Russie, OTAN, Union Européenne serpillère…Un autre point de vue sur la guerre en Ukraine [L’Agora]

Depuis le début de la guerre en Ukraine et de l’invasion russe, j’avais pris le soin de ne pas l’évoquer, même si d’autres s’en sont largement chargés sur Breizh-info.com et que la rédaction a tenté de permettre aux lecteurs d’avoir des points de vue multiples sur ce qui se passe à quelques heures de vol de la Bretagne, en plein coeur de l’Europe.

Néanmoins, avec les nouvelles frappes aériennes massives perpétrées par l’armée de Russie lundi 10 octobre, mais également parce qu’en Occident, les observateurs semblent avoir totalement perdu la raison, il convient de faire plusieurs observations et de poser des questions qui me semblent importantes.

• Pourquoi les dirigeants Occidentaux qui aujourd’hui sanctionnent la Russie lourdement (au détriment des intérêts des populations européens asphyxiées par l’explosion des coûts de l’énergie, de certaines matières premières, mais aussi de l’alimentation) n’ont rien dit à l’époque du conflit avec la Géorgie ? Pourquoi est-ce qu’ils ferment dans le même temps totalement les yeux sur la guerre menée par l’Azerbaïdjan à l’Arménie, tout en passant des accords avec le régime de Bakou ? Pourquoi ont-ils fermé les yeux lorsque l’OTAN bombardait la Serbie elle aussi pourtant toute aussi souveraine que l’Ukraine aux yeux du droit international ?
• Pourquoi, depuis la révolution de Maïdan en 2014, là encore, pas un seul focus sur les affrontements (8 années de guerre) au Dombass, et dans les territoires contrôlés par les séparatistes ? Une guerre, une tentation séparatiste, serait-elle moins « juste » ou moins estimable que les autres ?
• Pourquoi  la Russie, qui prétend aujourd’hui « libérer », ces régions séparatistes (en réalité les annexer), a-t-elle attendu 8 années, laissant y mourir des milliers de civils, mais aussi de soldats ayant mené pendant toutes ces années, seuls contre l’armée ukrainienne, une défense acharnée de leurs territoires ?
• Pourquoi M. Zelensky est-il devenu du jour au lendemain – fabriqué par le monde mainstream encore une fois – à la géopolitique mondiale, ce que Greta Thunberg est à la question écologique, c’est à dire une sorte de gourou intouchable, incritiquable, y compris lorsqu’il appelle lui aussi à mener une guerre totale (donc à tuer de nombreuses personnes) ?

Voici des questions géopolitiques pour lesquelles il est aujourd’hui impossible d’avoir la moindre réponse, le moindre débat serein.

La seule soupe qui est actuellement servie, sur les réseaux sociaux occidentaux comme dans les médias, et du côté de la classe politique, c’est que Vladimir Poutine serait le nouvel Hitler, le super méchant de l’Histoire, et qu’il faut donc en finir avec lui. La propagande bat son plein, exactement comme dans le camp d’en face qui décrit l’Ukraine comme un pays peuplé « d’ukro-nazis » pour reprendre le terme à la mode là bas. On remarquera d’ailleurs cette sacro-sainte reductio ad hitlerum pratiquée dans les deux camps, cette obsession pour la Seconde guerre mondiale, le camp occidental qualifiant volontiers de « Munichois » ou de « collabos » ceux qui éventuellement s’interrogent sur les finalités d’une guerre qui va mettre nos économies et  nos peuples à genoux.

Vladimir Poutine entend présenter la « Sainte » Russie comme étant la terre de résistance au monde unipolaire souhaité par l’OTAN. Dans les faits, la Russie est elle même un vaste ensemble cosmopolite, multi confessionnel, multi-ethnique, et ayant y compris en son sein instauré une politique de surveillance de sa propre population au même titre que le fait la Chine, au même titre que le font les puissances occidentales via les GAFA notamment, mais aussi via leurs juridictions respectives. Le nombre d’assassinats, de règlements de compte, d’arrestations de dissidents politiques en Russie, et cela depuis des années, devrait pourtant convaincre quiconque a encore un brin de jugeote à ne pas épouser aveuglément la propagande du Kremlin.

Le monde occidental lui, entend se présenter comme le « camp du bien », contre l’axe du mal. Le président Biden présenté à nouveau les USA et leurs alliés comme ceux qui sont les tributaires de la paix dans le monde : il faut pourtant être un idiot pour ne pas vouloir se rappeler que récemment, l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, et plus proche de nous, la Serbie, sont devenus des tombeaux pour tous ceux qui s’opposaient à l’hégémonie Otanienne sur cette planète. Pourtant, à grands renforts de propagande là encore, nos dirigeants parviennent de façon fascinante – cela doit être la même chose côté russe d’ailleurs – à faire croire à leurs peuples que tout cela, c’est pour leur bien et pour leurs libertés, mais aussi pour sauver les Ukrainiens (peuple dont à peu près toute la planète se foutait totalement avant le mois de février 2022, d’autant plus lorsqu’il était question de rappeler à ceux qui se revendiquent communistes encore aujourd’hui en Occident, que l’Holodomor était la conséquence de leur idéologie mortifère).

Est-il possible d’avoir une analyse et surtout des attentes moins binaires face à une situation qui pourrait, demain, tous nous entrainer dans un chaos que personne ne peut souhaiter ?

Qui s’enrichit grâce à la guerre en Ukraine ? Quelques spéculateurs. Des marchands d’armes. Les Etats-Unis. Les alliés asiatiques de la Russie. Pas les Européens.

Est-ce que la petite caste qui dirige actuellement l’Union Européenne et tous les responsables des institutions satellites proches de l’OTAN souffrent, sont dans la misère, sont en situation de précarité et de pauvreté ? Est-ce que Madame Von der Leyen veut votre bien ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

Est-ce que notre niveau de vie baisse considérablement depuis quelques mois en Europe de l’Ouest ? Oui.

Est-ce que l’insécurité, économique, sociale, ethnique, culturelle, augmente depuis des années en Europe de l’Ouest ? Oui.

Est-ce que Vladimir Poutine, Erdogan, Kim Jong II, ou le président à venir du Burkina Faso, sont responsables de notre appauvrissement et de notre tiers mondisation ? Non, assurément pas.

Je n’ai aucun avis (ni aucune prise à vrai dire) sur la guerre en Ukraine.

Je pense que les combattants ukrainiens (les vrais, pas ceux qui pianotent derrière des claviers ou qui font se prendre en photo sur le front, sans pudeur, comme BHL)  sont éminemment respectables car ils défendent leurs terres, et n’ont aucunement l’intention de céder à ce qu’ils considèrent comme un envahisseur. Je pense par ailleurs que Zelensky et une partie des dirigeants de l’Union Européenne, mais aussi des tenants d’un certain ordre mondial, sont parfaitement satisfaits de voir la fine fleur de la jeunesse ukrainienne, pas trop « gender compatible » ni « United color of Benetton compatible », se faire massacrer en première ligne pendant qu’ils mangent des petits fours dans leurs canapés, bien au chaud. Je regarde avec admiration tous ceux qui, encore une fois sur le terrain, apportent une aide concrète, humanitaire, médicale, logistique, là aussi parfois en mettant leur peau au bout de leurs idées comme tous ces occidentaux qui sont engagés dans ce conflit sans le moindre statut officiel.

Je pense que les combattants séparatistes, à l’Est de l’Ukraine, contre l’armée ukrainienne, sont tout autant respectables. Ils se battent eux aussi pour leurs terres. Si vous suivez le blog du breton Erwan Castel, qui est sur le front et qui sait, malgré tout, garder la tête froide et lucide dans ses analyses depuis 2014, vous ne pourrez que souscrire à cette pensée.

Je regarde avec sidération la presse occidentale s’émouvoir et s’indigner (à raison) lorsqu’un missile frappe à côté d’un parc pour enfants à Kiev, tout en faisant silence sur les bombardements Ukrainiens qui tuent des civils à Donetsk. Tout en ayant fermé les yeux sur les exécutions récentes de soldats Arméniens d’une balle dans la tête par des soldats d’Azerbaïdjan. Tout en ne rappelant jamais que les Etats-Unis d’Amérique, et l’OTAN, frappèrent volontairement l’hôpital de Belgrade (entre autres indignations sélectives….)

Il semble évident que ni l’OTAN, ni la Russie, n’ont la moindre légitimité pour entreprendre quoi que ce soit sur la terre d’Ukraine.

L’OTAN et les USA ont toujours regardé d’un bon oeil l’Europe se déchirer et se diviser (pour mieux régner ?). Et il se trouve encore des imbéciles à croire qu’ils nous veulent du bien. Le seul président des Etats-Unis n’ayant déclaré la guerre à personne durant sa mandature s’appelle Donald Trump (il vient de réitérer un appel à une paix rapide en Ukraine), et le système en place a tout fait pour (avec succès) l’évincer ou le faire évincer sous des aspects « démocratiques ». Les Etats-Unis sont le pays qui a semé le plus la mort, le chaos, la destruction dans le monde entier depuis qu’ils existent. Ils ne veulent pas notre bien, c’est une certitude.

La Russie, anciennement Union Soviétique, a maintenu sous son joug féroce et pendant des décennies des peuples qui ne voulait plus vivre avec elle. Elle en subit aujourd’hui encore les conséquences, la chute de l’URSS étant encore relativement fraiche et surtout, les actuels cadres de la Fédération de Russie ayant tous été, de près comme de loin, formés mentalement par l’idéologie communiste, soviétique. Comment peut-on sérieusement blâmer les Polonais, les Hongrois, les Géorgiens, les Baltes, et tous ceux qui ont payé lourdement, et pendant des décennies, le prix du sang infligé par les communistes, de vouloir aujourd’hui leur tourner définitivement le dos ?

Et au milieu…l’Union Européenne. Sa petite caste dirigeante inféodée aux impérialistes Yankee, prête à brader l’intégralité de notre continent. Mais aussi ses souverainistes dont certains semblent prêts à épouser l’impérialisme russe sans condition, sans regard sur ce qui s’y passe réellement, et qui voudraient enlever à l’Ukraine son aspiration a, elle aussi, être une nation souveraine.

A nouveau, la sagesse devrait pourtant nous conduire, nous, c’est à dire ceux qui refusons la grille de lecture imposée par l’Occident à sa propre population, à exiger de nos dirigeants (puisque nous n’avons prise ni sur la Russie, ni sur les USA) qu’ils ne nous entrainent pas dans le chaos, ni pour les beaux yeux de l’Ukraine, ni pour ceux de la Russie, ni pour ceux des Etats-Unis. Et qu’ils fassent tout pour que demain, la paix soit de retour en Ukraine et en Europe. Selon les conditions que le rapport de force permettra. Selon la volonté des populations qui composent l’Ukraine également.

Il est grand temps d’en finir avec les impérialismes étrangers sur notre continent.

Ni Trust, ni Soviet, l’Europe aux Européens !

Julien Dir

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