Encore de la violence dans les matchs amateurs ; le dimanche 18 septembre dernier, le premier match de la saison de football entre les équipes de Donges FC et de l’Immaculée, le club d’un quartier à l’ouest de Saint-Nazaire – dont l’église au fin clocher est bien visible sur la route Bleue, a dégénéré. Pompiers et policiers ont du intervenir.
L’agresseur traité de « sale arabe » ?
A dix minutes de la fin, alors que l’Immaculée menait 5 à 1, un joueur de l’Immaculée a agressé, frappé à l’oeil et étranglé un joueur de Donges, âgé de 22 ans – ce dernier a perdu brièvement connaissance, avant de reprendre ses esprits et être évacué sur l’hôpital de Saint-Nazaire.
Le pétage de plomb du joueur de l’Immaculée intervenait après un tacle appuyé d’un des joueurs de Donges, suivi d’une altercation entre joueurs des deux clubs. Par ailleurs l’entraineur affirme dans l’Echo de la Presqu’ile que le joueur à l’origine de l’agression, agé de 33 ans, « a réagi suite à des insultes racistes, »sale Arabe, retourne dans ton pays » ». Et l’éducateur de poursuivre : « quand on arrive dans certains stades, on entend des choses terribles, »il y a plein de nègres, ça va courir vite », ou »les arabes sont là, faut ramasser les sacs ».
Culture de l’excuse et victimisation à l’Immaculée ?
D’après l’arbitre, la bagarre a commencé suite à une faute du joueur de l’Immaculée. Un cadre d’un club de foot de la Presqu’ile constate que « à l’Immaculée, il y a un réel problème, surtout avec les jeunes de 16 à 20 ans, mais même avec les autres sections. Le racisme, c’est la culture de l’excuse, ils se victimisent pour se justifier, et ne pas tenir compte des sanctions. En réalité, c’est un club très difficile à jouer, ils sont prêts à tout pour ne pas perdre. C’est finalement le dernier club injouable, car Trignac, les clubs nazairiens, Montoir, Donges etc. ça a changé, il n’y a plus l’ambiance lourde qu’il y avait il y a quelques années, tout a changé. Mais l’Immaculée, c’est compliqué à chaque fois ».
Il n’y a pas qu’à Saint-Nazaire…
Le premier tableau des sanctions de la commission de discipline du district de Loire-Atlantique de la FFF laisse clairement comprendre que la première journée n’a pas été calme partout. Pour le match entre Donges et l’Immaculée – on apprend au passage qu’il s’agit de la 3e équipe à Donges et la seconde à l’Immaculée – les joueurs concernés sont suspendus jusqu’à réception du rapport et à la décision de l’instance. Il y a aussi visiblement d’autres accrochages violents, puisque des suspensions sont prononcées contre des joueurs U15 de Saint-Sébastien sur Loire et U14 du Pornic Foot.
On trouve encore 13 joueurs de divers clubs qui récoltent un match de suspension ferme, un joueur de l’Etoile du Cens – club du nord de Nantes qui s’est déjà fait remarquer dans des violences pendant ou en marge des matchs – qui a été condamné à six matchs de suspension, et un autre du club de la Janvraie – à l’ouest de Nantes, près de Bellevue – à la même peine, en départemental 3.
Des joueurs et des arbitres suspendus pour violence par le district de Loire-Atlantique la saison passée
Le rapport moral de la saison 2021-22 du district de Loire-Atlantique de la FFF, qui fait partie des pièces publiées en prévision de l’Assemblée générale le 1er octobre prochain, fait état pour cette saison de 9231 dossiers traités en 66 réunions par la commission de discipline – dont évidemment un nombre écrasant de cartons jaunes (8481), mais aussi 553 cartons rouges (8% de moins que l’année précédente), 92 sanctions de dirigeants (10 de moins que l’année précédente), 105 sanctions aux joueurs hors cartons (une quinzaine en moins par rapport à la saison passée) et 46 sanctions clubs (45 l’an passé).
Plusieurs dossiers lourds ont porté sur des fraudes au niveau de la feuille de match – un arbitre assistant et un dirigeant ont ainsi été suspendus 1 an de toute fonction officielle dans un de ces dossiers, quatre autres dirigeants suspendus de fonctions officielles cinq mois pour fraude, un joueur suspendu trois mois pour avoir produit à plusieurs reprises un faux document.
Du côté des affaires de violence, un arbitre assistant a été suspendu 8 ans de toute fonction officielle pour « actes de brutalité sur un joueur, en dehors de la rencontre ». Ce qui revient à l’éloigner durablement des terrains. Un joueur qui a brutalisé un spectateur au point de l’envoyer à l’hôpital a été suspendu deux ans ferme. Un dirigeant de club qui a brutalisé et injurié celui du club adverse pendant une rencontre a été suspendu 25 mois de toute fonction officielle.
«La commission de discipline déplore le nombre conséquent de violences physiques, et/ou verbales, et de comportements intimidants, qu’ils soient le fait de joueurs, de spectateurs identifiés licenciés [autrement dit qui font aussi partie de clubs, et jouent au foot], de dirigeants et même d’arbitres ainsi que des « attitudes inconvenantes voire des comportements intimidants de la part des dirigeants/animateurs adultes envers des arbitres jeunes ». Deux dirigeants ont été suspendus 4 et 7 mois pour avoir intimidé et menacé l’arbitre, plus jeune qu’eux, dans ce contexte.
Un certain nombre de suspensions sont listées, dont celle d’un joueur qui a bousculé, menacé, injurié l’arbitre et des joueurs adverses lors d’un match (deux ans ferme), un autre joueur qui a brutalisé, injurié, menacé arbitres, dirigeants et joueurs adverses pendant et après le match (15 mois ferme), une spectatrice licenciée identifiée qui a injurié un arbitre (six mois ferme), un autre spectateur identifié licencié qui a tenu des propos racistes envers un arbitre (idem), et même celle d’un arbitre pendant quinze mois « pour propos déplacés pendant la rencontre et comportement déplacé et intimidant en dehors du cadre de la rencontre ».
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