L’année 2022 célèbre le Bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion. Sa connaissance des écritures et des langues anciennes acquise depuis son adolescence et sa persévérance hors du commun lui ont permis en septembre 1822 de parvenir au but de sa vie : déchiffrer le mystère des hiéroglyphes. Dans ses Mémoires d’outre-tombe, François-René de Chateaubriand écrit : « Les langues sacrées ont laissé lire leur vocabulaire perdu ; jusque sur les granits de Mezraïm, Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion. »
Des traces de l’égyptologie existent dans le pays nantais et ont pu guider Champollion dans sa compréhension des écritures
Quelles sont les traces et les influences de l’égyptologie dans le pays nantais, à l’instar des ancrages rhônalpins (en Isère) et occitans (dans le Lot) ? Le travail des frères Champollion, tous deux égyptologues est aujourd’hui largement documenté grâce aux archives départementales de l’Isère. Le Musée Champollion inaugurée en 2021 à Vif, présente la vie et l’œuvre de Jean-François, célèbre déchiffreur des hiéroglyphes, et de son frère aîné JacquesJoseph, également intellectuel de renom. Son neveu, Aimé-Louis Champollion a été aussi maire de la commune de Vif, en Isère.
Par ailleurs, la ville de Figeac, dans le département du Lot, abrite également un autre Musée Champollion – Les Écritures du monde, dans la maison natale de Jean-François Champollion, rendant ainsi hommage à l’enfant du pays. Le graphiste Pierre di Sciullo y a dessiné des hiéroglyphes et autres signes d’écriture du monde entier sur de grandes feuilles de cuivre ajourées. Les collections du musée racontent la fabuleuse aventure des écritures, apparues en différents endroits du monde il y a 5 300 ans pour les plus anciennes. Du Mexique à la Chine en passant par la Mésopotamie, des objets inscrits au pinceau, au calame ou à la plume racontent comment l’homme a inventé, adapté ou fait voyager son écriture. L’année 2022 qui célèbre le Bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion, offre l’occasion de redécouvrir un naturaliste, explorateur, et pionnier méconnu de l’égyptologie : Frédéric Cailliaud (1787-1869) alias Mourad Effendi. Son père, Jean Cailliaud a été conseiller municipal de Nantes.
Comment Frédéric Cailliaud (1787-1869) a-t-il influencé l’égyptologie grâce à des influences ligériennes ?
« Un peu de Nil coule dans mes veines… » écrivait Champollion. Un peu de Loire aussi ? L’égyptologie a aussi avancé grâce aux travaux de minéralogistes et en particulier, Frédéric Cailliaud (1787-1869). Sa Carte géologique de la Loire-Inférieure révéla très tôt son intérêt pour les sciences naturelles.
L’estuaire de la Loire a-t-il stimulé sa soif de découvertes vers la vallée du Nil ? Nommé minéralogiste officiel de Méhémet Ali en 1816, il retrouve les anciennes mines d’émeraudes des pharaons à Zabarah près de la mer Rouge. Frédéric Cailliaud copia une foule d’inscriptions, rapporta des monuments de toute sorte, entre autres une momie couverte d’inscriptions hiéroglyphiques avec traduction grecque, qui servit beaucoup aux études de Champollion. En pénétrant en Haute-Nubie, Cailliaud eut la conviction que la religion des Egyptiens dont les dieux sont identifiés à des animaux, a été fortement influencée par l’Ethiopie qui possède une faune et une flore très riches.
Le Muséum d’histoire naturelle de Nantes conserve de nombreux manuscrits (près de 3 000 pages) de Frédéric Cailliaud dont le texte inédit des « Recherches sur les Arts et Métiers et usages de la vie civile et domestique des anciens peuples de l’Egypte, de la Nubie, de l’Ethiopie … », sa correspondance scientifique, des dessins et relevés originaux. De retour en France, il se tournera vers l’histoire naturelle et en particulier sur les mollusques (le taret) qui perforent les coques en bois des navires. Le 18 mars 1826, Frédéric Cailliaud accède au poste de Conservateur adjoint du Muséum d’histoire naturelle de Nantes; il deviendra Conservateur en titre en 1836. Il retrouve sa spécialisation première en minéralogie et conchyobiologie.
Sur proposition de François-René de Chateaubriand, ministre des affaires étrangères, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. À sa mort, il lègue une partie de sa collection au musée archéologique Dobrée de Nantes.
La France possède à Khartoum au Soudan, le Centre culturel français Frédéric-Cailliaud qui propose des manifestations culturelles, des cours d’apprentissage du français et un centre de documentation et de ressources sur la France contemporaine sous l’égide de l’ambassade de France au Soudan.
Kevin Lognoné
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2 réponses à “Bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion. Qui était Frédéric Cailliaud à Nantes ?”
Très intéressant et vite lu, merci.
champolion a appris le copte pour pouvoir déchiffrer les hiéroglyphes, et beaucoup d’imagination, de persévérance, de sueur , un grand bonhomme donc. on ne connait pas les noms de ceux qui ont découvert l’écriture cunéiforme, plus énigmatique aussi