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A la rencontre du rappeur corse ACP (Rispondi) : « Sans identité, l’homme n’est rien » [Interview]

En cette fin septembre vient de paraitre un album de rap intitulé « Rispondi », répondre en corse, réalisé par le rappeur ACP (voir sa page Facebook et instagram https://www.instagram.com/rapucorsuacp/) de son vrai nom Anthoni Conti. Un rap engagé au service du peuple corse, très loin des clichés véhiculés parfois par ce type de musique.

ACP a grandi entre Aix en Provence/Marseille et la Corse est le premier rappeur bilingue français et Corse. Il bénéficie d’un engagement grandissant en Corse et sur le continent (Plus d’un million de vues sur sa chaîne Youtube ACP Rap).

Il avait réalisé par le passé son premier album, « Chjama », très remarqué et apprécié sur l’île de beauté. Un album professionnel, dépassé dans la réalisation par le second, qui devrait cartonner, en Corse comme dans l’hexagone.

Titre phare du premier album , le morceau Pastore (clip réalisé par ACP) totalise plus de 300 000 vues sur Youtube.

Composé de 15 titres dont 1 bonus , l’artiste Corse nous démontre que les deux ans ayant séparé Rispondi du premier album Chjama lui ont servi à aiguiser ses lyrics pour nous revenir avec un rap encore plus tranchant et percutant. L’album est fait de la dualité entre rap Corse conscient, trap et rap plus commercial.

La sortie du nouvel album coïncidera avec la sortie du clip Populu, dont voici le lien ci-dessous, un clip engagé, déclaration d’amour pour sa terre :

Pour commander ses albums, cela se passe ici

Et pour le reste, nous avons pu discuter avec ACP qui a répondu à nos questions.

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

ACP : je m’appelle Anthoni, rappeur corse, alias ACP. Je fais du rap en langue corse et en langue française

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené au RAP ? Le rap est une musique urbaine, issu des ghettos noirs américains. Aujourd’hui en France, on retrouve grosso modo le même profil sociologique et ethnique, avec la passion pour les armes, les grosses bagnoles, la drogue, les bimbos…pas vraiment votre univers du Corse que vous êtes si ? Pourquoi avoir choisi ce style musical ? Quelles sont vos influences ?

ACP : La passion déjà. Ensuite, c’est tout ce qu’on peut utiliser dans le rap pour véhiculer certains choses et passer des messages. Oui, le rap vient des afro-américains. Au départ pour le côté festif puis pour faire passer des messages. On le retrouve aujourd’hui dans tous les pays du monde, dans toutes les cultures. Il est vrai que la plupart du temps on retrouve le profil que vous décrivez, mais moi je ne suis pas dans cet univers, même si j’ai passé une partie de mon enfance dans les quartiers.

Mon univers, c’est plutôt celui de véhiculer des bons messages, tout en montrant qu’il faut se battre pour son identité, ses convictions, même si ce n’est pas facile de le faire. Nous ne devons pas oublier qui nous sommes.

Le rap est la musique la plus écoutée par la jeunesse, la plus percutante aussi donc forcément, c’est celle où l’on peut retranscrire le maximum de messages et toucher le plus de monde, c’est pour ça que j’ai choisi ce style musical.

Mes influences vont de la musique corse traditionnelle, de chansons classiques corses, de la variété française des années 60-80, de la funk, de la disco, mais aussi du rap et de ses fondateurs, français et américains. Une influence multiple donc.

Breizh-info.com : Vous avez décidé de chanter en langue corse ainsi qu’en français. Quelle est votre langue maternelle et pourquoi ce choix ?

ACP : Oui je fais du rap en Corse et en français. Le français est la langue de ma mère, le Corse celle de mon père. Cela a un côté profond, que j’ai dans les gènes depuis petit. Je voulais valoriser notre langue, notre culture. C’était la meilleure chose à faire que de rapper et de chanter en langue corse.

Breizh-info.com : Parlez nous de votre second album, Rispondi, qui sort en cette fin septembre. A qui avez vous souhaité répondre ? Peut-on qualifier votre rap de « rap conscient » ?

ACP : Rispondi signifie répondre. Je souhaitais répondre à cette société, à ceux qui font du rap aujourd’hui. Mais aussi à la population insulaire, qui se comporte parfois de manière erronée. Il y avait des réponses à apporter sur un certain nombre de sujets, y compris au Gouvernement, aux institutions. Il y a encore du travail et beaucoup de chose à leur dire.

Je ne dirai pas que mon rap est un rap conscient. Il est teinté de plusieurs styles de rap selon les titres. En profondeur, les textes sont assez conscients, mais on peut y retrouver aussi du commercial. On y retrouve une profondeur et une réalité que l’on peut vivre tous les jours.

Breizh-info.com : Vous sortez fin septembre le clip Populu, hommage à la nation Corse, pouvez-vous nous en parler ? On voit dans le clip un clin d’oeil aux nationalistes corses.

ACP : Ce clip est un hommage à la Corse, à notre peuple, à nos ancêtres par rapport à toutes ces constructions, ce savoir qu’ils avaient acquis et mis en pratique (et qui se perd aujourd’hui comme dans beaucoup de régions). Le texte est fort, pour la reconnaissance du peuple corse. On essaie de montrer qu’on est toujours là. Pour moi ce clip est une réelle réussite. Il est somptueux. J’en suis très satisfait et fier, sans fausse pudeur. Je remercie tous les gens qui comprendront la démarche, et qui comprennent qui nous sommes et ce que nous devons garder.

Dans le clip on aperçoit la photo de Pierre Alessandri, d’Alain Ferrandi , et d’Yvan Colonna. C’est un clin d’oeil pour ces personnes que j’estime être des monuments de la lutte corse. Tout n’a pas été parfait, mais ce sont des gens qui se sont battus, qui croyaient à leur terre et qui aujourd’hui en paient le prix cher. Leur famille de même. C’était important de leur donner de la fierté, de les mettre en valeur dans ce clip, en adéquation je pense avec leurs convictions.

Breizh-info.com : Vous vous revendiquez ouvertement nationaliste corse. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Comment avez vous vécu le meurtre d’Yvan Colonna ?

ACP : Je dirai que d’un côté, oui, je me revendique nationaliste corse. Mais de l’autre, je suis surtout quelqu’un qui se revendique identitaire. Je suis pour que chacun puisse garder son identité, sa culture, sa langue. Je veux me battre avec mes outils, pour garder l’honneur de ma terre, ma langue, ma culture. Après, nationaliste corse, ça veut tout et rien dire. Certains ont le titre de nationaliste corse mais vont à l’inverse de ce qui serait bon pour notre terre. C’est compliqué d’utiliser ce mot. Je veux que chaque peuple garde sa culture et son identité, tout en la partageant et en s’intégrant selon où nous sommes.

Concernant Yvan Colonna, on le vit mal. Quand on voit qu’une personne a pris 20 ans et qu’elle se retrouve assassinée en prison, je pense que c’est un coup de poignard dans le dos, un assassinat politique qui profite à l’Etat français. On le vit mal pour la Corse, pour la lutte corse, pour la famille forcément car des gens qui ne sont pas responsables, subissent les conséquences de tout cela. Ils ont accompagné un père, un fils, durant toute l’incarcération. Et aujourd’hui voir que cette personne doit être libérée et qu’elle se retrouve assassinée, on ne peut que mal vivre cette situation.

Breizh-info.com : En quoi est-il fondamental selon vous, à l’heure de la mondialisation, non seulement d’apprendre, de parler et de transmettre sa langue, mais aussi de la chanter et de la défendre coûte que coûte ?

ACP : Il est fondamental de garder sa langue, sa culture, ses convictions. Sans identité, l’homme n’est rien. On est en train de créer aujourd’hui une nouvelle identité mondiale qui ne correspond pas à l’Humanité. Ce n’est pas possible. On n’a pas tous la même histoire, la même langue, mais on a les mêmes gènes, le même sang. On reste tous des hommes et des femmes, mais il est important de préserver son identité, la transmettre, pour le futur, et de la partager avec d’autres personnes. Sans identité, l’homme est perdu. Trop de gens se cherchent aujourd’hui, ne se trouvent pas, justement à cause de cette perte de repères identitaires.

Breizh-info.com : Un message en langue corse pour les Bretons qui vous découvriraient ?

Semu cugini di lotta , lotteremu inseme per l’identità , Evviva u populu Corsu ! Evviva u populu Bretone!

Nous sommes cousins de lutte, luttons ensemble pour l’identité , Vive le peuple Corse ! Vive le peuple Breton!

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “A la rencontre du rappeur corse ACP (Rispondi) : « Sans identité, l’homme n’est rien » [Interview]”

  1. patphil dit :

    pour preuve: cat stevens le chanteur anglais s’est fait appelé youssouf et cassius clay est devenu mohamed ali, pourquoi? sinon pour affirmer que le sens de la vie réside dans quelques petits mots

  2. Dominique dit :

    Cat Stevens est devenu musulman… Leurs petits mots sont alkah ouakbar ?

    Quant au rap  » indentitaire  » faut il en rire ou en pleurer ? Le RIF rock identitaire français était d’ un autre calibre.

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