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Deux partis « socialiste » pour le prix d’un

En personne avisée, Johanna Rolland (PS), maire de Nantes et directrice de campagne de Anne Hidalgo, avait déclaré à la fin 2021 : « On a six mois de campagne. On ne va pas céder à la précipitation. Ce qui nous intéresse, c’est la ligne d’arrivée » (Le Monde, 21 octobre 2021). La « ligne d’arrivée » fut certainement à la hauteur de ses espérances : un score national de 1,74 % pour Anne Hidalgo et un score nantais de 2,56 % (3 727 voix) pour cette dernière. Notons que dans la cité des ducs de Bretagne, à ce premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon avait fait la course en tête avec 33,03 % des suffrages exprimés (48 161 voix). Ce brillant résultat a rendu Mme Rolland prudente – même si, en juin, elle avait soutenu les candidats de la Nupes – , si bien qu’elle s’exprime le moins possible dans le différend qui oppose, au sein du Parti socialiste nantais, les partisans de la Nupes et ceux qui défendent « l’autre gauche » ; c’est la guerre. Il faut commencer avec Stéphane Le Foll (PS), maire du Mans, qui pose la bonne question : « Qu’est-ce qu’on a fait idéologiquement en termes de réflexion politique depuis 2017 ? On n’a jamais eu le débat sur les enjeux, la ligne politique choisie » (Le Monde, dimanche 7-lundi 8 juillet 2019)

Secrétaire national à l’Europe au sein de la direction nationale du Parti socialiste – donc salarié de la maison PS, donc porte-serviette d’Olivier Faure -, le nantais Christophe Clergeau accepte de manger son chapeau : « Oui, nous acceptons de déroger transitoirement à certaines règles européennes dans le respect de l’Etat de droit. Oui, c’est parfois nécessaire. Dois-je vous rappeler que la France n’a jamais, jamais, respecté le pacte de stabilité ? Nos électeurs nous demandent une action plus volontariste ». Comme il convient de rassurer la clientèle de gauche, le « Monsieur Europe » du PS, l’un des négociateurs de l’accord avec LFI, se défend de vouloir « détruire la construction européenne » (Le Monde, samedi 7 mai 2022). Non, la gauche n’a pas « abandonné » la France des sous-préfectures qui bascule RN, veut croire Clergeau. « Elle a un socle, la question, c’est comment être majoritaire ; ce n’est pas d’opposer, mais de faire des additions. Il y a des réservoirs dans les zones urbaines puisque l’abstention y est encore très élevée, et il y a des territoires entiers pris par le RN plus que par la Nupes, avec un enjeu de reconquête… » (Le Monde, mardi 2 août 2022). Donc, si on comprend bien, la Nupes c’est une affaire d’arithmétique, on additionne des clientèles électorales et on gagne les élections… En campagne à Brest, Olivier Faure avait été plus précis : « La logique est qu’on aille chercher à chaque fois des candidatures qui correspondent au paysage local, ville par ville » (Le Télégramme, Brest, vendredi 8 avril 2022). Par conséquent, en s’y mettant à quatre (PCF, LFI, EELV, PS), on doit arriver à trouver le candidat possédant le bon profil et capable de « rassembler ».

Bolo se fâche et gueule

Pascal Bolo (PS) est le type même du socialo à l’ancienne, adjoint aux finances et à la sécurité à Nantes, vice-président de la Métropole, conseiller départemental. Il est peut-être entré dans la maison de Léon Blum à l’époque Mitterrand ; il a donc connu un PS triomphant, dominateur, clé de voûte de la gauche. Rien à voir avec les ruines d’aujourd’hui, même si le Parti socialiste conserve quelques poches importantes en Bretagne, dans des villes (Brest, Nantes, Rennes) qui correspondent à une sociologie « nouvelles classes moyennes » et classes supérieures surreprésentées. Donc Bolo n’est pas content. Et il le fait savoir par le canal des réseaux sociaux. Il qualifie La Nupes d’« alternative mortifère » et se paie Clergeau : « Hé, c’est ta gauche, ça ? Franchement tu n’as pas honte ? Pour un poste de secrétaire national du PS ? Quelle dérision ». Bolo explique volontiers sa position : « Je n’ai pas de problème avec la diversité des convictions, ni avec les Insoumis, même si j’ai des désaccords importants. Ce qui me met en colère, c’est que les dirigeants de mon parti se soumettent à LFI ». Il peut même se tromper lorsqu’il affirme que la Nupes « n’est qu’un accord électoral, qui ne survivra pas au-delà de quinze jours après les élections » (Presse Océan, vendredi10 juin 2022). En septembre, l’attelage de Jean-Luc Mélenchon continue à exister, même si certains ruent dans les brancards.

Pendant ce temps, confrontée à des divisions au sein de sa majorité au conseil municipal, Johanna Rolland navigue à vue. Ainsi, elle n’a pas signé le manifeste de Bernard Cazeneuve défendant une « autre gauche » », une gauche sociale-démocrate « qui rompe avec l’outrance et le sectarisme, mais qui demeure ardente dans le refus des inégalités, des injustices et des discriminations, dans la défense des valeurs de la République » (Le Journal du dimanche, 4 septembre 2022). Evidemment, Bolo a signé : « Ce manifeste est aujourd’hui la seule initiative qui permette d’échapper à l’alternative mortifère pour la gauche : Macron ou Mélenchon. Ni l’un ni l’autre ! » (Ouest-France, Loire-Atlantique lundi 5 septembre 2022). Comme il faut bien dire quelque chose, Mme Rolland souligne « l’impasse [du texte de Cazeneuve] sur la situation des quartiers populaires » et relève « une vision de la nécessaire transformation écologique qui [lui] paraît insuffisante face aux enjeux » (Le Télégramme, Bretagne, lundi 12 septembre 2022). Avec les Dervallières, Malakoff, le Breil, Bellevue… Mme Rolland fait figure de grande spécialiste des « quartiers populaires ». A tel point que lors de l’université PS à Blois (27-28 août), elle est intervenue dans une table ronde consacrée à ces fameux « quartiers populaires » (Presse Océan, samedi 27 août 2022) ; a-t-elle profité de sa forte connaissance du problème pour parler des fusillades, du trafic de drogue, des agressions en tous genre ? Les matériaux ne manquaient pas pour muscler son propos…

La fronde des « éléphants » de Loire-Atlantique

De plus en plus de fissures apparaissent au sein du PS de Loire-Atlantique. Michel Ménard, président du conseil départemental de Loire-Atlantique, est toujours adhérent du Parti socialiste mais hostile à LFI : « La France insoumise a passé son temps à nous insulter… Je ne me soumettrai jamais aux Insoumis. Leur programme n’est pas mon programme. Moi, je condamne Poutine, je soutiens l’Ukraine ; je ne suis pas sur les mêmes bases que LFI sur la laïcité, sur l’Europe. Il y a des lignes incompatibles avec ce que je considère être socialiste » (Presse Océan, lundi 12 septembre 2022). Même son de cloche avec David Samzun, maire de Saint-Nazaire, lui aussi en désaccord avec Olivier Faure et la Nupes. « La France insoumise exerce son diktat sur cette formation qui s’est montée en nuit et pour laquelle on a vendu l’histoire du Parti socialiste », estime-t-il, mais il demeure adhérent « car soit on laisse les clés à ceux qui ont balayé l’histoire de la gauche, soit on combat au sein de ce parti » (Ouest-France, Saint-Nazaire, mercredi 14 septembre 2022).

Réaction de Andy Kerbrat (LFI), député de Nantes centre : « C’est un combat d’arrière-garde, de vieilles rancoeurs de cadres de l’ancien PS. L’accord de la Nupes a été validé par les militants socialistes et le parti ne s’est pas dilué dans LFI. Nous avons remis une gauche sur deux pieds : sociale et écologique. Cette union de la gauche était voulue par les Français. Michel Ménard a trois parlementaires LFI dans le département. Nous sommes prêts à travailler avec lui. » (Presse Océan, mardi 13 septembre 2022).

Tout se jouera lors du congrès prévu dans quatre mois avec l’élection d’un nouveau premier secrétaire du Parti socialiste. « Tout en défendant sa volonté de reconstruire une union de la gauche, mais pas avec LFI, M. Cazeneuve se garde bien de dire quelle suite il compte donner à son texte. Préfigure-t-il un nouveau parti ? Dévoile-t-il des ambitions électorales ? « Je n’ai pas d’enjeu personnel », balaie-t-il, affirmant « détester les combines d’appareil ». Selon plusieurs proches, tout va dépendre des résultats du congrès, si Olivier Faure est reconduit, l’ancien Premier ministre tentera une aventure hors du PS. Si l’ancienne secrétaire d’Etat à la ville Hélène Geoffroy, qui représente les opposants à l’actuelle direction socialiste, l’emporte, M. Cazeneuve oeuvrera en son sein. » (Le Monde, samedi 17 septembre 2022).

Dans deux ans arriveront les élections européennes, aurons-nous deux listes « socialistes » ? Une pour le PS d’Olivier Faure, une seconde pour le « Parti social-démocrate » de Bernard Cazeneuve. Sans oublier les futures élections régionales et municipales. Cette possible division compliquera les choses pour Johanna Rolland – déjà condamnée à composer avec les écologistes à la Ville et à la Métropole – si demain, en plus, elle doit se « farcir » les insoumis. Mais la Nupes aura peut-être cessé d’exister, ce qui arrangerait ses affaires… L’idéal, pour elle, étant de pouvoir monter une liste sans avoir à négocier avec des partenaires qui imposent leurs conditions. L’époque Jean-Marc Ayrault, c’était le bon temps !

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Deux partis « socialiste » pour le prix d’un”

  1. Dominique dit :

    Pour JM Ayrault c’est toujours le bon temps :
    recasé président à la fondation pour la mémoire de l’esclavage, où il cumule son salaire avec les retraites de professeur maire pdt de métropole député ministre et 1er ministre : combien de sous tout ça ?

    Retraites évaluées en 2013 :
    Prof. 2.000 euros par mois
    Conseil gal. 1.500
    Maire. 2.800
    Métropole. 2.500
    Député. 6.700
    Ministre. ?
    1er ministre. ?
    Sté Eco Mixt 1.500
    Total mois 20.000
    par an. 240.000
    Plus voiture avec chauffeur, garde du corps et secrétaire ( avantage en nature évaluable à 10.000 / 15.000 par mois )

    Source :
    http://lequidampost.fr/calculons-ensemble-la-retraite-de-monsieur-jean-marc-ayrault/

    Confirmée par l’évaluation faite par le financier et économiste Charles GAVE :
    https://www.lepoint.fr/economie/l-exorbitante-retraite-d-ayrault-14-01-2014-1780011_28.php

  2. patphil dit :

    se démener pour garder son poste, sa sinécure, voilà le programme

  3. FELGER dit :

    tous ces gauchos à 40 000 30 000 20 000 euros etc par mois qui défendent le peuple smicard ….ils sont tres nombreux et c’est touchant pour tant d’abnégation …. qu’en pensez vous ayrault , poignant , hollande , juppé , benbassa , etc etc …. j’arrete cette liste minuscule au regard de la réalité majuscule puissance 100 000
    ce pays fait vivre des centaines de milliers d’ inutiles prévaricateurs de tous les échelons et enrichi grassement les plus doués d’entre eux

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