote, l’enquête EnCLASS a rapporté qu’un signalement sur 10 aux centres antipoison (CAP) et aux centres chargés de l’addictovigilance (CEIP-A) concernait un mineur. Par ailleurs, depuis 2019, le nombre de cas évalués par les CEIP-A a été multiplié par 10.
Plus inquiétant encore, ceux mentionnant des complications neurologiques graves ont triplé entre 2020 et 2021 (atteintes de la moelle épinière ou des nerfs). Les sollicitations sur le site internet drogues-info-service.fr ont été multipliées par 10 en 4 ans.
Car si le protoxyde d’azote est recherché pour ses effets euphorisants, le résultat obtenu peut s’avérer bien moins drôle. Avec, à la clé, de nombreux risques tels l’asphyxie par manque d’oxygène, la perte de connaissance, la brûlure par le froid du gaz expulsé, la désorientation, les vertiges, chutes voire accidents en cas de conduite.
Par ailleurs, les conséquences peuvent s’avérer être encore plus désastreuses et parfois irréversibles lorsque l’individu consomme ce gaz hilarant à plusieurs reprises à intervalles rapprochées et/ou à fortes doses. Une dépendance pourra alors être observée, ainsi que des atteintes neurologiques et neuromusculaires. À signaler également des troubles psychiatriques, des atteintes cardiaques et des troubles de la fertilité.
Le protoxyde d’azote fait les affaires des trafiquants
Enfin, pour ne rien arranger, les services de santé publique mettent en garde les consommateurs de protoxyde d’azote sur la majoration des risques causés par ce dernier lorsqu’il est associé à d’autres substances psychoactives, en particulier l’alcool, les poppers, le cannabis ou des psychostimulants.
Compte tenu de la hausse de la consommation de ce « gaz hilarant » (et des signalements pour complications y étant associés) par une partie des jeunes Français au cours des dernières années, plusieurs campagnes de sensibilisation et prévention ont été mises en place par les autorités sanitaires françaises. Au plan législatif, la loi du 1er juin 2021 « tendant à prévenir les usages dangereux du protoxyde d’azote » a ainsi permis d’interdire la vente de celui-ci aux mineurs. Tout en prévoyant une amende de 15 000 € visant à punir « le fait de provoquer un mineur à faire usage détourné d’un produit de consommation courante pour en obtenir des effets psychoactifs. ».
Concernant les majeurs, la vente de protoxyde d’azote leur est également interdite dans les bars, discothèques, débits de boisson temporaires (foires, fêtes publiques, etc.) et dans les bureaux de tabac.
À noter en dernier lieu que, à l’instar d’autres drogues, les réseaux criminels ont d’ores et déjà repéré le potentiel caractère lucratif d’un trafic de « gaz hilarant ». Ainsi, de grosses saisies de protoxyde d’azote en provenance des Pays-Bas et de Belgique ont été réalisées par la police française récemment. À partir d’une bouteille d’un litre de protoxyde d’azote coûtant environ 25 €, il est possible de fabriquer ensuite jusqu’à 400 ballons de baudruche remplis de « gaz hilarant », lesquels peuvent être revendus entre 5 et 10 euros l’unité aux consommateurs. Pour l’instant, si le protoxyde d’azote est classé comme substance vénéneuse, il ne figure pas parmi la liste des stupéfiants.
Crédit photo : capture MILDECA (photo d’illustration)
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Une réponse à “Santé. Le protoxyde d’azote attire toujours plus de jeunes Français… et de trafiquants”
B I vous ne dites plus rien sur le covid ?
https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/virginie-joron-contrats-de-vaccins-anti-covid-UE-enquete-parquet