Le vent mauvais apporte généralement son lot de balayures « en même temps » que les premières feuilles rôties par la canicule. Je viens de lire « Le mage du Kremlin » et vous auriez tort de l’éviter. A propos, voilà que le nouveau Tsar imite nos jacobins enragés, ceux de 1793…
1) Il envoie ses généraux en première ligne comme le faisait la Convention, sauf que ces nouveaux Marceau ne sont pas très frais — qu’attendre d’un vieillard blanchi sous le knout sinon qu’il meure ?
2) Il a d’abord raflé les exogènes des pentes du Caucase et du Daguestan, des steppes de l’Ingouchie, de la terre des Nemets plutôt que les jeunes et les moins jeunes de Moscou ou de « Peter » ou encore de Iékaterinebourg, la ville où fut massacrée la famille de Nicolas II.
3) Il a enfin décidé de réunir d’urgence « 300 000 appelés »… Un chiffre qui fut une des causes de la formation de notre Vendée !
L’imitation, ça ne sert à rien. Cette « levée en masse » n’a rien à voir avec celle (la nôtre) de 1793.
Lorsque s’annonça, le 24 février 1793, la levée de 300 000 jeunes gens destinés à renforcer les armées de la République, la tempête s’éleva dans nos régions. Le contingent à fournir par le département de Loire-Inférieure était de 7 327 pour une population de 431 000 habitants. Là- dessus, il convenait de retirer 3 134 marins « classés » et 500 enrôlés… « La population du district de Machecoul étant de 31 613 âmes, le contingent à fournir était de 539 dont il fallait déduire 174 marins « classés » et 55 soldats en bataillon, ce qui réduisait à 310 le nombre de citoyens appelés »… Ainsi parle le savant Alfred Lallié après qu’il a lu le Registre du Directoire du Département, f° 21, séance du 2 mars 1793.
Alors Machecoul vécut quelques semaines sous un régime de… « gilets jaunes » : la preuve, comme l’écrit Alfred Lallié, ce qui frappe dans l’insurrection du pays de Retz « c’est le mouvement sans règle, sans frein, sans but, des masses populaires, qui se figurent que les départements et les districts (les arrondissements) ont la toute puissance, et qui espèrent avoir raison de ces autorités en se ruant sur elles ». C’est ainsi que se forma une foule de paysans, d’artisans, de marins-pêcheurs, de cabaretiers, de gens qui s’en prirent aux « messieurs », c’est-à-dire aux curés assermentés, aux professeurs de collège, aux administrateurs de la nouvelle société, et qui, soudain, inondèrent les rues de Machecoul… avec un certain René Souchu. C’est en ce temps, aussi, que parut « le chevalier » François-Athanase Charette de La Contrie, « lieutenant de vaisseau », à la tête « d’un détachement de quatre-vingts hommes de La Garnache ».
Le samedi 9 mars, une pétition de la municipalité parvint à Nantes faisant état de la crainte d’une « insurrection prochaine ». Les autorités décidèrent d’envoyer sur place un membre important du directoire départemental, le citoyen Louis Maupassant. Le lundi 11, face au flot des manifestants, la municipalité délègua la personnalité la plus en vue de la région, précisément ledit Maupassant, qui commença par haranguer les révoltés. Un front de gendarmes et d’une centaine de gardes nationaux s’était formé, qui se dispersa aussi vite. Ne restait sur place qu’un tout petit groupe de républicains : deux officiers, Fleury commandant et Musset capitaine, trois gardes nationaux et Maupassant. La compagnie du lieutenant Ferré, au nombre de trente hommes, en fuite dans une proche ruelle, tomba sur cinq cents révoltés en embuscade. Ferré y fut tué et trois gardes avec lui. Les autres revinrent sur leurs pas et s’affalèrent devant Maupassant. La foule hurlante s’en prit alors au représentant du département et le jeta à bas de son cheval. Ce fut le début d’un massacre qui devait durer plusieurs semaines, par intermittence. Maupassant fut tué d’un coup de pique ainsi que Simonis, lieutenant de gendarmerie, et Fleury, de la garde nationale. Ensuite ce fut le tour du curé constitutionnel Pierre Letort, du juge de paix Paynot et du principal du collège, Etienne Gaschignard…
Pendant ce temps, Nicolas-Michel Boullemer, accusateur public au tribunal de Machecoul, après avoir rejoint Souchu et son comité, s’est caché « dans une ratelière, entre les briques et le lattis », au grenier, chez la veuve du greffier du tribunal qui a été exécuté. Il est ravitaillé et renseigné chaque jour par une trappe. Il restera cloîtré quarante-deux jours — jusqu’au retour de la République et racontera ce qu’il n’a fait que percevoir par l’ouïe, exagérant le nombre des morts, ajoutant des détails atroces, comme l’émasculation du curé Letort par les « prétendues mégères vendéennes » ou la perversion de la populace exigeant de la fille Gaschignard qu’elle désigne son père. Ce n’est pas le meilleur témoin, mais les détails, rapportés par ceux qui le nourrissaient, sont plausibles en apparence pour la plupart. Il faudra attendre Alfred Lallié, pour que les éléments accumulés par cet historien de circonstances fassent leurs preuves contre les exagérations partisanes. En fait, il y eut « vingt-six assommés le 11 mars, dix-huit le 12, et cinq ou six gardes nationaux tués dans la première rixe (A. Lallié) ».
MORASSE
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5 réponses à “Réminiscence…”
La comparaison avec sa situation russe me semble un brin improbable!
Je pense que l’Etat Français n’a pas de leçon à donner aux Russes, un peu de repentance serait nécessaire au vu de l’histoire, surtout la période révolutionnaire
et la guerre 14 /18, ou bon nombre de nos citoyens sont morts.
Etant entendu que Vladimir Poutine est le méchant ogre, deux petites remarques: il a convoqué des réservistes et non pas des appelés/ Ses généraux sont vers l’avant suivant la doctrine militaire russe, faut bosser le sujet.
« Rien à voir avec les Gilets Jaunes « :dès le 12 mars, le Comité Royal présidé par Souchu envoie une déclaration aux « autorités » qui est un manifeste politique (par ex. Dupuy, De la révolution à la Chouannerie, Flammarion, 1988 p.278). Massacres: à Pornic; 200 révoltés quelque peu avinés sont massacrés par la garde nationale le 23 mars. Mais c’est toujours Machecoul que brandit toujours la république.
Pensez plutôt à écouter Xavier Moreau sur stratpol
Merci. Quand jugerons nous le communisme? Son Nuremberg est indispensable pour analyser le caractère intrinsèquement pervers de ce système de pensée qui a conduit à des massacres de millions de personnes qui voulaient vivre en paix. Nos partis communisants sont complices de ces assassinats à grande échelle !