Parfois les statistiques, froides données mathématiques, rendent difficilement compte de la réalité, comme certains avertissements peuvent rester lettre morte, sans qu’on s’y intéresse vraiment. Il en va ainsi en Italie où depuis des décennies les Cassandre souverainistes mettent en garde contre l’absence de politique énergétique, dénonçant la totale dépendance de l’étranger en la matière, une dépendance parmi les plus importantes au monde.
« Sujets d’intellos », « blablas de politiciens » dont le commun des mortels dans sa grande majorité se contrefout. Jusqu’à ce qu’il reçoive ses factures. Et là, tout le blabla sur la souveraineté de la nation prend du sens, et les sujets d’intellos se matérialisent.
Petit exemple “parlant” – les prix à payer étant plus éclairants des statistiques journalistiques – la récente facture de fourniture de gaz relative au mois d’août 2022, reçue par la communauté de San Patrignano, une communauté de réhabilitation thérapeutique des toxicomanes : 730.000 euros. Une hérésie si l’on compare le montant à celui de l’année précédente qui s’élevait à 70.000 euros pour la même période. Vous avez bien lu : dix fois plus. De quoi rendre concret le concept de crise énergétique.
Un appel national aux dons a été lancé, mais les classes moyennes qui devront faire face, elles aussi, aux augmentations drastiques dans tous les domaines, auront-elles la possibilité de donner encore ? Rien n’est moins sûr.
Les conséquences sont celles auxquelles on s’attend : la communauté, qui depuis plus de 40 ans offre une aide gratuite aux jeunes souffrant de problèmes de dépendances aux drogues, à l’alcool et au jeu, risque de fermer ses portes. Une communauté qui vante un taux de 72% de désintoxications réussies, qui a accueilli 26.000 enfants et jeunes adultes, depuis sa création risque de ne plus pouvoir œuvrer, laissant à leur triste sort les 1.000 mineurs actuellement en cure, ainsi que la totalité des 225 volontaires et collaborateurs.
Mais il y a plus encore, car cela mettra aussi un terme à l’action de prévention que mène la communauté de San Patrignano dans les écoles.
Un dommage incalculable, à l’heure où la consommation de drogue et d’alcool croit parmi les jeunes, cette génération ayant subi de plein fouet les mesures folles de l’état d’urgence sanitaire mis en place par les autorités italiennes, et dont on ne mesure pas encore les effets délétères.
Fournir des statiques à ce sujet est un exercice délicat et peu éclairant tant les moyens d’accès aux drogues ont évolué et sont difficilement traçables, la génération numérique n’ayant aucun problème à se fournir sur le dark web. Le rapport européen sur les drogues 2022 est sans ambage : “le message à retenir de l’analyse des tendances en matière de drogues en 2022 peut se résumer en quelques mots: «Partout, tout, tout le monde.” Avec les confinements, les modes d’administration ont également changé, la consommation “festive” ayant été substituée par une consommation en solitaire. L’âge moyen a baissé : on se drogue toujours plus tôt. Et les drogues synthétiques font une rentrée fracassante : en moyenne une nouvelle par… semaine.
L’étendue des politiques de sanctions à la Russie menées par l’Union Européenne sont encore difficilement évaluables. Un but marqué contre son propre camp, dont les répercutions seront dévastatrices pour tout le corps social, dans tous les domaines.
Audrey D’Aguanno
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