Les démissions de Mario Draghi en juillet dernier, marquant la quatrième crise gouvernementale en quatre ans, avaient ouvert la voie à des élections anticipées. Les Italiens se rendront donc aux urnes ce dimanche 25 septembre pour élire les 200 sénateurs et les 400 députés qui composent le parlement.
Notons que ce renoncement n’a rien d’honorable. Mario Draghi n’a pas abandonné le navire parce qu’il pense ne plus jouir du soutien de son équipage, mais parce qu’il sait que le navire est en passe de se fracasser sur les rochers : l’image résume assez bien la situation vers laquelle se dirige l’Italie. Un sentiment qui est ici très vif, les citoyens ramassant les pots cassés de la gestion catastrophique de la pandémie ajoutée aux conséquences des sanctions russes. Dans un pays qui n’a jamais développé de politique énergétique, la crise est subie de plein fouet.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2021-2022, les factures de gaz et d’énergie électrique ont enregistré une augmentation de 92,7 %. On estime, qu’en 2023, si rien n’est fait, elles dépasseront le montant de 5 000 euros par famille. Une inflation historique dans tous les secteurs, qui s’abat en premier lieu sur les entreprises : +1230 % d’augmentations cumulées pour le secteur du bâtiment qui emploie plus d’1,4 millions de personnes. 8.000 entreprises sont à risque, pendant que les artisans et les petits commerces ferment leur porte.
La crise migratoire a repris une cadence frénétique, dans le silence des médias le plus complet. Le commun des mortels, lui, fait les frais de cette immigration incontrôlée, l’été ayant été marqué par plusieurs agressions spectaculaires, comme à Peschiera del Garda ou des centaines de jeunes d’origine étrangère se sont donnés rendez-vous et ont attaqué les vacanciers, pointant “les Blancs” ou plutôt “les Blanches”, comme l’ont-ils eux-mêmes précisé.
Le contexte est donc particulièrement grave. Malgré les préoccupations sus mentionnées, cette campagne électorale éclair, mobilise peu tant le sentiment que les décisions se prennent ailleurs, loin des institutions italiennes, est fort. Les thèmes de la campagne se focalisent sur la situation internationale, qui certes est chargée, mais dont les Italiens se sentent exclus par nature.
La délégitimation des partis politiques s’est accrue avec la normalisation du Mouvement 5 étoiles, et la fulgurance de son adhésion au système : une trahison pour ses électeurs qui s’y étaient ralliés justement pour ses positions antisystèmes. Raison pour laquelle il a perdu à peu près toutes les élections depuis son ascension au pouvoir en 2018. Depuis cette date, 100 de ses représentants ont quitté le parti, en majorité pour suivre des ambitions personnelles. Si l’ex-premier ministre Giuseppe Conte, de par sa prestance, séduit encore, les promesses ont failli aux yeux de tous.
À gauche…. c’est la misère : la coalition de centre-gauche, conduite par le Partito Democratico est sans aucun parti pris, le néant. En une décennie, ce dernier a gouverné bien huit ans. Huit années à l’enseigne du désastre sur tous les fronts. Il est donc électoralement rentable de ne parler de rien, de ne pas faire de remous, d’éviter tous les sujets. On se contente sortir la vieille vaisselle : faire montre d’un européisme forcené, jurer éternelle fidélité à la doctrine libérale, et rappeler que la crise migratoire n’est que joie et avantages. Elle ne serait d’ailleurs pas une crise, mais un phénomène inéluctable bénéfique où le migrant est perçu comme “l‘avant garde d’un style de vie qui sera bientôt le nôtre”. À des kilomètres du débats des idées, on se limite de contrer l’adversaire sur ses présumées accointances étrangères (tous les autres partis seraient financés occultement pas la Russie), on dépoussière le disque rayé du péril fasciste que représenterait un accès au pouvoir du parti Fratelli d’Italia. S’il le PD est en chute libre, il se confirme néanmoins comme un vieux parti “installé”, enraciné dans l’engrenage institutionnel et bureaucratique et sait encore convaincre la génération du baby-boom.
Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, est actuellement le premier parti du pays. Son refus de participer aux différents gouvernements qui se sont succédés depuis 2018, se maintenant dans une opposition ferme, a su convaincre un Italien sur 4. Une campagne lancée à la recherche de respectabilité, changeant l’étiquette du parti de souverainiste à celle de conservateur, se ralliant à l’européisme et renforçant ses positions atlantistes, semble payer, FdI ayant enregistré une augmentation de 5 points depuis juin. Mais à quel prix ? Certainement pas celui de la cohérence.
Le dernier sondage avant les élections annonce une victoire de la coalition de droite menée par Fratelli d’Italia, allié à la Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi. Ils comptabiliseraient 46,6% des intentions de vote, contre 27,2% pour la coalition de gauche, et 14,1% pour le M5S. L’abstention est donnée à 33,4%.
Audrey D’Aguanno
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3 réponses à “Législatives en Italie. Vers une victoire de Fratelli d’Italia moyennant changement de curseur ?”
Le plus important pour l’Italie serait de se debarraser definitivement de Mario Draghi, il est tres proche de Von der La » Hyene » et de Maron sur le controle de l’Europe par les americains !!
Je cite l’article : » l’avant garde d’un style de vie qui sera bientôt le nôtre » traduction : Le style afrique avec agressions, corruption, insécurité et pauvreté pour tous ….enfin presque !
on va voir si l’union fait la force