La période de l’Occupation en Bretagne a alimenté nombre d’ouvrages. Il y en eut même un consacré aux deux plus importants quotidiens bretons : « La presse bretonne dans la tourmente – 1940-1946 » par Henri Fréville (Plon, 1979). Ce dernier y traitait du rôle des uns et des autres (en particulier les directeurs et les rédacteurs en chef), des montages financiers et de l’intervention des autorités allemandes dans le fonctionnement de La Dépêche (Brest) et de L’Ouest-Eclair (Rennes). Le récent livre de Georges Cadiou – « La presse bretonne dans la collaboration – 1940-1944 » (Yoran Embanner, juin 2022 – voir son interview ici) – présente le mérite de compléter celui de Fréville en s’intéressant au contenu des deux quotidiens en question. Un véritable travail de bénédictin ! Mais comme toute chose a une fin, le dernier numéro de La Dépêche sort le 31 juillet 1944 et le dernier numéro de L’Ouest-Eclair paraît le 28 juillet 1944. Les Américains sont arrivés. Le premier fut rebaptisé Le Télégramme et le second Ouest-France, ce qui permit de faire tourner les rotatives sans tarder. Le quotidien brestois apparaît chez les marchands de journaux le 18 septembre 1944 et le quotidien rennais le 7 août 1944. «
Souvent les principaux actionnaires étaient les mêmes, assortis d’associations de journalistes incontestablement résistants pour donner le change. Bien sûr les rédactions étaient épurées des éléments les plus compromis (comment faire autrement), mais la vie des journaux reprenait son cours, presque normalement ; l’oubli et le quasi-oubli de certains faits et écrits gênants ne tarderont pas, surtout à l’occasion de la Guerre froide, où l’ennemi, en fait, redevenait l’ennemi de toujours : le communisme », écrit Georges Cadiou. Il ne reste plus à ce dernier qu’à écrire un second tome consacré aux autres quotidiens bretons : Le Phare de la Loire (Nantes) qui devint La Résistance de l’Ouest à la Libération (puis Presse Océan en 1960) et Le Nouvelliste du Morbihan (Lorient) qui se refit une santé en se repeignant en La Liberté du Morbihan. En profiter pour évoquer le cas des hebdomadaires bretons serait une bonne idée.
Bernard Morvan
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4 réponses à “La presse bretonne dans la collaboration (Georges Cadiou) : Un livre qui sort de l’ordinaire”
Belle publicité d’un énième ouvrage sur la Bretagne écrit comme toujours par des journalistes ou des universitaires adeptes du mondialisme et du cosmopolitisme. Souhaitons la même bonté d’âme à l’égard de publications qui dénoncent cette même presse bretonne engagée dans la voie d’une collaboration des plus coupables : celle de la colonisation de peuplement .
Jakez GWILLOU
Tout à fait d’accord avec vous. La presse en général demeure hélas opportuniste et profiteuse. Ouest France, tout comme Ouest éclair, collabore à l’invasion des barbares…
Je me permets de rappeler la réponse de Yann Fouéré au livre du sénateur-maire de Rennes: » L’Histoire du quotidien La Bretagne et les silences d’Henri Fréville » Editions « Les Chahiers de l’Avenir », de Youenn Didro et Yann Fouéré, 1981.
j’oubliais LIBERTE DE LA PRESSE ne veut pas dire que l’on doit imprimer n’importe quoi !!!
de toutes les façons vous ne retiendrez que ce que votre coeur vous dit !!!
AMITIES