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Sommaire du n°153 (septembre 2022)
Actualité
Burkina Faso : la menace d’un génocide des Peul
Dossier : La question de l’Etat
– L’ethnie et l’Etat
– Typologie des guerres africaines
Débat :
– Crémieux et Lavigerie versus Lyautey : universalistes contre ethno-différentialiste
– Lyautey, un iconoclaste lucide
Editorial de Bernard Lugan :
Si la colonisation appartient à un passé révolu, donc au domaine de l’Histoire, ses terribles conséquences, dont l’immigration, et le changement de nature de nos sociétés conditionnent non pas seulement notre futur, mais plus encore notre survie.
Face à la déferlante humaine venue majoritairement de nos anciennes colonies et qui fait que la France est aujourd’hui devenue « la colonie de ses colonies », la solution préconisée par la « gauche » aussi bien que par la « droite », est très exactement celle qui échoua hier au sud de la Méditerranée quand nous y étions présents : l’assimilation-intégration.
Est-il donc possible d’être plus oublieux des leçons de l’histoire ? D’ailleurs, jusqu’à quel niveau peut-on imaginer pouvoir intégrer ou assimiler sans perdre sa propre substance, sans subir une mortelle acculturation ?
Dans ce numéro de l’Afrique Réelle, je publie un document peu connu. Daté du 1er décembre 1870, au lendemain donc de la défaite française face à la Prusse, il fut écrit de la main de Mgr Lavigerie à l’intention d’Isaac Crémieux, alors en charge des affaires algériennes. Le prélat y fait cause commune avec le farouche républicain laïc qu’était Crémieux car tous deux voulaient l’Algérie française. Les deux hommes se trouvèrent donc naturellement alliés pour détruire les Bureaux arabes, cette élite de l’armée française qui avait réussi la pacification de l’Algérie avec peu de moyens, pratiquant la politique du prestige et du respect, à l’image de ce que, à l’inspiration de Lyautey, feront plus tard au Maroc, les Affaires Indigènes.
Or, Mgr Lavigerie et Crémieux considéraient que les Bureaux arabes étaient un obstacle à la colonisation terrienne, protecteurs qu’ils étaient de l’indigène contre la rapacité d’un certain colonat affamé de terre. Crémieux dénonçait en plus leur peu de zèle républicain.
A l’opposé de Mgr Lavigerie et de Crémieux, le modèle colonial proposé par Lyautey reposait sur le réel. Lyautey ne voulait pas changer l’homme, car il n’avait pas pour but de faire croire aux petits Ait Serouchen ou aux petits Ait Adidou que leurs ancêtres étaient les Gaulois. Ils en avaient d’ailleurs d’aussi glorieux et d’aussi anciens. La vision coloniale de Lyautey présentait deux caractéristiques principales :
1) La colonisation n’était pas éternelle car les colonies étaient à la France, mais n’étaient pas pour autant la France.
2) Elle n’impliquait ni assimilation, ni intégration, ces pertes de substance vive pour les uns comme pour les autres. Homme de terrain, il avait observé que les peuples de l’Empire étaient « autres », et que ce qui était bon pour nous ne l’était pas forcément pour eux.
L’histoire a donné raison à Lyautey contre Lavigerie et Crémieux. Quant aux « gaullomaniaques » de droite, ils ont semble-t-il oublié que de Gaulle définissait l’intégration comme « un danger pour les Blancs, une arnaque pour les autres »
Crédit photo : DR
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2 réponses à “L’Afrique réelle n°153 : la question de l’Etat”
Nous ne sommes gouvernés que par des idéologies, dangereuses pour la plupart, et les analyses historiques, intelligentes et humaines n’ont plus cours chez nos politiques.
chacun chez soi ! vieil adage.
qu’on m’explique pourquoi la colonisation nord sud était un crime et qu’aujourd’hui la colonisation sud nord est une chance